Historical Papers
Communications historiques
Volume 19, Number 1, 1984 Guelph 1984
Table of contents (14 articles)
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Presidential Address: Tillers and Toilers: The Rise and Fall of Populism in Canada in the 1890s
Ramsay Cook
pp. 1–20
AbstractEN:
As part of his on-going research upon religion and reform in late 19th century Canada, the author focuses on the efforts of the Patrons of Industry to ally with the labour movement. The author explores the attempts at cooperation between the two groups, and posits reasons for their failure to achieve a lasting and effective alliance. He examines the origins and policies of each group and outlines the grounds on which, participants believed, cooperation and alliance were both possible and desirable. The leader in this attempted farm-labour populist alliance was George W. Wrigley, from 1892 to 1896 the editor of the Canada Fanners' Sun, the Patron's weekly newspaper. He was the spokesman for a religiously based reformism which advocated the application of Chris- tian principles to everyday life. Wrigley saw an identity of interests between farmers and labourers, both of whom were producers who were victimized by the abuse of the system. Against these forces, organization and cooperation were necessary to ensure that the public interest would triumph over the private. Labour spokesmen and agrarian refor- mers shared the ideology cf agrarianism, "the conviction that man's most natural, healthy, even divinely inspired, activity was working on the land. " Both agreed that the farmer and the industrial worker each received insufficient return for their efforts, because the unproductive classes dominated the economy. Only an alliance committed to economic freedom, cooperation and democracy could eradicate the forces of privilege, unbridled competition and monopoly.
While this alliance could point to some substantive achievements, ultimately it was a failure. The idea of cooperation received only modest support from the membership of both groups, while the leadership quickly became disillusioned by the slow pace of success. When the Patrons achieved a measure of political support in Ontario, they were unused to political power; they appeared indecisive and directionless as they debated tactics. Furthermore, the leadership often could not set aside their earlier attachments to either the Liberal or Conservative parties and wholeheartedly support the Patrons' political objectives. Hence internal divisions coupled with the return of prosperity late in the 1890s finally destroyed the country's first potentially successful protest party.
FR:
Dans le cadre de recherches continues sur la religion et la réforme à la fin du 19e siècle, l'auteur porte son attention sur les efforts des Patrons of Industry en vue de s'allier aux mouvements des travailleurs. L'auteur analyse les tentatives de collaboration entre les deux groupes et avance les raisons de leur échec à réaliser une alliance réelle et durable. Il examine les origines et les politiques de chaque groupe et expose les bases qui, de l'avis des participants, devaient rendre souhaitable et possible la coopération et l'alliance. Le chef de file de cette tentative d'alliance populiste entre les milieux agricoles et les travailleurs était George W. Wrigley qui, de 1892 à 1896, occupait le poste de rédacteur en chef du Canada Farmer's Sun, l'hebdomadaire des Patrons. Il était le porte-parole d'un mouvement réformiste à fondement religieux qui défendait l'application des principes chrétiens à la vie quotidienne. Wrigley percevait une commu- nauté d'intérêts entre agriculteurs et travailleurs, puisque les deux groupes étaient des producteurs victimes des abus du système. Contre ces forces, l'organisation et la coopération étaient nécessaires pour assurer que l'intérêt public triompherait de l'intérêt privé. Les porte-paroles des travailleurs et les partisants de la réforme agraire partagaient l'idéologie de Vagrarianisme, "la conviction que, pour l'homme, l'activité la plus naturelle, la plus saine et même d'inspiration divine, était le travail de la terre". Les deux groupes croyaient que, le fermier autant que le travailleur industriel ne recevaient pas suffisamment pour leurs efforts, parce que les classes non-productives dominaient l'économie. Seule une alliance engagée au service de la démocratie, de la coopération et de la liberté économique pouvait éliminer les forces du privilège, de la concurrence débridée et du monopole.
Si cette alliance pouvait se vanter de quelques réalisations importantes, en dernière analyse elle fut un échec. L'idéal de la coopération ne reçut qu'un appui modeste des membres des deux groupes et les leaders perdirent rapidement leurs illusions, face à la lenteur du changement. Lorsque les Patrons obtinrent un certain appui politique en Ontario, ils n'étaient pas habitués au pouvoir politique; ils parurent indécis et sans chef dans leurs débats sur la stratégie à adopter. De plus, très souvent les leaders ne purent mettre de leur côté leurs liens antérieurs avec les partis Libéral et Conservateur, pour appuyer sans réserve les objectifs politiques des Patrons. Par conséquent, des conflits internes et le rerour à la prospérité vers la fin des années 1890 finirent par détruire ce qui, au pays, aurait pu être le premier parti protestataire ayant des chances de succès.
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Consommation de morue et sensibilité alimentaire en France au XVIIIe siècle
Laurier Turgeon
pp. 21–41
AbstractFR:
Cet article est consacré à l'étude de la nature et des rouages du marché de la morue en France au XVIIIe siècle. Une enquête sur la consommation a montré que la morue est un aliment des villes, plus particulèrement de celles du littoral. Contrairement à ce que soutient un bon nombre de contemporains, la morue est une aliment cher et recherché et sa consummation apparaît forte surtout parmi les citadins nantis. Nous avons constaté un recul important de la consommation de la morue dans plusieurs institutions fran- çaises au cours du XVIIIe siècle. Bien que desfacteurs matériels comme les guerres aient contribué à ce déclin, celui-ci semble davantage l'expression d'un relâchement de la pratique et des contraintes du maigre et d'une mutation de la sensibilité alimentaire.
