Historical Papers
Communications historiques
Volume 20, Number 1, 1985 Montréal 1985
Table of contents (15 articles)
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Gossip in History
Susan Mann Trofimenkoff
pp. 1–10
AbstractEN:
Comment résumer un discours bilingue sur le commérage? What a task! The author dares to suggest that what really goes on at the annual meetings of the CHA is gossip. Que les historiens préfèrent V appeler "le parler boutique" indique leur malaise devant le commérage. And yet gossip, rich in information, evaluation and entertainment is much more descriptive of what historians actually do at the CHA. In order to explain the uneasiness surrounding the word gossip the author traces the origin and changing meanings of the word gossip /commérage. In both French and English the word follows an identical etymological course through history and somewhere around the sixteenth century, the word acquires the modern sense of a chattery woman. The author links this new meaning of the word to a series of other changes, associated with the Scientific Revolution of the same period, the results of which were the subordination of women. Gossip became a language of powerlessness. But it is also a language special to women, revealing a rich oral culture. Without quite knowing it, historians use aspects of that culture in their own work for they are constantly analyzing the changing norms of any given society. The author illustrates the importance of gossip for premodern societies but argues that as many illustrations can be found for the twentieth century, even in Canada. She concludes by suggesting that gossip may be the historian's clue to deciphering what was really going on in Canadian history which, for ease of reference, she divides into three chatty parts. Une histoire du commérage pourrait tout révéler. . ..
FR:
How to write a résumé of a bilingual speech about gossip? La belle affaire! L'auteur a osé suggérer que ce qui se passe véritablement aux réunions de la Société historique du Canada, c'est du commérage. Historians' preference for the word shop-talk to describe their personal communication is an indication of the disdain for gossip. Et pourtant, le commérage, riche en information, évaluation et amusement décrit beau- coup mieux ce que font les historiens lors de leurs congrès annuels. Pour expliquer cet écart, l'auteure retrace les origines et les changements survenus à travers ï histoire du mot commérage I gossip. Les deux, tout en ayant des antécédents linguistiques diffé- rents, ont exactement le même sens et poursuivent le même chemin étymologique à travers les siècles. Au même moment, aux environs du seizième siècle, les deux mots commencent à signifier une femme bavarde et l'auteure lie ce changement à une série d'autres survenus en même temps, qui ont eu pour résultat la subordination des femmes. Le commérage devient le langage des impuissantes. Mais il est aussi un langage particulier aux femmes et révèle une culture orale d'une grande richesse. Sans le savoir, les historiens utilisent cette richesse dans leur propre oeuvre car ils sont toujours à la recherche des normes d'une société donnée, du moment de ses changements et des moyens qu'ils empruntent. L'auteure offre plusieurs illustrations de l'importance du commérage dans les sociétés dites prémodernes mais elle en trouve aussi en plein vingtième siècle canadien. Elle termine en suggérant de prêter l'oreille aux commères du passé pour permettre une meilleure compréhension de ses trois divisions de l'histoire canadienne. A history of gossip might tell it all.
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Factors Affecting Prairie Settlement: A Case Study of Abernethy, Saskatchewan, in the 1880s
Lyle Dick
pp. 11–28
AbstractEN:
Prairie agricultural settlement in the era of the National Policy has often been viewed as an organic process which rewarded the resourceful settlers, while punishing the unsuitable ones. To test this assumption the paper offers a detailed investigation of settlement in two districts in Saskatchewan. The three areas of analysis were the process of land acquisition, the settlers' performance during the homestead "proving- up" period, and long-term economic performance after the receipt of patent.
In terms of land acquisition, both Anglo-Canadian settlers in the Abernethy district and German-speaking settlers at Neudorf chose the available lands nearest the railway. Their selection suggests an initial tendency toward commercial production among both groups. The difference was that Abernethy settlers, who generally arrived in the 1880s, claimed superior lands on the open prairie. While about half of these settlers never "proved-up" their homesteads, those who received their patents showed a fairly high degree of persistence as farmers. A close relationship between the receipt of additional quarter-sections of free grant land and long-term economic success was also observed.
The German settlers at nearby Neudorf, who settled in the ¡890s on more marshy and wooded lands, showed a contrary tendency. These settlers were far less likely to cancel their homestead entries, but tended to leave their farms soon after receiving their patents. Studies of the long-term economic performance of settlers in both dis- tricts provide support for the proposition that early arrival, and the acquisition of good, cheap, accessible land were among the most powerful determinants of success in settlement.
