Comptes rendus

Laxer, Daniel Robert. Listening to the Fur Trade. Soundways and Music in the British North American Fur Trade, 1760-1840 (Montréal et Kingston, McGill-Queen’s University Press, 2022), 320 p.[Record]

  • Timothy Foran

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  • Timothy Foran
    Musée canadien de l’histoire

Dans cette importante contribution à la collection « Avant le Canada » des Presses universitaires McGill-Queen’s, Daniel Robert Laxer explore les fonctions sociales et culturelles du son, de la musique et de la danse dans la traite des fourrures alors que cette dernière s’étend rapidement au nord de l’Amérique du Nord, au cours de la seconde moitié du 18e siècle et de la première moitié du 19e. Laxer soutient que le son, la musique et la danse ont constitué des plateformes essentielles pour une interaction pacifique et créative entre des personnes provenant de divers horizons linguistiques, ethniques, culturels et socioéconomiques. Ils auraient ainsi contribué à établir les relations interpersonnelles, à renforcer les liens réciproques et à bâtir la confiance mutuelle dont dépendait la traite des fourrures. Laxer développe cet argument sur huit chapitres bien écrits, chacun d’entre eux se concentrant sur une « soundway » (une pratique de production, d’interprétation ou d’interaction avec le son) particulière. Son premier chapitre examine l’utilisation des armes à feu comme dispositifs de signalisation à longue distance et comme moyen de saluer et de célébrer parmi (et entre) les commerçants de fourrures, les voyageurs et les peuples autochtones. Les chapitres 2 et 4 mettent l’accent sur le rôle central du chant et de la danse dans les rencontres diplomatiques entre les peuples autochtones et les commerçants. Le troisième chapitre retrace la diffusion des instruments de musique militaires européens (principalement des tambours mais aussi des instruments à vent) dans le réseau de transport de la traite des fourrures et leur intégration complexe dans les cultures musicales autochtones. Le chapitre 5 traite des rituels sonores pratiqués par les voyageurs à des endroits importants le long de la route de canot de Montréal aux Grands Lacs, soulignant le rôle des chansons, des récitations et des contes pour aider les voyageurs à interpréter et à interagir avec le paysage. Les « chansons d’aviron » sont au centre du chapitre 6, qui révèle comment ces chansons ont fonctionné non seulement pour donner le rythme et synchroniser les coups de pagaie des voyageurs, mais également pour renforcer les liens entre les membres de l’équipage et pour promouvoir les échanges interculturels. Le chapitre 7 examine les perceptions des commerçants quant aux chants de chasse et de guérison interprétés par leurs guides, hôtes et partenaires autochtones. Enfin, le chapitre 8 souligne l’importance de la musique de danse, en particulier les reels au violon, dans les opérations de la traite comme moyen de dépasser les divisions de race, de classe et de sexe. À la base de ces chapitres se trouve un corpus impressionnant de sources. Bien qu’il puise dans certains documents d’archives et fasse occasionnellement référence à des artefacts dans les collections de musées, Laxer s’appuie massivement sur des récits publiés par des commerçants de fourrures (récits qui sont, assez bizarrement, tous regroupés parmi les études dans sa bibliographie). Il est à son meilleur niveau d’analyse lorsqu’il accorde une attention soutenue à des sources individuelles ou à de petites collections de sources primaires. En effet, le point culminant du livre est son traitement de la collection Ermatinger, qui comprend les paroles et la notation musicale de 11 chansons d’aviron transcrites par le commerçant Edward Ermatinger dans les années 1820 et publiées par le folkloriste et anthropologue Marius Barbeau en 1954. Grâce à un examen minutieux de cette petite collection, Laxer révèle les stratégies complexes utilisées par les voyageurs pour modifier les chansons populaires de France et du Canada afin de répondre aux exigences physiques, psychologiques et émotionnelles des longs voyages en canot et pour permettre aux membres d’équipage autochtones de …