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Au cours de ses cent cinquante ans d’histoire, le 12e Régiment blindé du Canada s’est distingué par maints faits d’armes. Ses honneurs de bataille, au nombre de 13, vont de la bataille d’Amiens lors de la Première Guerre mondiale au conflit en Afghanistan en 2012. Symbole de ces hauts faits, le guidon du régiment expose fièrement le nom de la majorité de ces batailles, dont plusieurs se rapportent à la Seconde Guerre mondiale. Cette mémoire, dont l’éloge est bien ancré dans la tradition militaire, mérite une place dans l’historiographie.
L’ouvrage collectif sous la direction du lieutenant-colonel à la retraite Stéphan LeBlanc retrace avec soin les faits saillants du « douzième ». Relevant le même défi qui avait inspiré l’historien Jean-Yves Gravel en 1981, l’équipe de recherche et de rédaction a su effectuer un travail minutieux afin de brosser un portrait non seulement de l’activité de cette unité, mais aussi du contexte historique et militaire en constante transformation dans lequel elle évolue. Ce volume offre une multitude de détails sur les événements marquants du passé, en plus de participer à la mise à jour de l’historiographie en relatant les contributions militaires récentes. L’ouvrage se divise en six chapitres composant un récit chronologique.
Les trois premiers chapitres sont rédigés par l’historien Daniel Robert, ancien membre du régiment et directeur du Musée militaire qui lui est consacré au manège militaire de Trois-Rivières. Les chapitres 1 et 2 sont consacrés à la période précédant la fondation du régiment. Le premier couvre la période de la Nouvelle-France. Daniel Robert y traite évidemment des troupes régulières de l’armée française en place, notamment le régiment de Carignan-Salières, mais porte habilement l’attention sur l’importance de la milice coloniale comme prémices de l’activité militaire trifluvienne. Les conflits avec les Iroquois sont mis en avant, puis la guerre de la Conquête. Cette dernière nous mène au second chapitre qui fait état des faits militaires sous le Régime britannique. Les conflits entre les Treize colonies et les Britanniques font de la colonie nouvellement conquise un lieu d’affrontements. L’auteur ne manque pas de souligner les contributions civiles, dont celle du cultivateur Antoine Gauthier, qui fait prévenir les troupes britanniques de l’arrivée des « Bostonnais » lors de la bataille de Trois-Rivières en 1776. Les belligérants s’affrontent de nouveau lors de la guerre de 1812. La participation des Canadiens à ce conflit et aux suivants, tels la guerre de Crimée et les raids des fenians, est aux sources de la création de l’armée canadienne.
C’est au troisième chapitre que le récit du régiment de Trois-Rivières débute. Le 24 mars 1871, le Three Rivers Provisionnal Battalion of Infantry est mis sur pied. Lorsque l’unité atteint le nombre de six compagnies, elle obtient sa permanence sous le nom de 86th Three Rivers Battalion of Infantry. Celui-ci acquiert officiellement le statut de régiment en 1900. Lors de la Première Guerre mondiale, le 178e Bataillon est créé et plusieurs de ses membres francophones participent à la bataille d’Amiens du 8 au 11 août 1918. En 1921, le 86e, portant maintenant le nom de Three Rivers Regiment, est désigné pour perpétuer la mémoire du 178e Bataillon, ainsi que son honneur de bataille « Amiens ».
Le quatrième chapitre, dont l’auteur est Ghyslain Raza, conservateur au Musée militaire depuis plus de dix ans, est consacré à la Seconde Guerre mondiale. Ce conflit, sans doute l’un des plus marquants de l’histoire du régiment, est décrit avec exactitude. En tant qu’unité blindée, le régiment de Trois-Rivières obtient à l’occasion de ce conflit 10 honneurs de bataille. Il est mobilisé en 1939, à la suite de l’entrée en guerre du Canada. Une période d’entraînement se déroule d’abord à Trois-Rivières, à Montréal, puis au camp Borden en Ontario. En juin 1941, le régiment part pour l’Angleterre, où il poursuit son entraînement pendant deux ans. En juillet 1943, il prend part aux combats en Sicile, puis il participe à la campagne d’Italie jusqu’en mars 1945. Il combat ensuite aux Pays-Bas jusqu’à la victoire des Alliés.
Une partie du chapitre suivant est rédigée par Richard Aubry. Auteur d’expérience, cet ancien membre du régiment ayant servi pendant la période couverte maîtrise bien son sujet. C’est une période de nombreux changements. De retour au Canada, le régiment a pour rôle d’assurer la sécurité intérieure du pays. Puis, en tant que milice, il remplace la force régulière lorsqu’elle est à l’étranger et constitue pour elle une source de renforts entraînés. Le général Jean-Victor Allard, premier francophone nommé chef d’état-major de la Défense en 1966, a à coeur la défense de l’utilisation du français dans les Forces armées canadiennes. Le 6 mai 1968, le régiment prend l’appellation de 12e Régiment blindé du Canada. À cette même date, une seconde unité du même nom appartenant à la force régulière est formée à Valcartier. La présence croissante des femmes au sein du régiment constitue aussi un changement marquant au cours de cette période.
Une partie de ce même chapitre 5 ainsi que le chapitre 6 sont rédigés par le capitaine Pierre-Olivier Lair, historien et officier du régiment depuis une douzaine d’années. Cette expérience militaire apporte à l’auteur une grande connaissance des enjeux et faits récents. Le dernier chapitre est consacré à la période allant de 1996 à aujourd’hui. Durant cette période, le régiment apporte sa contribution à de nombreuses opérations d’aide au Canada, que ce soit lors d’inondations ou durant la crise du verglas au Québec en 1998. La force régulière du régiment est aussi appelée outre-mer par l’OTAN pour participer aux opérations en Bosnie. Sur un autre front, le régiment est déployé en Afghanistan en juillet 2004. En 2012, il obtient un nouvel honneur de bataille pour sa participation à cette guerre.
Cette étude historique est empreinte d’attachement, d’appartenance et de fierté envers le 12e Régiment blindé du Canada. L’équipe de rédaction, choisie en fonction de son expertise et de ses liens avec le régiment, offre à ce dernier un bel hommage dans le cadre de la commémoration de son 150e anniversaire. Le bénéfice pour l’historiographie, tant celle du fait militaire que celle de Trois-Rivières, est significatif.