FR:
La colonisation rurale des prairies à l'époque de la National Policy a souvent été perçue comme un processus fondamental pour récompenser les colons débrouillards et pour punir les incompétents. Pour vérifier cette hypothèse, le présent travail étudie
de façon détaillée la colonisation de deux districts de la Saskatchewan. Les trois points d'analyse sont la procedure d'acquisition des terres, la performance des colons durant la période d'essai de l'exploitation agricole, ainsi que le rendement économique à long terme après la réception du titre.
Pour ce qui est de Vacquisition des terres, les colons anglo-canadiens du district d'Abernethy et les colons germanophones de Neudorf choisirent les terres disponibles près de la voie ferrée. Ce choix indique une tendance initiale vers la production commerciale chez ces deux groupes. La différence était que les colons d'Abernethy, qui arrivèrent surtout dans les années 1880, obtinrent les meilleures terres dans la prairie. Alors qu'environ la moitié de ces colons ne remplirent jamais les conditions de cession de leurs terres, ceux qui reçurent leur titre se montrèrent très persistants en tant que fermiers. On a aussi pu constater l'existence d'un lien étroit entre la réception de terrains additionnels gratuits et la réussite économique à long terme.
Les colons allemands qui s'établirent dans les années 1890, près de là à Neudorf, sur des terres marécageuses et boisées, ont manifesté une tendance contraire. Ceux-ci avaient tendance à faire leurs preuves mais à laisser leurs fermes peu de temps après avoir reçu leur titre. Des études sur le rendement économique à long terme des colons dans les deux districts soutiennent i hypothèse selon laquelle l'arrivée précoce et l'acquisition de terres fertiles, peu coûteuses et accessibles étaient de puissants déter- minants de la réussite de ces colons.
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Immigration et santé publique : Lowell, Massachusetts, 1865‑1890
Martin Tétreault
pp. 29–44
AbstractFR:
Le XIX' siècle nord-américain a connu plusieurs maladies à caractère épidémique au nombre desquelles il faut compter la variole. Cette dernière maladie, à cause de son taux élevé de létalilé et la célérité avec laquelle elle se propage, soulève la crainte parmi les populations. Les villes industrielles de la Nouvelle-Angleterre devront de toute nécessité organiser la lutte contre ces fléaux. Nous étudions spécialement le cas d'une ville du Massachusetts: Lowell entre 1865 et 1890. Cette dernière ville a dû faire face à la menace permanente d'apparition de la variole en raison du fait qu'elle était le point de destination de nombreux immigrants canadiens en provenance de régions où sévissait la variole à Vétat endémique.
À Montréal en 1885, la variole prend soudainement les proportions d'une épidémie. Comme cette ville est reliée au nord-est américain par le réseau ferroviaire, le New Hampshire, l'état le plus immédiatement menacé, organisera conjointement avec le U.S. Marine Hospital Service, la protection des états de la Nouvelle-Angleterre.
EN:
During the nineteenth century. North America experienced many epidemics, among them of smallpox. The high mortality rate it caused and the speed with which it spread terrified the populace. Industrial towns in New England were particularly concerned with prevention. This paper looks at one case study, Lowell, Massachusetts between 1865 and 1890. This community was particularly prone to outbreaks of smallpox because it was the destination of many Canadian immigrants who came from regions where the disease was endemic.
In Montreal during 1885, smallpox suddenly reached epidemic proportions. The city's rail connections with the American northeast forced the state of New Hampshire - the area most directly affected - to organize a large-scale prevention campaign with the U.S. Marine Hospital Service for the New England states.
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Carl Dawson and the Research Ideal: The Evolution of a Canadian Sociologist
Marlene Shore
pp. 45–73
AbstractEN:
Carl Dawson's development as a sociologist reflected a general trend in sociology's evolution out of theology and social work. Trained as a minister, Dawson rejected the religious vocation at some point after World War I to become a social scientist. Appointed to McGill in 1922, he strove to establish research as the foundation for understanding society, questioning the efficacy of social reform. His convictions stemmed from his Maritime Baptist background, wartime experience and education at the University of Chicago.
In 1914, Dawson left the Maritime region where he had been born and raised to attend the divinity school of the University of Chicago. In so doing, he was following a well travelled route: poor economic conditions drove numerous people out of the Maritime provinces between 1910 and 1929, and the lack of doctoral programmes in Canada compelled many students to attend American graduate schools. With its strong reputation for research, the University of Chicago was a popular choice. Its divinity school, a Baptist stronghold, was attractive to adherents of that faith. That a number of its faculty members were Canadians also attested to the institutional ties that had long linked Baptists in Canada and the northern United States.