EN:
An examination of the distribution system for cod in France during the 18th century reveals that this product was largely consumed in the towns, particularly those along the coast. Contrary to the statements of many contemporaries, cod was an expensive and much sought-after foodstuff, particularly among well-to-do city dwellers. There were, however, a number of changes in demand during the century, which are tracable to the wartime situation, shifts in taste, and the failure to observe religious prohibitions regarding the eating of meat.
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A Conservative Reformer in Upper Canada: Charles Fothergill, Responsible Government and the “British Party”, 1824‑1840
Paul Romney
pp. 42–62
AbstractEN:
Whig treatments of the politics of early 19th century Upper Canada have tended to treat the reformers as a group unified behind the concept of "responsible government". As Graeme Patterson has pointed out, though, the concept of responsible government, which lay at the heart of much debate during the 1830s and 1840s, had a variety of meanings, ranging from the traditional Baldwinite view of ministerial responsibility for policy to an elected chamber of a sovereign legislature to the much simpler concept cf effective accountability of the colonial administration to imperial authorities. The author explores a distinctive variant upon the theme cf "responsible government" - that posited by the English-born reformer, Charles Fothergill. After a short, and not par- ticularly distinguished, career as a placeman, Fothergill was dismissed in 1826 for his activities in the House of Assembly. After three years in the mainstream cf reform politics, he broke with W.W. Baldwin, John Rolph and their adherents over the meaning cf responsible government, and proclaimed himself a "conservative reformer." Afterthe Rebellion, he became a tribune of the so-called "British Party" - a group of loyal, conservative, middle-class British immigrants who resented the dominance of the Family Compact. Though Fothergill shared the social conservatism which underlay the Bald- winite view of responsible government, he posited a less radical, more legalistic - and, to the author, more logical - alternative to ministerial responsibility.
FR:
Dans leur analyse des idées politiques du Haut Canada du début du 19iime siècle, les auteurs étudiant le mouvement Whig ont eu tendance à considérer les réformistes comme un groupe uni par le concept du "gouvernement responsable". Cependant, comme le soulignait Graeme Patterson, ce concept du gouvernement responsable qui fut au coeur de nombreux débats au cours des années 1830 et 1840, pouvait avoir plusieurs significa- tions, variant entre la vision Baldwiniste traditionnelle d'une responsabilité minis- térielle en matière de politiques, responsabilité vis-à-vis d'une chambre élue à l'intérieur d'une législature souveraine, jusqu'au concept beaucoup plus simple d'une imputabilité réelle de l'administration coloniale envers les autorités impériales. L'auteur étudie une variante distincte du thème de "gouvernement responsable", celle avancée par Charles Fothergill, réformiste d'origine britannique. Après une carrière de fonctionnaire assez courte et sans grand éclat, Fothergillfut remercier de ses services en 1826 en raison de ses activités à la House of Assembly. Après trois années au centre des politiques réformistes, il se détachait de W. W. Baldwin, John Rolph et leurs partisans sur le sujet du gouvernement responsable, et se déclarait un "reformeur conservateur". Après la Rébellion, il devenait un leader du "British Party" soi-disant - une groupe des immigrants loyals, conservateurs et bourgeois qui était indigné du dominance du "Family Compact". Quoique F other gill partageât le conservatisme social qui sous- tendait la conception Baldwiniste du gouvernement responsable, il défendait un autre type de responsabilité ministérielle qui était moins radicale, plus près du droit et, de l'avis de l'auteur, plus logique.
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Conjectural History and Scottish Philosophers
Roger L. Emerson
pp. 63–90
AbstractEN:
"Conjectural history" is used here to "denote any rational or naturalistic account of the origins and development of institutions, beliefs or practices not based on documents or copies of documents or other artifacts contemporary (or thought to be contemporary) with the subjects studied." Many recent historians have focused on the apparent emergence within Scotland of a large number of sophisticated conjectural histories around ¡750, and analysed them within the framework of a Marxist-oriented social science. This paper argues that such a perspective is "inappropriate and misguided." If one looks at these works as an outcome of what went before, rather than a forerunner of what came after, they begin to lose their modernistic flavour.
Conjectural histories of the Scottish Enlightenment were based essentially on four sources: the Bible and its commentaries, the classics, modern works of philosophy and travel accounts. Each had an influence on the works produced. The parallels between the Biblical and the secular conjectural histories are, for example, instructive and it is clear that no Scottish historian could consistently hold a doctrine of economic deter- minism or historical materialism and still reconcile this position with his Calvinist beliefs. Works such as Lucretius' On the Nature of Things had influenced the con- jectural histories of the Renaissance and continued to be used by the Scots just as they were by the English deists, whose speculations about historical development were also helpful to Scottish writers. Travel accounts provided information concerning mankind at various stages of civilization, but no explanation of the developmental process.
While the study of history was a popular pursuit during the Scottish Enlightenment this inte rest followed trends on the continent and elsewhere. Furthermore, an examination of the great works of this period suggests that they were firmly based on the writings of scholars of a generation before. Certainly the leading writers of the "golden age" from roughly 1730 to 1790 gave a more sophisticated, detailed and elaborate treatment cf these ideas, but the sources, problems and concepts which they elucidated were not new. In their analyses, they did not employ historical materialism or economic determinism, though they were undoubtedly more political-economic, dynamic and secular in their attitude. They desired change for Scotland out of a patriotic regard for the comparative backwardness of their country, but the causes and cures for that condition were not fundamentally economic in nature. If these writings are examinedas a unit, and seen in context, the conjectural historians of the Scottish Enlightenment appear to be an understandable outcome of their intellectual milieu. The author supports this conclusion by a close examination of the work of Hume and Smith. This further explicates his theme that a nascent economic determinism was not the impetus for this writing that recent historians have read into these works.
