Abstracts
Résumé
Cet article propose de revisiter un événement historique déjà étudié, l’émeute de Lachine de 1812, en mettant l’accent sur le rôle, sur le profil social et sur les réseaux de relations des principaux acteurs de cette contestation populaire contre la conscription de miliciens dans l’ouest de l’île de Montréal au début de la guerre de 1812. Les études consacrées à cette émeute ont, malgré leurs divergences sur le bien-fondé de l’action des émeutiers, présenté un monde rural coupé de la ville pourtant proche, de ses idées et de ses réseaux d’information. De plus, ces études ont négligé de manière générale la question du mode d’organisation politique et de la direction de ce type de révoltes populaires. L’opposition des paysans à la conscription était assimilée à une réaction spontanée d’habitants plus ou moins conscients de la portée réelle de leur action. Nous proposons de renverser cette perspective en mettant à l’avant-scène l’étude du groupe d’individus, dont certains sont des membres de l’élite locale, qui assurent la coordination de cette émeute. En somme, nous voulons montrer la dimension organisée et surtout hiérarchisée de cette contestation, de même que son insertion dans des horizons plus larges que celui de la communauté locale.
Abstract
This article sets out to revisit an historical event that has already been studied, the 1812 Lachine riot, by emphasizing the role, social profile and networks of the principal actors in the event, a popular protest against militia conscription in the western part of Island of Montreal at the outset of the War of 1812. Existing studies devoted to the riot, while disagreeing on whether the participants were justified in their actions, all present Lachine as a rural society cut off from the nearby town, its ideas and its information networks. What is more, these studies generally fail to examine the mode of political organization and the leadership of a popular revolt of this kind. The peasantry’s opposition to conscription is assumed to have been a spontaneous reaction on the part of inhabitants scarcely conscious of the wider implications of their actions. The alternative perspective proposed here involves focusing on the group coordinating the riot, some of whose members belonged to the local elite. The aim of the article is therefore to show how the protest was well organized and involved a hierarchy of groups. It was also open to wider horizons which extended beyond the local community.