In 1918, Dawson recessed from graduate studies for war service and resumed his studies in 1919 - his interests now sharply turned towards sociology. This shift was partly influenced by the Chicago divinity school's close ties with the sociology department - a result of the historic link between the social gospel and sociology generally - but was also the product of the school's position as a leader in liberal and radical theological doctrine. The modernists within the institution stressed that all studies of society, including religion, must accord with modern empirical methods. That, in addition to their acceptance of the ideas of John Dewey and the Chicago School regarding social development, led some to the conclusion that religion itself was but a form of group behaviour.
In reflecting all those currents of thought, Dawson's Ph.D. thesis, "The Social Nature of Knowledge," hinted at the reasons for his departure from the ministry for a career in social science. Showing that all culture and knowledge, morals and ideals had social origins, Dawson concluded that even fact was not fixed truth but represented the decision of individuals to agree on certain points and issues. This explained why Dawson believed that research - a collection of facts - would aid in understanding society. The thesis was also marked by an opposition to social action, stemming from what Dawson had witnessed during the war and the upheaval which followed, but also, it must be argued, from the antiauthoritarian and antihierarchial strain in the Baptist faith. The fact that Dawson eschewed social action in much the same way as did Harold Innis, another Baptist educated at Chicago, suggests that there exists a tradition in the development of Canadian social science quite different from the one which Brian McKillop has traced in A Disciplined Intelligence, and it was that legacy which Dawson's brand of sociology represented.
FR:
U évolution de Carl Dawson en tant que sociologue reflète une tendance générale dans le développement de la sociologie à partir de la théologie et du travail social. D'abord ministre du culte, Dawson rejette sa vocation religieuse après la Première guerre mondiale pour devenir sociologue. Nommé à l'université McGill en 1922, il s'efforce d'établir la recherche comme base pour comprendre la société, mettant en doute l'efficacité des réformes sociales. Sa conviction provient de ses antécédents, baptiste des provinces Maritimes, V expérience de la guerre et ses études à V université de Chicago.
En 1914, Dawson quitte les maritimes, où il est né et a été éduqué, pour étudier à la Divinity School de l'Université de Chicago. Les conditions économiques forcèrent plusieurs personnes à quitter les provinces Maritimes entre 1910 et 1929, et le manque de programmes au niveau du doctorat au Canada obligea un grand nombre d'étudiants à aller poursuivre leurs études aux Etats-Unis. Grâce à sa bonne réputation, l'Uni- versité de Chicago était un choix populaire. Son école de théologie, une forteresse baptiste, était particulièrement intéressante pour les personnes de cette croyance. Plusieurs membres de la faculté étaient des canadiens, ce qui confirme les liens institutionnels entre les baptiste s du Canada et ceux du nord des États-Unis.
En 1918, Dawson abandonne temporairement ses études pour faire son service militaire. Il retourne aux études en 1919, s'intéressant maintenant plus particu- lièrement à la sociologie. Ce changement de cap a été influencé par les liens étroits entre l'école de théologie et le département de sociologie de l'université de Chicago, résultant du lien historique entre V évangélisme social et la sociologie en général, mais aussi de la position de l'école en tant que chef de file de la doctrine théologique libérale et radicale. Les modernistes de l'institution insistaient sur le fait que toute étude de la société, incluant la religion, devait se conformer aux méthodes empiriques modernes. Ceci, en plus de leur acceptation des idées de John Dewey et de la Chicago School à l'égard du développement social, a amené certains à conclure que la religion n'était elle-même qu'une autre forme de comportement de groupe.
En méditant sur tout ces courants de pensée, la thèse doctorale de Dawson, "The Social Nature of Knowledge", laisse entrevoir les raisons pour lesquelles celui-ci a quitté le culte pour faire carrière en science sociale. En montrant que la culture et la connaissance ainsi que tous les idéaux et toutes les morales avaient des origines sociales, Dawson en arriva à la conclusion que même les faits riétaient pas pure vérité mais résultaient plutôt de la décision de plusieurs personnes de s'entendre sur cer- taines questions. Ceci explique pourquoi Dawson croyait que la recherche, une cueillette de faits, pouvait aider à comprendre la société. Cette thèse était aussi marquée par son opposition à l'action sociale, découlant de ce dont Dawson avait été témoin pendant la guerre et du soulèvement qui s'ensuivit. Cependant, on peut égale- ment soutenir que cette position découlait de la tendance anti-autorité et anti- hiérarchique de la doctrine baptiste. Le fait que Dawson se soit éloigné de l'action sociale comme l'a fait Harold Innis, un autre baptiste ayant étudié à Chicago, laisse croire à l'existence, dans l'évolution des sciences sociales au Canada, d'une tradition bien différente de celle définie par Brian McKillop dans A Disciplined Intelligence. C'est cet héritage que représente l'approche de Dawson face à la sociologie.