FR:
L'expression "histoire conjecturale" est utilisée ici pour "définir toute description rationnelle ou naturaliste des origines et de l'évolution des institutions, croyances ou pratiques, description qui n' est pas fondée sur des documents ou des copies de docu- ments, ou sur d'autres artefacts contemporains (ou jugés contemporains) des sujets étudiés". Récemment, plusieurs historiens ont porté leur attention sur l'émergence apparente d'un grand nombre d'histoires conjecturales en Ecosse, vers 1750. L'exposé qui suit soutient qu'une telle perspective est "impropre et peu judicieuse". Si l'on considère ces travaux comme le résultat de ce qui s" est produit auparavant, plutôt que comme précurseurs de ce qui a suivi, ils commencent à perdre leur saveur moderniste.
Les histoires conjecturales du siècle des lumières en Ecosse étaient fondées essentielle- ment sur quatre sources: la Bible et ses annotations, les classiques, les ouvrages modernes de philosophie et les récits de voyages. Chacune a eu une influence sur les travaux réalisés. Par exemple, les parallèles établis entre les histoires conjecturales bibliques et séculaires étaient instructives, et aucun historien écossais ne pouvait soutenir en toute logique une doctrine de déterminisme économique ou de matérialisme historique, tout en conciliant cette position avec ses propres convictions calvinistes. Des travaux tels On The Nature of Things de Lucretius, ont influencé les histoires con- jecturales de la Renaissance et continuent d'être utilisés par les Ecossais tout comme par les déistes Anglais dont les spéculations relatives au développement historique étaient aussi utiles aux écrvains Ecossais. Les récits de voyages fournissaient des renseignement sur l'humanité à divers degrés de civilisation, mais aucune explication du processus de i évolution.
Alors que l'étude de l'histoire était une activité répendue en Ecosse pendant le siècle des lumières, les tendances vers cet intérêt se retrouvait aussi sur le continent et ailleurs. De plus, un examen des grandes oeuvres de l'époque permet de croire qu'elles étaient fermement fondées sur des travaux d'érudition réalisés une génération plus tôt. Assuré- ment, les principaux auteurs de cet "âge d'or" entre 1730 et 1790 approximativement, traitaient ces idées avec plus de rafinement et de détail, mais les sources, les problèmes et les concepts qu'ils élucidaient n'avaient rien de nouveau. Dans leurs analyses, ils n' utilisaient pas le matérialisme historique ne le déterminisme économique, quoique leur attitude était indubitablement plus politico-économique, dynamique et séculaire. Leur désir de changement pour l'Ecosse découlait d'un sentiment patriotique, suscité par le relatif retard de leur pays; mais les causes et les solutions à cet état de fait n'étaient pas de nature fondamentalement économiques. Si ces écrits sont étudiés comme un tout et placés dans leur contexte, les historiens conjecturaux écossais du siècle des lumières apparaissent comme une émanation compréhensible de leur milieu intellectuel. L'auteur appui cette conclusion par un examen attentif du travail de Hume et Smith. Cela explique plus à fond son thème qui est que, contrairement aux impressions des historiens contemporains, un déterminisme économique naissant n'est pas la force dynamique sous-tendant ces écrits.
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Un aperçu des habitudes de consommation de la clientèle de Joseph Cartier, marchand général à Saint‑Hyacinthe à la fin du XVIIIe siècle
Claude Desrosiers
pp. 91–110
AbstractFR:
Située au croisement des phénomènes d'endettement et d'avance du marché dans l'univers rural bas-canadien, la consommation courante présente des particularités dont l'étude apporte un éclairage essentiel à l'un comme à l'autre: d'abord comme véhicule privilégié de V eclosión économique et matérielle de ce monde rural, via la ronde des biens de consommation, mais aussi comme point de fuite du capital villageois. Le livre de comptes (1794-1797) de Joseph Cartier, marchand général à Saint-Hya- cinthe, a permis l'étude de ce secteur mal connu de la vie économique rurale. Une élaboration méthodologique originale a été mis au point pour la transcription infor- matique et l'analyse du document. Les premiers résultats sur la consommation ont permis de déceler la présence de besoins issus d'habitudes et de valeurs bien enracinées même en périodes de crise, et entraînant pour plusieurs une dépendance économique accrue. La présente étude apar ailleurs conduit à remettre en question le bien-fondé de ïidéal d'autosuffisance dont on affuble beaucoup de sociétés rurales passées.
EN:
The study of the ledgers of one general merchant, Joseph Cartier of Saint-Hyacinthe, for the late 18th century allows an insight into the economic structure of rural Lower Canada during this period. This source provides a view of two important aspects of this rural society: the way in which the local merchant acted as a vehicle for the introduction of consumer goods and, coincidently, became a net exporter of local capital. The author has devised an original methodology for the computer-assisted transcription and analy- sis of the data provided by the ledgers. The first results of his survey suggest that consumer buying habits were deeply rooted, and even in times of crisis, the importation of goods from metropolitan markets continued. In some, patterns of economic depen- dency on "outside" consumer goods increased. The preliminary findings of this study suggest that traditional self-sufficiency models for rural Lower Canada during the late 18th century need to be reexamined.
