Jean-Baptiste-Louis Franquelin (1650-1712 ?). Hydrographe du Roy à Québec : son identité professionnelle en regard aux réseaux qui l’ont modulée[Record]

  • Maxime-Édouard Crête

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  • Maxime-Édouard Crête
    Candidat à la maîtrise, histoire, Université de Sherbrooke

Une magnifique et grande carte faisant l’objet de mes études s’avère un tournant majeur à la fois dans la représentation de la Nouvelle-France, à la fois dans l’école cartographique française aussi bien que dans la carrière de son auteur. Ayant pour titre Carte de l’Amérique septentrionale [sic], elle fut achevée à Québec en 1688 par Jean-Baptiste-Louis Franquelin. Effectivement : « c’est en vain, croyons-nous, qu’on chercherait à cette époque une carte aussi riche en informations de toute sorte et dessinée avec plus de soin » ; « Bien que dépréciées par les historiens, ces cartes nous semblent être de riches sources d’informations ». La problématique de départ se penchait sur Franquelin comme une étude de cas dans la construction de la connaissance. Bien que l’approche à cette problématique soit multiple, notre démarche écarte l’approche biographique. Car : « l’oeuvre de Franquelin n’a toutefois pas connu la renommée qu’elle méritait. Le fait que ses cartes soient demeurées manuscrites n’a guère attiré l’attention des historiens et des bibliographes ». Malgré un récent travail de réhabilitation à l’histoire, force est d’admettre tous les trous de mémoire qui rendent impossible la reconstitution de la vie ou la carrière de Franquelin d’un fil continu avec certitude. Par exemple, plutôt anecdotique, mais fort tangible, on aurait perdu son portrait et on ne peut affirmer la date de sa mort, assurément entre 1712 et 1730. En l’occurrence, avec Franquelin pour sujet, quelle approche serait possible en histoire des réseaux ? En quoi peut-il devenir un objet d’étude représentatif d’un réseau ou d’un autre, ses normes, ses stratégies, ses échanges ? Pour le situer ainsi, il faut connaître son identité. Ici il ne s’agit pas de savoir s’il est français ou canadien. Ce n’est pas une identité de genre, une identité générationnelle, une identité nationale, une identité culturelle, une identité dynastique ou une identité linguistique qui pourrait se prêter à cet exercice. Avec un emprunt malléable à l’identité de classe sociale et à l’identité de groupe, un regard peut être porté sur Franquelin en termes d’identité professionnelle. Donc, comment peut-on évaluer l’identité professionnelle de Franquelin en regard aux réseaux ? Hypothétiquement, on peut affirmer que Franquelin fut le premier Hydrographe du Roy en Nouvelle-France et qu’il a compté parmi une première génération de cartographes de cabinet. Le but est de trouver des points de repère à travers les sources, révélateurs d’indicateurs, selon une lecture chronologique. Parmi les sources colligées, au-delà bien sûr des cartes en elles-mêmes, les rapports de voyage ou mémoires des explorateurs vont s’avérer fort pertinents. Lesquels ont servi à Franquelin pour dresser ses cartes. Également, la correspondance coloniale et la correspondance professionnelle de Franquelin nous en apprennent sur la considération de son travail, son rôle dans l’administration coloniale et son élite, son implantation parmi les gens de métier au ministère, son implication dans la dynamique de cour à Versailles, sa tâche à accomplir, le déroulement de sa carrière. Évidemment, les annales judiciaires, les actes notariés et les archives de l’État civil ne sont pas à négliger. D’autant plus que Franquelin a eu constamment des démêlés avec la justice, une chance qui peut être révélatrice. Les auteurs présentent souvent Franquelin comme un géographe. À la lueur de nos référents culturels contemporains, on aurait raison d’évaluer le travail de Franquelin comme étant celui d’un géographe. À son époque même, Franquelin a dû remplir les mêmes fonctions qu’un géographe. Or, la charge royale qu’il reçut et qui l’a reconnu professionnellement, en titre et en traitements, fut celle d’une commission d’Hydrographe du Roy. Déjà à l’époque on distingue la charge de géographe et la charge d’hydrographe. Il faut spécifier …

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