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The Juvenile Advocate Society, 1821‑1826: Self-Proclaimed Schoolroom for Upper Canada’s Governing Class
G. Blaine Baker
pp. 74–101
AbstractEN:
The emergence of professions in Upper Canada has yet to be the subject of detailed examination or in-depth comparative analysis. Work so far has tended to be biograph- ical, institutional or functional in orientation. Thus the emergence of a professional consciousness in the colony is even less well-researched than the whole context of professionalization.
A preliminary reconstruction of the self-image of members of the Bar, and their perceptions of such concepts as privilege, destiny and responsibility, is attempted through an examination of the early records of the Juvenile Advocate Society. This organization of law students was active in York (Toronto) roughly between 1821 and 1826. Since legal culture - the rhetoric, concepts and self-perceptions of members of the professional community - both reflects and generates social order, the debates of this society offer a suggestive entrée to an emergent professional consciousness.
The Juvenile Advocate Society offered a unique opportunity for senior members of the Bar to inculcate the values which underlay the colony's legal system to its members. Its participants included senior barristers of varied political persuasions, like William Warren Baldwin and Henry John Boulton. The organization was the first of several ambitious attempts to socialize law students, part of an attempt to replicate and expand their highly valued provincial aristocracy.
As an informal schoolroom for the colony's self-proclaimed elite, the Juvenile Advocate Society aped the structures as well as the values of the provincial adminis- tration. Topics for discussion and the rules of procedure underlined the society's role in teaching law students "proper" values. These extended beyond the traditional realm of politics to include the relationship of culture to the constitution, of private and public spheres of activity, and secular social structures to sacredly ordained order. Whether this training was a passport to authority, status and gentility is uncertain, but the efforts to ensure the continuance of this group of ideas in new generations suggest that members of the elite thought it worth the attempt.
FR:
Le développement des professions libérales dans le Haut-Canada n'a pas encore fait l'objet de recherches approfondies ni d'analyses comparatives. Les études entreprises jusqu'ici ont tendance à être biographiques, institutionnelles ou occupationnelles. Par conséquence, l'histoire du sens d'appartenance à une profession est encore moins développée dans la littérature que le sens acquis au fil des ans par le terme pro- fessionnalisme.
L'auteur tente d'établir une reconstitution préliminaire de i image professionnelle qu'avaient les membres du Barreau haut-canadien, et de découvrir leurs perceptions sur des sujets aussi variés que les privilèges, le sens du devoir et celui de la res- ponsabilité en examinant les archives de la "Juvenile Advocate Society". Ce club des étudiants en droit de York (maintenant Toronto) fut fort actif entre 1821 et 1826 environ. Parce que la culture juridique - la rhétorique, les idées et les perceptions qu'ont les avocats d'eux-mêmes - génère tout autant qu elle reflète l'ordre social, les débats de ce club constituent une source fort intéressante pour saisir l'évolution du sens du professionnalisme des juristes.
Grâce à la "Juvenile Advocate Society" les avocats les plus importants avaient une occasion unique d'inculquer ¡es valeurs fondamentales du système juridique aux nou- veaux membres du Barreau. Ces enseignants comprenaient les membres du Barreau les plus éminents, des personnes aux vues politiques aussi diverses que William Warren Baldwin et Henry John Boulton. La "Juvenile Advocate Society" fut la première tentative de la "Law Society of Upper Canada" de faire partager aux stagiaires en droit un même idéal afin de les préparer à devenir des membres de /' élite de la colonie.
En tant qu'école officieuse des futurs meneurs du peuple, la "Juvenile Advocate Society" reproduisait les lourdes structures internes et la procédure officielle du gouvernement colonial du Haut-Canada. Les sujets de discussion et les règles d'éti- quette dénotaient clairement la volonté de la société d'enseigner aux apprentis-avocats les valeurs quelle considérait comme fondamentales. Ces valeurs comprenaient des éléments plus variés que les simples conceptions politiques et sociales - par exemple, elles pouvaient inclure les relations entre la culture et la constitution, entre les sphères d'activités publiques et privées, ainsi qu'entre la Providence et les structures sociales séculières. Il n'est pas certain que cette formation assurait l'accès au patronnage, à un statut social élevé et à une place dans la haute bourgeoisie, mais les efforts d'inculquer ces conceptions à la jeune génération d'avocats démontrent V importance de ces idées.