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Ethnicity and Class, Transitions Over a Decade: Ontario, 1861‑1871
A. Gordon Darroch and Michael Ornstein
pp. 111–137
AbstractFR:
Suite aux travaux pionniers de Pentland, un grand nombre d'historiens canadiens du 19e siècle ont postulé l'existence d'un marché du travail partagé pendant la période cruciale s'étendant de 1850 à 1870. D'après cette hypothèse, on assiste à cette époque à la création d'un prolétariat sans terres, élément essentiel à la transformation du pays, d'une économie agricole et commerciale à une économie industrielle et capitaliste. Ce groupe naissant était partagé suivant l'ethnie, les travailleurs Anglais et Ecossais occupant les emplois spécialisés, les Irlandais étant relégués aux emplois non spé- cialisés. On soutient que ce partage interne, s ajoutant aux salaires élevés versés aux travailleurs les plus prévilégiés, permit au Canada d'éviter en grande partie le radi- calisme ouvrier, alors que la réserve de personnel compétent épargna aux industries canadiennes les coûts élevés de la formation. Cependant une étude des recensements de 1861 et 1871 dans le centre-sud de l'Ontario indique que, en majorité, les immigrants irlandais catholiques et protestants travaillaient non pas à des emplois industriels peu rémunérés, mais bien à Vagriculture.
Une enquête informatisée sur 10,000 hommes cou verts par les deux recensements et dont l'emploi est connu, fournit des renseignements sur un certain nombre de questions. L'analyse des données révèle les différences suivantes dans la composition de la population active masculine entre 1861 et 1871: a) la proportion de personnes nées en Ontario passer de 27 à 40 pour cent, alors que le nombre de personnes nées en Irlande baisse de 24 à 15 pour cent; la proportion de personnes nées en Ecosse et en Angleterre demeure essentiellement inchangée: b) pour ce qui est des emplois, il y aun mouvement du travail d'ouvriers vers iagriculture et, dans une moindre mesure, vers les occupa- tions artisanales et non-manuelles; la grande majorité des fermiers (84 pour cent en 1871) est propriétaire et non locataire; c) ni l'ethnicité ni la religion ne déterminaient l'occupation; à l'exception d'une concentration d'Irlandais d'origine dans les milieux ouvriers, la population active ne semble pas avoir été départagée suivant l'ethnicité ou Vappartenance religieuse. Une proportion relativement élevée de travailleurs nés en Ontario (30 pour cent en 1861 et 25 pour cent en 1871) était constituée de fermiers et de leurs fits; d) pendant cette période les différences entre nationalités au sein des groupes occupationnels s'aténuent, quoique les Irlandais catholiques continuent d'être sur- représentés chez les ouvriers, tout comme les Anglais d'origine dans les occupations bourgeoises et artisanales. S'il y a une certaine spécialisation occupationnelle par groupe ethnique, la concertration n'est pas assez prononcée pour appuyer l hypothèse selon laquelle la population était profondément partagée suivant l'ethnicité; e) une analyse des emplois par groupes d'âge laisse croire qu'il n'y a pas de mouvement d'abandon de l'agriculture et, conséquemment, pas de prolétarisation de la population au cours des années 1860. Au contraire, il y eu un accroissement de la proportion de fermiers et une diminution de la proportion d'ouvriers. Chaque groupe occupationnei suit un modèle de croissance particulier, avec des variations dans le temps; f) i établisse- ment de liens entre les données des deux recensements permet certaines conclusions sur la question de la permanence dans l'emploi. Près de 90 pour cent de ceux qui étaient fermiers en 1861 se réclamaient du même groupe occupationnei une décennie plus tard, alors que seulement un tiers des ouvriers faisaient de même. Dans l'ordre, les artisants, les professionnels et les marchands/fabricants se situent au centre de l'échelle pour ce qui est de la permanence. Un nombre relativement peu élevé de fils de fermiers (7 pour cent) sont devenus ouvriers ou artisans. Le groupe occupationnei le moins stable est celui des travailleurs non-manuels, où seulement 30 pour cent ont gardé le même genre d'emploi. Les données indiquent une mobilité occupationnelle assez élevée dans le temps, et l'absence de dépeuplement rural ou d'une crise de l'agriculture; g) sauf pour les travailleurs non-spécialisés, la mobilité semble dépendre plus de l'occupation que de l'âge. Le taux de mobilité est le plus élevé pour les travailleurs âgés de moins de 25 ans, particulièrement chez les ouvriers, alors qu'il est moins prononcé entre 25 et 54 ans. Au delà de cet âge, seuls les artisans ont une certaine mobilité. En tenant compte de l'ethnicité dans les calculs, un seul phénomène important peut être identifié: les ouvriers Irlandais catholiques avaient plus fortement tendance à demeurer dans cette catégorie pendant assez longtemps.
A une époque où Vindustrialisation urbaine prenait de l'ampleur, la production indé- pendante de produits de base pas des familles d'agriculteurs devint également plus courante. La mobilité occupationnelle était généralisée, ce manifestant particulière- ment du groupe des ouvriers, vers celui des agriculteurs.
EN:
Following the pathfinding work of Pentland, many 19th century Canadian historians have posited a split labour market in the crucial period between 1850 and 1870. According to this view, the period saw the creation of a landless proletariat, essential to the transformation of the country from an agricultural and commercial to an industrial and capitalist economy. This nascent group was divided along ethnic lines, English and Scottish workers gaining the skilled, and Irish workers the unskilled, jobs .One inference would be that these internal divisions coupled with the high wages paid to the more privileged workers allowed Canada to avoid a large measure of working-class radi- calism, while the pool of skilled personnel allowed Canadian industries to avoid the high costs of training. An examination of the 1861 and 1871 censuses in south-central Ontario, however, suggests that immigrant Catholic and Protestant Irish were not concentrated in low-paid industrial work, but in agriculture.
