Comptes rendus

Mauduit, Julien. La guerre d’indépendance des Canadas. Démocratie, républicanismes et libéralismes en Amérique du Nord (Montréal et Kingston, McGill-Queen’s University Press, 2022), 368 p.

  • Louis-Georges Harvey

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  • Louis-Georges Harvey
    Université Bishop’s

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Cover of Volume 77, Number 3, Winter 2024, pp. 1-213, Revue d’histoire de l’Amérique française

Julien Mauduit examine dans ce livre une période marquée par l’instabilité et la volatilité le long de la frontière entre les États-Unis et les colonies de l’Amérique du Nord britannique. Dans le sillage des mouvements réformistes étasuniens et canadiens des années 1820 et 1830, une importante agitation transfrontalière menée par des républicains radicaux s’était développée qui se dressait contre le colonialisme britannique et dénonçait les inégalités sociales et politiques associées à l’essor du capitalisme mercantile et industriel. Les « vrais républicains » contestaient le pouvoir des grands capitalistes et des banques aux États-Unis, dont la plupart dépendaient de banques anglaises. Selon Mauduit, la « guerre d’indépendance des Canadas » aurait exercé une influence déterminante sur la politique américaine à un moment où la république était également déstabilisée à sa frontière méridionale et secouée par des divisions politiques au sujet de l’esclavage et de la nature même du fédéralisme américain. Mauduit établit le caractère transfrontalier du conflit en soulignant les bases communes de l’idéologie républicaine des patriotes canadiens et de certains groupes républicains américains. Son analyse de la critique socioéconomique des républicains radicaux à l’endroit des grands capitalistes et des banques, évoquant des questions hautement politisées aux États-Unis depuis la fin des années 1820, apporte un regard original et fort bien documenté sur le discours politique républicain des années 1830 et 1840. Mauduit insiste toutefois sur l’identité « canadienne » du mouvement républicain dans les provinces du Haut et du Bas-Canada. Il rappelle les similitudes entre divers mouvements de contestation politique dans les provinces de l’Amérique du Nord britannique et s’attarde sur les quelques cas de collaboration entre les mouvements républicains du Haut et du Bas-Canada. L’auteur souligne les affinités et la coopération entre les mouvements révolutionnaires dans les deux provinces canadiennes avant 1837. Toutefois, les preuves d’une telle collaboration active sont rares et Mauduit ne s’arrête pas sur les relations parfois tendues entre William Lyon Mackenzie et les républicains du Bas-Canada. Sur ce point, on lira avec intérêt le récent ouvrage d’Yvan Lamonde (Les colonies du Haut et du Bas-Canada avant et à l’époque des rébellions) qui révèle les limites de la collaboration entre les mouvements républicains et l’hostilité de Mackenzie envers l’idée de la création d’une République française indépendante au Bas-Canada. L’évocation de l’attachement des patriotes bas-canadiens au bilinguisme et une discussion de leur ouverture à la diversité avancée comme preuves de leur identité « canadienne » nous semblent anachroniques et paraissent mal s’arrimer à l’interprétation centrale de l’ouvrage. La description du mouvement révolutionnaire « canadien » se fonde sur un argumentaire et une documentation plus solides dès que Mauduit aborde le sort des réfugiés patriotes des deux colonies après décembre 1837. La collaboration entre les patriotes du Haut et du Bas-Canada permet de canaliser l’enthousiasme et les appuis concrets des sympathisants américains pour la cause, tout en lançant simultanément une série d’attaques sur le sol du Haut et du Bas-Canada en février 1838. À ce moment, il est possible de parler d’une « guerre pour l’indépendance des Canadas » qui se déroule sur différents fronts et nécessite une coordination entre divers intervenants. Cependant, les attaques de février 1838 montrent également le caractère improvisé de cette collaboration. Elles mettent aussi rapidement en évidence ses limites, Mackenzie ne fournissant pas le soutien promis à la campagne bas-canadienne dirigée par Robert Nelson. Le « commandement unifié » des patriotes canadiens n’arrive pas non plus à rassembler ses forces à l’automne de 1838, alors que des camps patriotes se forment au Bas-Canada, réunissant des milliers de combattants potentiels recrutés dans la clandestinité. Encore là, les révolutionnaires canadiens n’arrivent pas à …