L’architecture, dans ses différentes échelles, depuis le territoire aux intérieurs des bâtiments, organise l’occupation et la mise en valeur, ou l’exploitation, du territoire. C’est le pendant matériel du cadre légal et administratif qui fixe les conventions gouvernant colonisateurs et colonisés. L’ampleur du legs bâti, et des archives qui fixent sa conception, témoigne des ressources investies selon les circonstances de chaque aventure coloniale. En cela, l’ouvrage de M. Bailey apporte une documentation qui donne à la fois la mesure des intentions communes, mais aussi des résultats contrastés selon chacun des établissements français du monde atlantique. Cet écart entre l’idéal et le réel est une contribution de l’histoire de l’architecture à l’histoire sociale, économique ou politique. Lorsque M. Bailey évoque, dans sa réplique à mon commentaire, l’esclavage en Nouvelle-France, qui est connu et quantifié, il n’est pas possible d’en comparer l’ampleur et l’impact avec les Antilles, notamment sur la construction du paysage colonial. L’architecture offre justement une mesure concrète du phénomène au-delà du cadre légal ou social. Dans sa réplique, M. Bailey clarifie le projet traité par cet ouvrage monumental qui, malgré son objectif annoncé, porte en fait trois volumes. Le premier sujet déclaré explore l’architecture institutionnelle française, celle du Roy et de l’Église catholique sous l’Ancien Régime grâce à une recherche sur le terrain et une comparaison des riches archives coloniales. Un second déborde sur le XIXe siècle et le domaine vernaculaire ou les transformations de l’architecture institutionnelle. Enfin, un troisième propose une mise en contexte parallèle de l’architecture et des stratégies économiques de l’expérience coloniale française avec d’autres puissances européennes. Pourquoi réunir ces trois sujets ? La réponse de M. Bailey est limpide : c’est que l’ouvrage documentaire porte une thèse affirmée dans le jugement sévère sur l’expérience coloniale française. Je ne saisis pas encore comment l’auteur arrive à cette condamnation, mais je vois là le thème d’un essai.