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Chambly Mills, 1784‑1815
Françoise Noël
pp. 102–116
AbstractEN:
The study of Gabriel Christie's investments in, and operation of, Chambly Mills in the late eighteenth century provides insight into the role of a small-scale seigneurial enterprise in the rural economy. Despite the sizable investment involved, the flour mill employed only a small number of permanent wage workers, and other cash expen- ditures were minimal. The mill can therefore be seen to have operated within a traditional structure of rural society rather than as a force for change. The mill, however, also depended on artisanal labour and a link between the establishment of the mills and the growth of the village is suggested. Seigneurial investment may have been a major factor in the increasing number of villages in Lower Canada between 1815 and 1831. A need for further study of the role of seigneurial capital in the wider economy is indicated, an area which the focus on centralized and large-scale industries has left virtually unexplored.
FR:
L'étude sur l'investissement et I'exploitation par Gabriel Christie des moulins de Chambly à la fin du 18ème siècle nous éclaire sur le rôle d'une entreprise seigneuriale à petite échelle dans l'économie rurale. Malgré un investissement considérable, le moulin à farine n'employait qu'un petit nombre de travailleurs permanents, et les autres dépenses étaient minimales. On peut donc considérer que le moulin a été exploité en respectant les structures traditionnelles de la société rurale, et qu'il n'a pas servi d'agent de changement. Toutefois, le moulin dépendait aussi du travail des artisans, et on peut croire à l'existence d'un lien entre Vétablissement des moulins et la croissance du village. L'investissement seigneurial a peut-être joué un rôle impor- tant dans l'accroissement du nombre de villages dans le Bas-Canada entre 1815 et 1831. Il serait indiqué d'étudier plus à fond le rôle des investissements des seigneurs dans l'économie en général, cette question ayant été largement délaissée au profit d'études sur les industries centralisées et de grande taille.
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Women and Drink in Edwardian England
David Wright and Cathy Chorniawry
pp. 117–131
AbstractEN:
In Victorian England excessive drinking was seen as almost exclusively a male prob- lem, but around 1900 the issue of female intemperance began to be widely discussed. In the first years of the twentieth century concern about women's drinking habits was voiced by an otherwise disparate group which included temperance workers, eugeni- cists, social reformers, imperialists and members of the medical profession. It is by no means certain that women were in fact using and abusing alcohol to a significantly greater extent than before: the evidence was and remains inconclusive. The Edwardian outcry against female intemperance derived its intensity less from the known dimen- sions of the problem than from the broader concerns of the time. Foremost among these were doubts about Britain's economic and imperial future, fears that her urban-based population was in the process of physical decline, and uncertainties in the face of challenges to traditional nineteenth-century assumptions about the place of women in society.
FR:
En Angleterre durant l'époque victorienne les abus d'alcool semblaient être un pro- blème qu'on attribuait presque exclusivement aux hommes. Par contre, autour des années 1900, i intempérence chez les femmes était un sujet dont on discutait beaucoup. Au début du 20ème siècle, divers groupes tels les Sociétés de tempérance, les eugé- nistes, les réformateurs sociaux, les impérialistes et les médecins s'inquiètent des excès d'alcool chez les femmes. Il n'est pas absolument certain qu'à cette époque les femmes abusaient plus qu'avant des boissons alcooliques: la preuve en était et demeure non concluante. Le tollé Edouardien contre V intempérence des femmes tire son intensité non pas tellement de l'ampleur connue du problème mais plutôt des préoccupations plus générales de l'époque. Parmi celles-ci, les plus importantes étaient les doutes face à l'avenir de l'économie et de Vimpérialisme britanniques, la crainte du déclin phy- sique de sa population urbaine et les incertitudes découlant de la contestation des positions traditionnelles du I9ème siècle quant au rôle de la femme dans la société.
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Urbanisation et éducation : La centralisation scolaire à Montréal au début du XXe siècle
Ruby Heap
pp. 132–155
AbstractFR:
Au tournant du siècle, Montréal est traversée, comme la plupart des grandes villes nord-américaines, par un mouvement réformiste dirigé par la bourgeoisie, dont l'un des principaux objectifs est d'introduire dans l'administration municipale un mode de gestion de type bureaucratique, tel qu'appliqué dans les grandes entreprises. ¡l s'agit, essentiellement, de soumettre le gouvernement municipal aux règles de l'économie, de l'efficacité et de la rationalité grâce à la centralisation des pouvoirs administratifs au sein d'un "bureau de contrôle", organisme non-partisan fonctionnant indépendam- ment du Conseil de Ville qui abrite la "machine politique" génératrice de corruption.