A computer-assisted survey of' 10,000 men with known occupations linked between the two censuses provides evidence on a number of questions. The analysis of the data reveals the following differences in the makeup of the male labour force between 1861 and 1871: a) the proportion of Ontario-born rose from 27 percent to 40 percent, while the figures for Irish-born dropped from 24 percent to 15 percent; the proportion ofScottish- and English-born remained virtually the same; b) in occupational terms, there was a shift from labouring to farming and, to a lesser extent, to artisanal and nonmanual professions; the overwhelming majority of farmers (84 percent in 1871) were owners rather than tenants; c) neither religion nor ethnicity determined occupation ; except for a concentration of the Irish-born in labouring, the working population does not appear to have been split along either ethnic or religious lines. A relatively high proportion of Ontario-born workers (30 percent in 1861 and 25 percent in 1871) were farmers' sons; d) over the period, differences among national groups in the occupational tables lessened, though Irish Catholics continued to be overrepresented in the labouring category, and English-born in the bourgeois and artisanal occupations. Though there were some occupational specializations among ethnic groups, the concentrations were not suffi- ciently pronounced to support the view that the working population was deeply split along ethnic lines; e) an analysis of occupation linked with age suggests that there was no movement off the land, and therefore no proletarianization of the population during the 1860s. On the contrary, there was an increase in the proportion of farmers with age, and a decrease in the proportion of labourers. Each occupational group had a distinctive pattern of growth with variations over time;f) record linkage between the two censuses permits some conclusions on the question of occupational persistence. Nearly 90 percent of the farmers in 1861 listed the same profession a decade later, while just over a third of the labourers did the same. Artisans, professionals and merchants/'manufac- turers, in that order, occupied the middle ground in terms of persistence. Relatively few sons of farmers (7 percent) became either labourers or artisans. The least persistent occupational category was clerical and other nonmanual workers, only 30 percent of whom remained in the same type of work. The evidence suggests a high degree cf occupational mobility over time, and an absence of rural depopulation or a crisis of agriculture; g) mobility appears to have been more dependent upon occupation and much less upon age, except for unskilled workers. Mobility was greatest below the age of 25, expeciallyfor labourers, but varied less between the ages qf25 and54. Only artisans show much mobility above the last age. By including ethnicity in the calculations, only one major phenomenon can be identified: Irish-Catholic labourers had a greater tendency to remain in this category over time.
In an era when urban industrialization was gathering momentum, independent com- modity production by family farmers also expanded, especially out oflabouring and into farming.
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The Catholic Church in the Italian Empire, 1936‑1938
Peter C. Kent
pp. 138–150
AbstractFR:
Les accords du Lateran de 1929 inaugurèrent une période d'étroite collaboration entre l'Eglise catholique romaine et l'Etat italien sous Mussolini. Cependant la politique italienne en Abyssinie, après la conquête de ce pays en 1936, exacerba les tensions qui avaient résulté à la fois des politiques intérieures et de l'appui de l'Italie aux activités antirelig ieuses en A llemagne .Cet exposé traite de V évolution de la politique italienne en Abyssinie et du désenchantement graduel de l'Eglise face aux résultats de ces accords.
En matière d'affaires intérieures, l'ère du Vatican portait sur le manifeste du gouverne- ment Mussolini (1938) sur la pureté de la race, et sur la législation antisémitique qui en découla. La hiérarchie ecclésiastique d'Italie avait présumé que son appui à i interven- tion italienne en Afrique entraînerait l'adoption, par le gouvernement, d'une politique de christianisation. Pour maintenir une certaine stabilité intérieure, le gouvernement choisit de suivre une stratégie de tolérance religieuse, d'ailleurs défendue par le ministère de la colonisation. Cette approche aliéna le Saint-siège qui, contrairement à la hiérarchie italienne, n'avait jamais été en faveur d'une guerre impériale. Cette politique de tolérance était contraire aux plans de l'Eglise pour la conversion au catholicisme de ce territoire, et gênait ses activités missionnaires. Les musulmans étaient particulièrement favorisés car, de l'avis du ministère de la colonisation, leur appui était essentiel au maintien du contrôle impérial. On croyait également que cette coopération aiderait les Italiens dans leurs relations avec d'autres puissances islami- ques du Moyen-orient.
Il n'y a pas que l'Eglise qui s'opposait aux actions du ministère de la colonisation; le ministère des affaires étrangères croyait qu'on devait utiliser l'Eglise comme instrument de l expansion italienne. Cependant, la position du ministère de la colonisation préva- lut. Peu importe leur religion, les missionnaires qui s'opposaient aux désirs de l'Italie pour la nouvelle colonie étaient punis. Lorsque les affaires extérieures tentèrent d'inter- venir en faveur des missionnaires britanniques, Mussolini appuya la politique du ministère de la colonisation, et même l'élargit; désormais, aucun étranger ne pouvait enseigner dans l'Empire. Le ministère de la colonisation consolida son emprise, ordonnant au Saint-siège de remplacer les missionnaires catholiques Français par des Italiens. Réagissant, le Vatican créa une commission pontificale qui, en dernière analyse, se plia à la plupart des exigences du ministère. Sur les questions litigieuses, le ministère demeurait inébranlable; le Pape envoya alors en Abyssinie un visiteur apostolique qui, il l'espérait, améliorerait la position de l'Eglise. Finalement, le ministère de la colonisation accéda à la demande de l'Eglise pour la création d'une hiérarchie ecclésiastique distincte pour la colonie; peu après, l'Eglise reconnut Victor Emmanuel comme empereur a"Abyssinie.
