Abstracts
Résumé
Cet article analyse le rôle intellectuel de Claude Ryan dans une transformation culturelle de grande envergure au sein de l’Action catholique au Québec de 1945 à 1958. Durant ces années, la pensée de Ryan fut fortement influencée par de nouveaux courants de théologie catholique et la psychologie sociale dominant l’horizon de nombreux intellectuels américains. Sous son inspiration, l’Action catholique abandonne progressivement sa préoccupation initiale avec la réforme sociale, dominée par la « question des travailleurs » et la notion de la jeunesse comme classe à part dans la société moderne, pour une inquiétude centrée sur la classe moyenne québécoise, une orientation plus psychologique, centrée sur l’existence des mentalités religieuses et culturelles conflictuelles. Dès le milieu des années 1950, Ryan décerna dans ce conflit un vecteur dynamique de la sécularisation, mais il demeura plutôt optimiste que ces contemporains trouveraient, par le biais d’un catholicisme plus centré sur le spirituel, les ressources culturelles pour surmonter ce qu’il identifiait comme la « crise de l’adolescence » du Canada français.
Abstract
This article explores the intellectual role played by Claude Ryan in a key cultural shift that occurred in Quebec’s Catholic Action between 1945 and 1958. Influenced by new currents of Catholic theology and American social psychology, Ryan sought to move the organization from a preoccupation with social reform, dominated by the “labour question” in which youth was defined as a separate class in modern society, to a more psychological concern with clashing religious and cultural mentalities, centred on Quebec’s rising middle class. In so doing, Ryan discerned a powerful vector of secularization, but remained hopeful that his contemporaries would find, in a more spiritually-conscious Catholicism, the cultural resources by which to navigate what he identified as the “adolescent crisis” of French Canada.