Or les réformistes désirent aussi introduire ce mode de gestion dans le système éducatif. À Montréal, les promoteurs de la centralisation scolaire se confondent ainsi, dans une large mesure, avec les partisans de la réforme municipale, regroupés au sein du Comité des citoyens. En 1909, devant la Commission royale d'enquête sur les écoles catholiques de Montréal, ils revendiqueront la fusion de toutes les commissions sco- laires catholiques de la métropole, faisant valoir les nombreux avantages de cette réforme: uniformisation de la taxe scolaire, administration plus efficace et moins coûteuse, meilleure classification des écoles, établissement d'écoles supérieures accueillant les élèves ayant complété le cours primaire actuel. Les porte-parole du mouvement ouvrier réclament aussi la centralisation, mesure qui permettra, selon eux, d'établir l'uniformité des livres sur l'ensemble du territoire montréalais et de réduire, par le fait même, le coût des manuels scolaires. Les partisans de la centrali- sation se heurtent toutefois à Vopposition de l'ensemble du clergé, qui tient à conserver le cadre paroissial de la commission scolaire, au sein duquel il exerce une influence considérable.
En 1916, le gouvernement libéral de Lomer Gouin vient trancher le débat en adoptant une loi qui donne largement satisfaction aux promoteurs de la centralisation tout en offrant des garanties au clergé montréalais. Celle-ci fusionne la Commission des Écoles catholiques de Montréal avec vingt-trois municipalités scolaires indépen- dantes. Elle confie Vadministration financière de la nouvelle commission scolaire à un bureau central de sept membres, alors que quatre commissions de district adminis- treront les écoles au point de vue pédagogique. Cette réforme aboutit à un nouveau partage des pouvoirs entre clercs et laïcs. La présidence des commissions de district est confiée aux premiers, tandis que les seconds se retrouvent majoritaires au bureau central. De plus, la présidence de la CECM reviendra, en 1919, à un partisan de la centralisation, le juge Eugène Lafontaine, ce qui témoigne de la montée du pouvoir laïc au sein du système scolaire public montréalais au début du XXe siècle.
EN:
During the early years of the twentieth century, Montreal - like many cities all over North America - was seized by a reform movement directed by an activist middle-class group, one of whose objectives was to introduce business methods, such as those developed in the great businesses of the period, to the management of municipalities. Henceforth, municipalities were to be governed according to the principles of econo- my, efficiency and rationality. This entailed the setting up of boards of control, nonpartisan bodies operating independently from the city council which was thought to foster machine politics and corruption.
Reformers also sought to introduce this style of management to educational admin- istration. In Montreal, the advocates of educational centralization allied themselves with supporters of municipal reform through the Citizens' Committee. In 1909, before the Royal Commission on the Catholic Schools of Montreal, they advocated the uni- fication of all the Catholic school boards in the city, citing the following advantages: uniformity in the tax rate, cheaper and more efficient administration of the educational system, better assessment of individual schools, and the encouragement of higher-level institutions for those students who had successfully completed the primary curriculum. Centralization also entailed a uniform course of study throughout the city, something which would lower textbook costs. The reformers faced intense opposition from the clergy, who sought to preserve local control of school boards, thereby protecting their considerable influence in school matters.
In 1916 the Liberal government of Lomer Gouin settled this dispute by passing a law conceding centralization to the reformers while offering protective guarantees to the clergy. Twenty-three independent school boards were united into a single Catholic School Commission of Montreal. Financial administration was placed in the hands of a seven-member central office, while pedagogical matters were supervised by four district committees. This entailed a redistribution of powers between the clergy and the laity. Control of the district committees rested largely with the former, while financial administration was now largely in lay hands. Furthermore, the chairmanship of the centralized board was given in 1919 to a supporter of unification, Judge Eugène Lafontaine, an act which assured the dominance of lay over clerical control of the public school system in Montreal in the years after the First World War.
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Education, Inspection and State Formation: A Preliminary Statement
Philip Corrigan and Bruce Curtis
pp. 156–171
AbstractEN:
This paper attempts to draw the attention of sociologists and historians of education to the matter of the form of public schooling. A review of competing models of educational development current in the literature shows that neither pays attention to public schooling as a form of state provided and regulated schooling. Current models thus neglect the implication of schooling in the organization of patterns of government. The article argues that public schooling came to be normalized as what education really was (or should be). To pursue this argument it investigates the inspective function as one of the key processes whereby public schooling was administered into dominance. While the discussion centres on North American experience, English material is also discussed in an effort to locate the construction of the educational state in its broader context.