Cependant, malgré cette entente, la politique de tolérance de VEtat Italien avait causé des dommages irréparables à la coopération entre ce dernier et l'Eglise catholique romaine. L'hostilité du gouvernement face aux prétentions de l'Eglise au sein de l'Empire constituent un fondement essentiel de l'attaque du Pape sur la politique raciale italienne de 1938.
EN:
The Lateran Agreements of 1929 initiated a period of close cooperation between the Roman Catholic church and the Italian state under Mussolini. Italian policy in Abyssinia after the conquest of that country in 1936, however, exacerbated tensions which had developed as a result of both Italian domestic policies and support for Germany's antichurch activities. This paper explores the development of Italian policy in Abyssinia and the church's gradual disenchantment with the results of their entente.
In domestic affairs, the Vatican's anger focused on the Mussolini government's 1938 manifesto on racial purity and the resulting anti-Semitic legislation. The church hier- archy within Italy had assumed that their support for Italian intervention in Africa would result in the government's adoption of a policy cf Christianization. To maintain a measure of internal stability within the country, the government chose to follow a strategy, advocated by the colonial ministry, of religious toleration. This approach alienated the Holy See which, unlike the Italian hierarchy, had never been in favour of an imperialistic war. The policy cf toleration ran contrary to the church's catholicizing plans for the territory, and interfered with its missionary activities. Particularly favoured were the Moslems, whose support, in the view of the colonial ministry, was crucial to imperial control. In turn, this cooperation would, it was felt, help the Italians in their relations with other Islamic powers in the Middle East.
Opposition to the colonial office's actions was not limited to the church; the foreign ministry believed that the church should be used as an agency in Italian expansion. The colonial ministry, however, prevailed. Whenever missionaries of any religion opposed Italian wishes in the new colony, they were punished. When the foreign ministry attempted to intervene on behalf of British missionaries, Mussolini supported the colonial office policy, and even extended it; henceforth, no foreigner could teach in the Empire. The colonial ministry consolidated its control, ordering the Holy See to replace French Catholic missionaries with Italians. In response, the Vatican appointed a pontifical commission, which ultimately bowed to most of the ministry's demands. On disputed points the ministry remained adamant; the Pope then sent an Apostolic Visitor to Abyssinia to negotiate a settlement which, he hoped, would enhance the place of the church. Finally, the colonial ministry acceded to the church's request for the creation of a separate ecclesiastical hierarchy for the colony; the church shortly after recognized Victor Emmanuel as emperor cf Abyssinia.
In spite of this agreement, however, the cooperation between the Roman Catholic church and the Italian state was irreparably damaged by the latter's toleration policy. Govern- ment hostility to the pretensions of the church within the Empire forms an essential backdrop to the Pope's attack, in 1938, on Italian racial policy.
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The Politicians and the “Pearsonalities”: The Diefenbaker Government and the Conduct of Canadian External Relations
John F. Hilliker
pp. 151–167
AbstractFR:
Après vingt-deux ans de règne Libéral, les Conservateurs, sous John Diefenbaker, prirent le pouvoir en 1957. Ils héritèrent d'un Ministère les affaires extérieures qui avait été fortement influencé par les attitudes, les techniques et la personnalité du leader Libéral d'alors, Lester Pearson. Diefenbaker fut profondément méfiant à l'égard du présumé caractère partisan du ministère, et inquiet de l'influence que les protégés de Pearson, les Pearsonalities. Malgré son inexpérience, le premier ministre assuma d'abord la responsabilité du portefeuille, afin d'en amorcer la transformation. Même après la nomination de Sidney Smith au poste de secrétaire d'Etat, Diefenbaker continua d'être intéressé aux affaires du ministère, dont il s'occupait activement. Après la décès inattendu de Smith en 1959, le portefeuille fut confié à Howard Green, auquel le premier ministre accordait une plus grande confiance. L'auteur affirme que, dans l'ensemble, Green réussit à maintenir une saine indépendance face au contrôle de ses hauts fonctionnaires. S'ils n hésitaient pas à présenter leurs propres initiatives - l'aide à l'Afrique francophone est citée en exemple - les hauts fonctionnaires semblent avoir prudemment évité tout élément partisan. Au même moment, l'intérêt sélectif mais prononcé que le premier ministre portait à certains aspects de la politique étrangère fit que les décisions sur ces questions furent parfois soustraites à l'influence du ministère. Dans des questions telles l'appartenance de l'Afrique du Sud au Commonwealth et les relations avec l'Union soviétique, les opinions et les actions du premier ministre pouvaient avoir un effet décisif. Dans des questions de politique, comme l'entrée de la Grande Bretagne à la CEE, les fonctionnaires des Affaires extérieures devaient tenir compte d'une autre influence puissante: Vintervention parfois indépendante du Haut commissaire du Canada à Londres, George Drew, qui était très respecté et qui avait accès direct au premier ministre.
Cette concurrence entre les centre du pouvoir portait parfois à confusion; le meilleur exemple en est peut-être la façon dont le gouvernement a mené le débat sur les armes nucléaires. Ce débat a contribué à la démission du gouvernement et à sa subséquente défaite électorale. Les questions de politique étrangère n'ont pas dominé l'élection, mais le réputation d'indécision du gouvernement découlait largement de sa conduite en matière d'affaires extérieures. En ce sens, la façon dont Diefenbaker s'occupa des décisions de politique étrangère influença profondément l'élection.
