Comptes rendus

FLEMING, Patricia, Gilles GALLICHAN et Yvan LAMONDE, dir., Histoire du livre et de l’imprimé au Canada, 1 : des débuts à 1840 (Montréal, Presses de l’Université de Montréal, 2004), 566 p.[Record]

  • Louis-Georges Harvey

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  • Louis-Georges Harvey
    Département d’histoire
    Université Bishop’s

D’entrée de jeu, les textes de la première partie du recueil révèlent que l’histoire de l’imprimé est ici considérée dans sa perspective la plus large. Regroupés sous la rubrique « L’Imprimé et le Nouveau Monde », ils touchent aux représentations de l’Amérique et de ses habitants dans les imprimés européens (C. Blais et I. S. McLaren), à la présence des imprimés dans la Nouvelle-France (C. Blais) et aux traditions iconographiques des peuples autochtones (C. Jaenen). Comme « Étude de cas », Gilles Gallichan nous présente la plus importante collection de livres de la Nouvelle-France, celle de la bibliothèque des jésuites. Ces premiers articles montrent tout l’intérêt de l’histoire de l’imprimé et des modes de communication avant 1760, même si aucun atelier d’imprimerie n’a été établi en Nouvelle-France. Dans la deuxième et la troisième parties du volume, les chapitres regroupés sous les rubriques « L’imprimerie en Amérique du Nord britannique » et « La diffusion du livre et de l’imprimé » explorent les multiples étapes de la production et de la diffusion de l’imprimé dans le Canada d’avant 1840. Dans « Les Chemins de l’innovation », des articles de Jean-Pierre Wallot et John Hare, de Claude Galarneau et Gilles Gallichan et de Patricia Fleming retracent l’implantation des ateliers d’imprimerie dans les diverses sociétés coloniales de l’Amérique du Nord britannique. La section se clôt sur un texte de Sandra Allston et Jessica Bowslaugh qui offre un aperçu quantitatif des métiers de l’imprimerie et du nombre de titres parus au Canada avant 1840. Dans la troisième partie, il est question des réseaux de la mise en marché du livre et des premières bibliothèques. Yvan Lamonde et Andrea Rotundo y décrivent les diverses stratégies adoptées pour commercialiser l’imprimé, analysent les catalogues d’encans de l’époque et traitent de l’émergence des librairies. Dans la même section, le septième chapitre touche aux bibliothèques de collectivités, aux bibliothèques professionnelles et aux bibliothèques parlementaires. Sous la rubrique « Lecteurs et collectionneurs », les directeurs ont retenu des articles sur l’alphabétisation et les usages de l’écriture dans le Nord-Ouest, sur les ex-libris et sur les bibliothèques personnelles. Cette section paraît moins cohérente que les autres, malgré que certains des textes soient d’une très grande originalité (celui de F. R. Beaulieu sur les ex-libris en Nouvelle-France, par exemple). La cinquième partie du livre porte sur « Les usages de l’imprimé » et regroupe des articles sur « L’imprimé au quotidien » (chapitre 10), « Le livre populaire » (chapitre 11) et « Les imprimés de diverses communautés » (chapitre 12). Cette partie du livre résume des champs de recherche très bien développés au Canada et au Québec, car elle traite des journaux, des almanachs et des manuels scolaires. Le chapitre dix ne contient que deux textes sur les journaux, la forme la plus répandue de l’imprimé dans la société coloniale. Il est bien sûr question des journaux dans d’autres sections de l’ouvrage, mais à l’exception du texte de Gérard Laurence sur le Bas-Canada et de quelques graphiques, nous n’avons pas droit à une vue d’ensemble de l’évolution de la presse coloniale. La place faite au « livre populaire » s’avère plus appropriée : Paul Aubin aborde le livre scolaire dans le contexte de la Nouvelle-France et du Bas-Canada, alors que Sarah Brouillette a repris le même thème pour les colonies anglaises. Le résumé de Raymond Brodeur sur le livre religieux nous paraît un peu mince, mais il réussit à y intégrer toutes les colonies et plusieurs congrégations. Les imprimés parus en langues autochtones, en allemand, en gaélique ou en traduction sont le sujet des articles publiés dans le chapitre douze. Parmi …