FR:
Le présent travail tente d'attirer l'attention des sociologues et des historiens de l'édu- cation sur la question de la forme de l'instruction publique. Une revue des autres modèles de développement de Venseignement que l'on retrouve couramment dans les écrits sur ces questions démontre qu'aucun d'entre eux ne s'intéresse à Vinstruction publique comme une forme de scolarisation dispensée et réglementée par l'État. Par conséquent, les modèles courants négligent le rôle de la scolarisation dans l'organi- sation des modes de gouvernement. Ce travail soutient que V instruction publique est devenue la norme de ce qu'est (ou doit être) véritablement l'éducation. À l'appui de cet argument, on y examine comment la "fonction d'inspecteur" a été l'un des moyens fondamentaux par lesquels on a imposé administrativement la domination de l'instruc- tion publique. Si la discussion porte principalement sur V expérience Nord-Américaine, on étudie aussi des documents d'origine anglaise dans le but de situer dans un contexte plus vaste Vétablissement de l'Etat éducateur.
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Students Abroad: Preconfederation Educational Links Between Newfoundland and the Mainland of Canada
Malcolm MacLeod
pp. 172–192
AbstractEN:
In the decades before Confederation in 1949, one important link between the Dominion of Canada and the reluctant tenth province was the increasing reliance of New- foundland students upon Canadian institutions for advanced education and training. Five volumes of Who's Who in Newfoundland, published between 1927 and 1961, provide biographical information on 344 individuals who left the colony to pursue educational opportunities abroad. The major focus for such opportunities shifted over time from Great Britain to the mainland of Canada. Institutions in the Maritime provinces drew over half of these students, while colleges and schools in Ontario received almost one-quarter. In some instances, Newfoundlanders became an impor- tant proportion of the student body at individual colleges -for example, students from western Newfoundland at Saint Francis Xavier and students from the south coast at Mount Allison. The highest proportion was probably the 15 per cent which Newfoundlander s formed in the general student body at Nova Scotia Technical College in the several years around 1940.
The establishment of Memorial University College in 1925 did two things: it made Newfoundland more self-contained in matters of higher education, and it strengthened certain patterns of international linkage, especially with Canada. Fledgling Memo- rial's major formal affiliations were with the universities of the Maritime provinces: Memorial s president joined representatives of Acadia, Dalhousie, Saint Mary's, King's, Mount Allison and Saint Francis Xavier on the unified Atlantic region govern- ing body of Nova Scotia Technical College and 55 per cent of the degrees held by Memorial's preconfederation faculty members were from Canadian institutions.
This paper demonstrates how natural it was for Newfoundland to be drawn within the Canadian educational orbit in the first half of the twentieth century, while charac- teristic patterns in the links that were formed between two North American countries are illustrated.
FR:
Dans les décennies qui ont précédé la Confédération en 1949, l'un des liens importants entre le dominion du Canada et la Wème province hésitante était la confiance crois- sante des étudiants de Terre-Neuve dans les institutions canadiennes pour l'éducation et la formation supérieures. Cinq des volumes de Who's Who In Newfoundland, publié entre 1927 et 1961, fournissent des renseignements biographiques sur 344 particuliers qui ont quitté l'île afin de poursuivre leurs études à Vétranger. Le principal centre d'attraction se déplacera, avec les années, de la Grande Bretagne vers le Canada continental. Les institutions des provinces Maritimes attirèrent plus de la moitié de ces étudiants, alors que les collèges et les écoles de l'Ontario en reçurent près du quart.
Dans certains cas, des Terreneuviens constituaient une importante proportion du corps étudiant de ces collèges. Comme exemples nous citons le nombre d'étudiants de l'Ouest de Terre-Neuve à l'Université Saint-Francis Xavier et d'étudiants de la côte Sud inscrits à V Université Mount Allison. La proportion probablement la plus élevée se retrouvait au Nova Scotia Technical College où 15 pour cent des étudiants étaient Terreneuviens, et ce pendant plusieurs années autour de 1940.
