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La publication du Dictionnaire biographique des évêques catholiques du Canada offre aux historiens et plus généralement aux chercheurs un ouvrage de référence de premier plan. Cette publication vient combler une lacune importante et prend le relais d’ouvrages moins ambitieux, qui ont rendu service en leur temps, mais qui étaient aujourd’hui dépassés. On songe en particulier à l’édition maison de Évêques catholiques du Canada, publiée par le Centre de recherche en histoire religieuse du Canada, en 1980, et l’Armorial des évêques du Canada de G. Brassard (1940).
Cet ouvrage comporte deux parties. La première, consacrée au cadre administratif et historique, se divise en sept sections fort inégales. La première (p. 29-34) présente une chronologie sommaire de l’établissement des circonscriptions ecclésiastiques au Canada. Quant à la deuxième, plus élaborée (p. 35-123), elle donne brièvement, pour chaque diocèse canadien, des informations factuelles au sujet de son érection et fournit ensuite la liste de ses évêques depuis sa fondation. Les informations de cette partie comprennent la date d’érection du diocèse, l’évolution de l’appellation du diocèse, de ses frontières, de la localisation de son siège ou de son appartenance à une province ecclésiastique. Enfin, pour chaque diocèse, on trouve une référence aux sources et des orientations biographiques renvoyant aux monographies réalisées sur chacun des diocèses présentés. La troisième section (p. 125-133) donne une liste alphabétique des noms, accompagnés de renseignements sommaires, des Canadiens devenus préfets apostoliques ou évêques à l’étranger, des évêques étrangers ayant vécu ou oeuvré au Canada ou des cas (connus) de refus de l’épiscopat (ce qui est plus difficile à documenter dans la plupart des cas). Il s’agit là d’une section présentant un intérêt particulier, car souvent, les dictionnaires biographiques des évêques ne présentent pas les Canadiens ayant été évêques à l’étranger. On trouvera des informations biographiques plus développées relatives à toutes les personnes nommées ici dans la partie biographique du dictionnaire. La quatrième section (p. 135-223) dresse une liste des évêchés et archevêchés titulaires (situés à l’étranger ou in partibus infidelium) occupés à un moment ou à un autre par un Canadien qui, bien qu’évêque, n’avait pas la charge d’une Église au Canada et, de ce fait, n’y occupait pas un siège. C’est le cas, par exemple, des Canadiens nommés évêques auxiliaires, des évêques démissionnaires ou à la retraite ou des évêques qui oeuvraient à la curie ou dans le service diplomatique du Vatican. On trouve rassemblées ici des informations qui ne sont généralement pas faciles d’accès. Pour chacun de ces évêchés on trouve la localisation, quelques éléments historiques et le nom des Canadiens qui ont obtenu ce titre et la période durant laquelle ils en ont assumé la charge. La section V (p. 225-228) répartit par ordre religieux les membres de l’épiscopat canadien appartenant à un ordre religieux. Cette compilation permet de voir que ce sont les Oblats de Marie-Immaculée qui comptent le plus de membres canadiens dans l’épiscopat, suivis des Pères Blancs, des Sulpiciens et des Franciscains. On aurait pu imaginer que cette section répartisse également les évêques canadiens en fonction de leur diocèse d’origine, ce qui aurait permis de voir que certains diocèses ont constitué de véritables pépinières d’évêques. La sixième section (p. 229-272) présente les diverses formes de représentation du Saint Siège au Canada : les précurseurs, les délégations spéciales et les délégations permanentes à partir de 1899. On trouve par la suite une biographie élabo-rée, suivie de références bibliographiques, pour chacun des représentants du Saint Siège au Canada. Intercalée au milieu de cette section (p. 248-249), on trouve une appréciation historique, sur la base des travaux de Perrin et de Sanfilippo, des délégations permanentes du Saint Siège au Canada. Un index onomastique (p. 273-279) complète cette première partie et en constitue la dernière section.
La deuxième partie, beaucoup plus volumineuse (p. 283-881), présente des biographies fort bien construites et très bien documentées de tous les évêques mentionnés dans la première partie, à l’exception des délégués apostoliques dont les biographies se trouvent en première partie. En plus des informations factuelles de base, chaque biographie comporte généralement un paragraphe qui fournit une appréciation de la personnalité et de l’oeuvre de chacun des évêques. Chacune des bibliographies est suivie d’une présentation des sources, des oeuvres (au moins les plus importantes) et des études portant sur le personnage en question. L’information est rigoureuse, précise et exacte.
Ce Dictionnaire constitue un ouvrage de référence de première importance et présente une mine d’informations utiles à tous chercheurs dans le domaine. L’information est sûre et nous n’avons repéré que quelques erreurs de détails, ce qui est bien peu dans un ouvrage qui collige un aussi grand nombre de renseignements à partir de sources parfois contradictoires. Il faut reconnaître que le travail sur les sources — fort abondantes — est colossal et, lorsqu’on connaît les difficultés que représente une telle compilation, on doit reconnaître que l’auteur a fait véritablement oeuvre de bénédictin. Il s’agit d’un ouvrage soigné reposant sur un travail considérable. Chaque biographie est fouillée et les informations rassemblées ici sont impressionnantes. La présentation est de grande qualité, même si on a regretté l’absence d’iconographie. On aurait pu, dans la première partie, présenter une carte du Canada avec les diocèses et les provinces ecclésiastiques, voire une carte pouvant témoigner de l’évolution, de siècle en siècle, des circonscriptions ecclésiastiques. Cela aurait rendu plus compréhensible, au chercheur débutant, la lecture de certaines sections de la première partie. Dans la deuxième partie, les biographies auraient pu être accompagnées d’une photo des évêques en cause, ce qui est relativement simple aujourd’hui. On a préféré, pour les photos et les armes, renvoyer à l’Armorial des évêques du Canada pour la période antérieure à 1948 et à d’autres sources, dispersées, pour la période suivante. La navigation dans l’ouvrage est simple. L’index des noms propres à la fin de la première partie facilite la recherche et la présentation alphabétique de l’ensemble permet de s’y retrouver facilement.
Bien sûr, un tel ouvrage devient vite dépassé par l’actualité. On ne peut donc que souhaiter une mise à jour continue du Dictionnaire, soit sur le Web, soit sous une autre forme. On ne peut aussi que souhaiter, à moyen terme, sa publication électronique.
Bref, il s’agit d’un ouvrage d’une grande qualité dont il faut souligner la parution. Toute bibliothèque, laboratoire ou centre de recherche voudra se procurer cet ouvrage de référence de première importance. Les chercheurs auront recours avec bonheur à un tel instrument de recherche qui se révélera vite indispensable.