Comptes rendus

BETCHERMAN, Lita-Rose, Ernest Lapointe. Mackenzie King’s Great Quebec Lieutenant (Toronto, University of Toronto Press, 2002), 426 p.[Record]

  • John Macfarlane

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  • John Macfarlane
    Défense nationale

Ce livre fournit une excellente description des événements marquants dans la vie de l’homme « extraordinaire » que fut Ernest Lapointe. L’ouvrage de madame Betcherman commence avec la carrière politique de l’homme d’État (élu en 1904) et la période importante de la Première Guerre mondiale. La carrière de Lapointe débute véritablement lorsque William Lyon Mackenzie King est choisi chef du parti à la convention du Parti libéral de 1919. En reconnaissance de l’aide apportée à King, Lapointe devient ministre de la Pêche en 1921 et ministre de la Justice en 1924, au départ de Lomer Gouin, son rival québécois. L’auteur présente ensuite la période qui s’étend jusqu’à 1926, caractérisée par les divisions au sein du « bloc » québécois, par la question des écoles bilingues et par les grandes conférences de 1926 (impériale), de 1927 (Dominion-Provincial) et de 1929 (Operation of Dominion Legislation). Battu en 1930, le Parti libéral revient au pouvoir en 1935. Les affaires internationales seront alors de première importance dans l’ordre du jour de l’homme politique : la lutte contre Maurice Duplessis sur la réaction contre le communisme international, la crise en Éthiopie en 1935, Munich en 1938, le chemin vers la déclaration de guerre en 1939 ainsi que l’intervention de Lapointe à l’élection québécoise de 1939, la loi sur la mobilisation des ressources et les relations avec le gouvernement de Vichy. Pendant cette dernière période, jusqu’à son décès en 1941, Lapointe a voulu faire entendre la voix du Québec à Ottawa, en plus de communiquer les décisions d’Ottawa aux Québécois. Malgré sa bonne description des événements et une connaissance approfondie de quelques sujets traités, l’auteure ne semble pas très bien intégrer les résultats des dernières recherches sur cette période de l’histoire canadienne, et son analyse en souffre. Dans les notes de références, les citations du journal de Mackenzie King ne manquent pas, mais on trouve peu de références provenant d’études récentes. Madame Betcherman a intégré diverses interprétations d’ouvrages nouveaux dont le très intéressant Ernest Lapointe and Quebec’s Influence on Canadian Foreign Policy publié en 1999, mais généralement, elle emprunte ses interprétations à des livres plus anciens. Par exemple, citant un livre sur King de 1955, elle affirme que Rodolphe Lemieux a appuyé King en 1919, alors que l’excellente biographie de René Castonguay, publiée en 2000, démontre que Lemieux a plutôt appuyé Fielding. Parfois, les interprétations désuètes coexistent avec les plus récentes. Prenons pour exemple trois éléments de la relation entre King et Lapointe. D’abord, pourquoi le premier ministre aurait-il écouté Lapointe ? Avec raison, l’auteure note que King n’avait guère le choix que d’écouter cet excellent orateur, la personne à qui le Parti libéral devait son succès au Québec ; si King l’ignorait sur des questions importantes, Lapointe avait aussitôt recours à la menace de démission. Pourtant, en même temps, madame Betcherman affirme que King était convaincu que Lapointe ne démissionnerait pas — ce qui invalide sa première interprétation. D’ailleurs, l’auteure explique, dans le chapitre intitulé « King-maker » (un très bon titre), que Lapointe a choisi King ; mais elle dit vers la fin que King a « trouvé » Lapointe et fut donc un Lapointe-maker. Il est difficile d’affirmer les deux choses simultanément. Deuxièmement, Lapointe et King ont-ils partagé la même vision du pays ? Dans presque tous les chapitres, Lita-Rose Betcherman mentionne avec raison les divergences d’opinion. Du même souffle, elle affirme que les différences furent très rares entre « les âmes soeurs (soulmates) »..., expression qu’elle utilise une trentaine de fois en décrivant « l’harmonie parfaite » entre les deux hommes. Si les divergences d’opinion avaient été …