La fondation du collège universitaire Memorial en 1925 permit à Terre-Neuve de devenir plus autosuffisante dans le domaine de i enseignement supérieur et de ren- forcer certaines tendances en matière de relations internationales, plus particu- lièrement avec le Canada. Le collège universitaire Memorial s'affilia de façon formelle avec les universités des provinces maritimes. Son président joignit des représentants des universités Acadia, Dalhousie, Saint-Mary's. King's, Mount Alusión, et Saint- Francis Xavier au sein du bureau du direction unifié de VAtlantique chargé de gou- verner le Nova Scotia Technical College; avant la Confédération, 55 pour cent des membres de faculté de l'Université Memorial étaient diplômés d'institutions cana- diennes.
Essentiellement, le présent travail démontre à quel point il était naturel qu'en matière d'éducation Terre Neuve soit attirée dans l'orbite du Canada pendant la première moitié du 20ème siècle; on y illustre aussi les liens caractéristiques qui se sont formés entre deux pays Nord-Américains.
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Keeping Children in School: The Response of the Montreal Catholic School Commission to the Depression of the 1930s
Wendy Johnston
pp. 193–217
AbstractEN:
In Quebec, as elsewhere in Canada, the depression of the 1930s highlighted the inadequacies of existing welfare arrangements and ultimately compelled a shift towards greater state intervention and rationalization of philanthropy. Historians have so far devoted little attention to the situation of children and the evolution of child welfare services during this crucial period. This paper seeks to examine the effects of the depression on the origins, the nature and the impact of aid policies in a particular urban school system. The analysis centres on the Montreal Catholic School Commis- sion (MCSC), the largest of Quebec's local public school boards, during the period 1929 to 1940. In 1930, the Commission s primary and secondary schools boasted an enrolment of nearly one hundred thousand students. These mainly French-speaking children of working-class origin were particularly hard hit by the economic crisis.
The author argues that the severe physical want experienced by schoolchildren in the depression years constituted a formidable obstacle to regular school attendance and to learning. Faced with this situation, MCSC officials were obliged to abandon a conception enshrining education, health and welfare as separate categories. The economic crisis thus compelled the commission to assume an enlarged, systematized and diversified role in student welfare. School authorities rationalized and expanded the long-standing policy of free schooling for indigents and, in 1934, created a social service agency to provide free milk and clothing to needy children. To this end, they allied a continuing reliance on private charity with the adoption of modern social work practices. However, lacking sufficient funding, MCSC assistance programmes proved hopelessly unequal to the enormous student need. The MCSC s depression-era ini- tiatives were, despite their inadequacies, developments of long-term significance, providing the springboard for social work's entry into the school system.
FR:
Au Québec, comme ailleurs au Canada, la crise des années 1930 a mis en relief les carences du système d'assistance social existant. Cette situation provoqua finalement Tintervention accrue de l'Etat ainsi qu'une rationalisation de la philanthropie. Les historiens(nes) ont jusqu'ici accordé peu d'attention au sort des enfants et à l'évolution des services sociaux qui leur étaient destinés durant cette période marquante. La présente étude a pour but d'examiner les effets de la Crise sur l'origine, le fonc- tionnement et l'impact des politiques d'aide développées au niveau d'un système scolaire urbain. L'analyse porte sur la Commission des écoles catholiques de Montréal (CECM), qui est la plus importante parmi les commissions scolaires locales au Qué- bec, au cours de la période 1929 à 1940. En 1930, près de 100,000 élèves étaient inscrits dans les écoles primaires et secondaires de la Commission. Ces enfants, à majorité francophone et issues de la classe ouvrière, étaient durement touchés par la dépression économique.
L'auteur soutient que le dénuement extrême des écoliers dans les années 1930 entravait l'assiduité et le progrès scolaire de ceux-ci. Devant cette situation, les autorités scolaires se voyaient obligées d'abandonner la conception voulant que l'éd- ucation, le bien-être et la santé soient des catégories distinctes. La Crise amena ainsi la Commission à accroître, diversifier et systématiser son intervention sociale auprès des écoliers. Les dirigeants scolaires ont, d'une part, rationalisé et élargi l'ancienne politique de la gratuité scolaire pour enfants indigents, et, d'autre part, créé en 1934 une agence sociale fournissant du lait et des vêtements aux élèves nécessiteux. A cet effet, ils ont eu recours à la charité privée ainsi qu'aux nouvelles techniques du service social professionnel. Cependant, ces programmes se sont manifestement avérés insuf- fisants face aux besoins énormes de la population scolaire. Les initiatives de la CECM lors de la Crise, malgré ses lacunes, n'en revêtent pas moins une importance capitale, car précurseurs de l'entrée du service social dans le système scolaire.
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Susan Mann Trofimenkoff