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Issu de sa thèse de doctorat soutenue à Lausanne en 2009, l’ouvrage de Sylvian Fachard sur la défense de la chôra érétrienne est un ajout majeur à l’étude des fortifications rurales. Son livre s’inscrit dans ce nouvel effort des archéologues et historiens qui cherchent à comprendre les frontières du monde grec et la façon dont elles étaient défendues[1]. La multidisciplinarité de son étude est le point fort de cet ouvrage qui est le résultat d’intensives prospections territoriales partout sur le territoire de l’ancienne Érétrie. Son livre est donc séparé en dix chapitres répartis en deux grandes sections : une première partie qui aborde l’organisation géographique, démographique et politique du territoire érétrien et une deuxième plus technique, qui analyse les fortifications de l’Érétriade sous différents aspects tels que la typologie, l’architecture et la datation, mais aussi leur répartition géographique et leurs fonctions. En introduction, l’auteur nous fait comprendre que son « approche par le paysage » s’opposera probablement au modèle de Joshua Ober qui lui s’intéressa aux défenses de l’Attique. Ainsi, l’Attique et le travail d’Ober reviennent souvent dans la deuxième partie de l’étude de Fachard, puisque son argumentaire sur la défense du territoire tourne autour du modèle défensif d’Ober qui est selon lui désuet.
La première partie est construite afin d’établir une référence pour la deuxième partie de l’ouvrage. Le cadre physique (géographie, habitat rural, frontières et routes), humain (démographie et populations) et les ressources de l’Érétriade sont tous abordés. Le chapitre IV, abordant les frontières, et le chapitre V, sur les voies de communication, sont à notre sens les plus intéressants de cette section. L’étude des frontières de Fachard est novatrice et donne des résultats intéressants qui s’appuient sur une combinaison de données archéologiques, épigraphiques et géographiques. L’établissement de frontières a permis à Fachard d’associer certains territoires à certaines fortifications, mais aussi de fixer les limites politiques de l’Érétriade. En ce qui a trait à l’étude des routes, l’emploi d’un système d’informations géographiques (SIG), l’utilisation de nombreuses cartes modernes ou anciennes et la prospection de terrain ont permis la création de cartes théoriques des axes de communications des différents sites archéologiques. Cette méthode, aussi innovatrice, sera assurément réutilisée dans de futures études régionales.
La deuxième section de l’ouvrage de Fachard s’ouvre avec un chapitre consacré à l’historiographie des fortifications grecques (principalement sur les défenses rurales) afin de positionner son étude dans un plus vaste contexte. S’ensuit au chapitre VIII le catalogue des sites fortifiés et au chapitre IX l’analyse des fortifications de l’Érétriade, 39 sites au total, que l’auteur sépare en quatre types : les forteresses, les habitats fortifiés (fermes et villas), les différentes tours et les fortins de pierres sèches. C’est dans son dernier chapitre, le dixième, et dans sa conclusion que Fachard nous fait la démonstration de ses résultats et qu’il rejette catégoriquement le modèle de frontières fortifiées d’Ober. Il croit et fait la preuve que les défenses rurales de l’Érétriade protégeaient les terres agricoles de la région et qu’il s’agissait d’un réseau local d’évacuation du territoire en cas de danger plutôt que d’un réseau protégeant les routes ou les frontières de la chôra. Chacune des fortifications des différents dèmes couvrait alors un rayon de 5, 5 km permettant un repli défensif et l’évacuation du territoire de façon rapide.
L’approche de Fachard est multidisciplinaire, mais elle est davantage archéologique qu’historique. Son modèle est très prudent et trouve écho dans les sources anciennes, dans les sources épigraphiques, dans les vestiges archéologiques et fonctionne de manière quasi systématique lorsqu’il est appliqué en Érétriade. Maintenant, sommes-nous en accord avec lui lorsqu’il affirme que son modèle est celui qui devait être appliqué partout à cette époque (p. 293) ? À ce sujet, nous sommes sceptiques, puisque chacune des régions de la Grèce évoluait dans des milieux géographiques, politiques et économiques tous aussi différents les uns que les autres. Il faudra donc tenter d’implanter son modèle dans les différentes régions de la Grèce, mais pour ce faire, il faudra intensifier les fouilles et la prospection archéologique en campagne. Fachard est déjà sur le coup, alors qu’il a entrepris depuis quelques années l’étude du territoire en Attique. En tant qu’archéologue se spécialisant sur les fortifications grecques, je suis impatient de connaître ses résultats, puisqu’à mon sens, La défense du territoire : étude de la chôra érétrienne et de ses fortifications est un ouvrage remarquable et Sylvian Fachard un chercheur exceptionnel.
Appendices
Note
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[1]
Pimouguet-Pédarros, Balandier, Coutsinas.