Prix littéraires de l’Institut d’histoire de l’Amérique française[Record]

Le 18 octobre dernier, dans le cadre de son 55e congrès annuel, tenu à l’hôtel Delta à Sherbrooke, l’Institut d’histoire de l’Amérique française procédait à la remise de ses prix littéraires. Doté d’une bourse de 5000 $, le Prix Lionel-Groulx — Fondation Yves-Saint-Germain est le plus prestigieux des prix offerts par l’Institut d’histoire de l’Amérique française. Il récompense le meilleur ouvrage paru en 2001, portant sur un aspect de l’histoire de l’Amérique française et s’imposant par son caractère scientifique. Gervais Carpin a mérité le Prix Lionel-Groulx pour son étude des mouvements migratoires de la France vers la Nouvelle-France entre 1628 et 1662 intitulé Le réseau du Canada. Étude du mode migratoire de la France vers la Nouvelle-France (1628-1662), publié chez Septentrion et aux Presses de l’Université de Paris-Sorbonne. Il met finement en relief le rôle de Richelieu, de la Compagnie de la Nouvelle-France et des agents recruteurs pour venir ainsi compléter l’historiographie de l’immigration au xviie siècle. On retient son approche novatrice à partir du concept de réseau pour appréhender le processus migratoire des quelque 7000 départs qu’il a retracés. Les spécialistes en Nouvelle-France seront reconnaissants à Gervais Carpin d’avoir apporté un éclairage nouveau sur un sujet de grand intérêt. L’auteur est détenteur d’un doctorat en histoire de l’Université Laval et ce livre est tiré de sa thèse soutenue en 1999. En 1995, il a publié, aux Éditions du Septentrion, Histoire d’un mot. L’ethnonyme « Canadien » de 1535 à 1691. Offert par la famille Frégault et d’une valeur de 1000 $, le Prix Guy-Frégault couronne le meilleur article publié dans le volume 55 (2001-2002) de la Revue d’histoire de l’Amérique française. De plus en plus les spécialistes en histoire confrontent les représentations d’un événement ou d’un peuple et la réalité, en autant que celle-ci puisse se laisser cerner. Un des thèmes ainsi déconstruit est l’antimodernisme québécois. L’article de James Murton, « La “Normandie du Nouveau Monde” : la société Canada Steamship Lines, l’antimodernisme et la promotion du Québec ancien », retrace la construction du mythe de l’habitant québécois, construit par la publicité d’une compagnie maritime destinée surtout aux Américains et encouragée par le développement de l’artisanat, dans le but de répondre aux exigences du marché touristique. Une étude originale, fouillée et qui laisse voir un passé complexe dont l’interprétation n’est pas sans conséquences aujourd’hui. D’une valeur de 1000 $, le Prix Michel-Brunet couronne le meilleur ouvrage publié depuis moins de deux ans par un historien ou une historienne québécoise de moins de 35 ans. Depuis quelques années de nombreux historiens et historiennes sont passés de la mémoire recelée dans les archives à celle des paysages. Cette année, ce prix est décerné à une jeune historienne qui a su faire parler les pierres du paysage bâti : celles du quartier Saint-Roch à Québec. Dans La mémoire du paysage. Histoire de la forme urbaine d’un centre-ville : Saint-Roch, Québec, publié aux Presses de l’Université Laval, Lucie K. Morisset interroge, de la Nouvelle-France à nos jours, les murs, les cimetières, les maisons et les usines ainsi que leurs représentations cartographiées, gravées puis photographiées qui se superposent, pour en dégager « comme un palimpseste » selon l’expression de l’auteure. Une superbe exploitation de l’iconographie illustre les transformations, les stratifications vécues par un quartier devenu vivant sous la plume de Lucie Morisset. Historienne d’architecture, Lucie K. Morisset est professeure au département d’études urbaines et touristiques de l’Université du Québec à Montréal. Elle a signé plusieurs ouvrages et articles sur l’architecture et sur l’histoire de la forme urbaine au Québec. Le Prix Maxime-Raymond a été créé par la Fondation …