Comptes rendus

Rannaud, Adrien. La révolution du magazine au Québec. Poétique historique de La Revue moderne, 1919-1960 (Montréal, Nota bene, 2021), 318 p.

  • Hans-Jürgen Lüsebrink

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  • Hans-Jürgen Lüsebrink
    Universität des Saarlandes (Saarbrücken)

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Cover of Volume 77, Number 4, Spring 2024, pp. 1-141, Revue d’histoire de l’Amérique française

Cet ouvrage s’inscrit dans le sillage de l’intérêt croissant, au Québec mais aussi dans d’autres cultures académiques contemporaines, pour l’histoire de la presse, un domaine situé à cheval sur l’étude de la presse et des médias, l’histoire culturelle et l’histoire littéraire, ou plus largement sur l’approche esthétique et poétologique des textes (littéraires ou non littéraires). Adrien Rannaud met délibérément l’accent, comme il l’indique dans le sous-titre de son ouvrage, sur la « poétique » et définit comme suit, dans sa conclusion, un de ses objectifs fondamentaux qui font l’originalité de son approche et de ses analyses : « L’une des hypothèses de départ consistait à poser La Revue moderne comme un creuset de la littérature où s’investissent, se répondent et s’influencent, dans la polyphonie caractéristique de la matrice médiatique, les expérimentations poétiques possibles » (p. 279). Même si la « poétique historique » qui concerne essentiellement les chapitres 2 à 4 est au centre des questionnements et des analyses de l’ouvrage, celui-ci dépasse en partie ce cadre. Après une introduction substantielle, le premier chapitre retrace en effet l’évolution de La Revue moderne entre sa création par Madeleine (pseudonyme d’Anne-Marie Gleason Huguenin) et sa fusion avec la revue Châtelaine en 1960, en distinguant six « temps » (ou périodes) de son évolution. Si ce premier chapitre, très utile et nécessaire, reste assez descriptif, les chapitres suivants ouvrent des perspectives nouvelles non seulement pour la compréhension du rôle parfois pionnier de La Revue moderne dans le paysage médiatique québécois de la première moitié du 20e siècle jusqu’à la Révolution tranquille, mais également pour de futures recherches sur la « textologie » (Pierre Rétat) de la presse périodique et en particulier sur sa dimension poétique. L’auteur s’interroge ainsi dans le chapitre 2 sur la représentation de l’actualité dans la revue, une actualité comprise dans toutes ses dimensions, des tâches quotidiennes jusqu’aux grands événements historiques, comme ceux de la Deuxième Guerre mondiale auxquels Rannaud consacre des pages très intéressantes (p. 148-160) mettant en relief la rupture, sur les plans culturel et médiatique, que représentent les années 1939 et 1940. Le chapitre 3 place en son centre la notion de « culture moyenne », théorisée notamment par Pierre Bourdieu, Faye Hammill et Michelle Smith, en analysant, de manière très pertinente, le rôle important de La Revue moderne pour la promotion d’un nouveau style d’habitation (la « maison moderne » lancée à travers différentes formules dans les années 1930) ainsi que pour la mise en place d’une « culture de la célébrité » spécifique entourant désormais en premier lieu les stars du cinéma, du sport et de la chanson. Le chapitre 4, enfin, est sans doute le plus original et le plus innovateur de l’ouvrage, sur les plans méthodologique et analytique, puisqu’il étudie l’ancrage textuel et « poétique » de l’intime dans la revue. Pour la « matrice de l’intime », comme Rannaud définit ce dispositif textuel complexe, le courrier des lecteurs (et surtout des lectrices) joue un rôle de tout premier plan. Il se révèle en effet, d’après les analyses à la fois précises et exhaustives de l’auteur, comme un mode d’interaction communicationnel privilégié entre la rédactrice (notamment « Madeleine ») et ses lectrices, et un véritable « laboratoire poétique » (p. 257). Aussi bien confidente « officielle et sérieuse » que conseillère qui « partage aux yeux de toutes — et au bénéfice de toutes - ses conseils et ses bons mots » (p. 253), s’affichant dans une posture d’amie proche et empathique, la rédactrice de cette rubrique emblématique de la revue vise en même temps à transmettre des savoirs utiles et nouveaux. …

Appendices