EN:
After twenty-two years of Liberal rule, the Progressive Conservatives under John Diefenbaker inherited, in 1957, a Department cf External Affairs which had been strongly influenced by the attitudes, techniques and personality cf the then-current leader of the Liberal party, Lester Pearson. Diefenbaker was deeply suspicious cf the department's assumed partisanship, and worriedabout the effects of Pear son's proteges, the "Pearsonalities, " on the conduct cf foreign affairs. In spite of his inexperience, the prime minister initially took on the portfolio himself. Even after the appointment cf Sidney Smith as secretary of state, Diefenbaker continued his active interest and involvement in the department's affairs.
After Smith's unexpected death in 1959, the portfolio was filled by Howard Green, in whom the prime minister rested more confidence. On balance, the author contends. Green maintained a healthy independence from control by his senior departmental officials. While the bureaucrats were not hath to put forward initiatives of their own - aid to francophone Africa is cited as one example - senior civil servants appear to have carefully avoided any implication cf partisanship. At the same time, the prime minister's selective but forceful interest in some aspect" of foreign policy meant that decisions on these subjects were sometimes uninfluenced by the department. In matters such as South Africa's membership in the Commonwealth and relations with the Soviet Union, the prime minister's views and actions could be decisive. On policy issues such as Britains's entrance into the EEC, External Affairs had to contend with a further locus cf power - the sometimes independent intervention cf Canada's high commissioner in London, the highly respected George Drew, and with his direct access to the prime minister.
This sometimes confusing situation, cf competing centres cf power, was perhaps most tellingly illustrated by the government's handling of the nuclear weapons debate, which contributed to the government's resignation and subsequent electoral defeat. Foreign policy concerns themselves did not dominate the election, but the government's reputa- tion for indecisiveness derived largely from its conduct of external affairs. In this respect, Diefenbaker's treatment qfforeign policy decisions deeply influenced the election.
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Deviant Anonymous: Single Mothers at the Hôpital de la Miséricorde in Montreal, 1929‑1939
Andrée Lévesque
pp. 168–184
AbstractFR:
Les historiens-nes du Québec ont dupuis longtemps reconnu l'importance de la famille patriarchate et du rôle de la femme comme mère au foyer. On a cependant accordé peu d'attention au sort de celles qui défiaient les normes culturelles et convoient en dehors les liens de mariage. Selon l'idéologie religieuse de l'époque, ces personnes minaient l'ordre social et, par leur transgression, jetaient la honte sur elle-même et sur leur famille. Certaines solutions furent adoptées pour faire face au problème des mères célibataires: le recours aux maternités privées, l'exil chez parents ou amis-es éloignés, parfois l'avorlement, ou les oeuvres de charité ou la soumission à leurs soins et à leur contrôle. Au Québec, pendant les années 1930, quelque 20 pour cent des naissances qu'on appelait illégitimes eurent lieu à l'Hôpital de la Miséricorde dont les dossiers détaillés sur les patientes constituent les sources privilégiées du présent article.
Les contemporains percevaient la vocation de la femme laique soit comme mère à l'intérieur du mariage, soit comme prostituée. Les mères célibataires n'avaient pas de place dans cette vision polarisée du rôle des femmes. Elles ne pouvaient, par con- séquent, se réintégrer à la société qu'en cachant leur condition. Dans cette perspective, l'Hôpital offrait un service tant à la société, qui cherchait à dissimuler les écarts de comportement, qu aux femmes concernées.
Les dossiers révèlent que les candidates à Vadmission étaient presqu'uniquement des Canadiennes-française catholiques. Souvent orphelines, elles étaient généralement jeunes (60 pour cent avaient entre 18 et 20 ans), étaient domestiques (47 pour cent) ou vivaient à la maison (31 pour cent) et souffraient souvent de problèmes de santé. A leur entrée, elles adoptaient une nouvelle identité, leurs pseudonymes reflétant parfois la honte qu'elles devaient subir. Les règlements de l'Hôpital accentuaient leur isolement: on ri encourageait pas les visites, le courrier était censuré, et les patientes étaient largement privées de contact avec le monde extérieur.
Si les agences sociales encourageaient les mères célibataires à garder leur enfant, elles ne pouvaient choisir son nom et seulement 14.6 pour cent quittaient l'Hôpital avec leur enfant. Après l'accouchement, les paturiennes jouissaient de deux semaines de con- valescence après quoi, si elles ne pouvaient s'acquitter de leur compte envers l'institution - ce qui était le cas de la majorité de celles qui accouchaient à la Miséricorde - elles entreprenaient six mois de service à l'Hôpital. Pendant cette période de résidence, elles étaient traitées comme des mineures, parfois comme des criminelles, toujours comme des pécheresses repentantes. Certaines poursuivaient l'expiation de leur faute en devenant membre de la communauté religieuse, d'autres demeuraient dans l'institution au- delà de la période prévue.
La majorité des enfants demeuraient à la charge des institutions et 37.7 pour cent mourraient avant leur premier anniversaire, le plus souvent de maladies contagieuses. Les religieuses et les mères accueillaient habituellement ces décès comme une bénédiction.
Malgré V importance essentielle de trouver un assile pendant leur progresse, certaines patientes se soumettaient difficilement aux conditions qui leur étaient faites. Plusiers réaggissaient soit par une résistance passive soit par des actes de rébellion. Quelques unes épousaient le père de l'enfant mais la plupart devaient subir les conséquences de leur grossesse.
EN:
Historians of Quebec have long been familiar with the central importance of the patriarchal family and women's role as mother within the home. What has received little attention has been the fate of those who defied the cultural norm and conceived out-qf- wedlock. According to contemporary Catholic mores, such individuals undermined the social order and, through their transgression, brought shame on themselves and their kin. Several solutions evolved to deal with this problem: privately managed maternity hospitals, exile to the geographically distant homes of friends or relatives, or submission to the care and control of religious orders. Roughly 20 percent of the illegitimate births in the province during the 1930s took place at the Hôpital de la Miséricorde in Montreal, whose extensive patient records provided the main source for this paper.
Contemporaries understood the vocation of adult women in one of two ways, either as mothers-within-wedlock (real or potential), or as prostitutes. Single mothers had no place in this polarized view of women's role, and in consequence, they could rejoin "normal" society only by hiding their condition and its results. Within this perspective, the Hôpital provided a service both to the society, which sought to hide deviate behaviour, and the individual.
Applicants for admission, the records show, were almost entirely French-Canadian Roman Catholics. Often orphans themselves, they tended to be young (60 percent were between the ages of ¡8 and 22), were either domestics (47percent) or lived at home (31 percent), and often suffered from health problems. Upon admission they took on new identities; the pseudonyms sometimes reflected the sense of shame the nuns sought to impose. Hospital policies reinforced this sense of isolation: visitors were discouraged, questions from outsiders were rebuffed, and, to a large extent, the patient was cut off from contact with the outside world. Most tellingly, the mother was not able to name her child after birth. Though social agencies encouraged mothers to keep their offspring, most of the illegitimate children were put up for adoption: only 14.6 percent left the Hôpital with their mothers. Once the baby was born, the mother was allowed two weeks to recover before commencing six months of service. During her entire time in residence, she was treated sometimes as a child, often as a criminal, and always as a sinner. In some cases the mother stayed with the nuns well beyond the normal term; in other cases, the records show, mothers endured their service against their will. A few atoned for their behaviour by joining religious groups.
After birth, most of the children remained within institutional care; 37.7 percent of these children died before their first birthdays, mainly of preventable diseases. Their passing, which was reported to the mothers, was regarded by the nuns as fortuitous. For many of the patients, however, the Hôpital did little to relieve the trauma of their plight. For some, passive resistance or outright rebellion constituted their response; for others, self- induced abortion, marriage to the father, or simple endurance af the consequences of their actions were the chosen alternatives.
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Machinisme et agriculture dans la France du XIXe siècle
Gabriel Désert
pp. 185–216
AbstractFR:
Le relatif retard pris par la productivité de l'agriculture française à partir du milieu du XIXe siècle pose le problème de ses causes. L'auteur pense que l'une d'elles est la difficulté qu'éprouvent les agriculteurs français à prendre le virage technologique nécessaire. Ils se montrent hésitants devant l'adoption d'un machinisme agricole, varié dans ses aspects et sans cesse perfectionné.
Dans une première partie sont présentées l'évolution de ce machinisme, ses étapes avec leurs caractères propres, sa répartition dans l'espace national. Partant de ce tableau évolutif, l'auteur s'interroge sur ses raisons, sur ses rythmes variables dans le temps. Il pense que le conservatisme, la routine des paysans, l'insuffisante qualification de la main-d'oeuvre agricole, constituent des facteurs non déterminants. Il privilégierait plutôt, en faisant des éléments importants d'explication, le faible dynamisme des constructeurs français, les structures socio-économiques de monde paysan, notamment l'abondance des petites et très petites exploitations, la conjoncture des prix et, peut-être, l'insuffisant exode rural qui permet aux exploitants de disposer d'une main-d'oeuvre salariée relativement peu coûteuse. Le contexte démo-socio-économique rend compte à la fois de la grande lenteur de la mécanisation et des disparités zonales très marquées, bien qu elles s'estompent à partie de l'extrême fin du XIXe siècle.
Finalement la mécanisation de i agriculture française s'est bien réalisée, mais lente- ment, tardivement et modérément. Le mérite en revient aux "notables' ruraux qui ont donné ïexemple et stimulé la masse paysanne en organisant des concours et des expositions. Ceux-ci sont devenus efficaces à partir du moment où la paysannerie a pris conscience de /' utilité des machines et a disposé des moyens financiers nécessaires à leur acquisition.
EN:
French agricultural productivity appears to have failed to match that of its neighbours by the middle of the I9th century. This paper suggests that one of the reasons for this relative backwardness was the failure of'French farmers to adopt the new technology available to them. Mechanization, with its constant change and variations in technique, was gener- ally not taken up.
In the first part of this paper, the author surveys the development of mechanization and the manner and extent of adoption across the country. On the basis of this analysis, he suggests reasons for the uneven and hesitant quality of mechanization over time. This resulted, he suggests, not simply from the conservatism of the French farmer, his devotion to traditional patterns of production and the lack of training among farm workers. Rather, he posits, the slow adoption of these new devices resulted from the lack of entrepreneurship on the part of French implement manufacturers, the structure of agricultural holdings in the country (most of the farms being small and too expensive to mechanize), the high prices for merchandise and the existence of a large body of landless agricultural workers. An analysis of the demo-socio-economic context reveals the extent of mechanization, and variations from area to area. These differences appear to disap- pear by the end of the 19th century.
Mechanization in French agriculture did take place but the development was slow and lagged behind the performance of other Western European nations. Central to this was the role of the leading citizens in each district, who encouraged mechanization by buying this machinery and by organizing contests and exhibitions. The smaller farmers followed their lead, but only when the benefits of mechanization were proven, and the financial resources to purchase became available.
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Ramsay Cook