Cet ouvrage est l’aboutissement d’un projet de recherche réalisé par une équipe de chercheurs acadiens et québécois sous la direction de Fernand Harvey, professeur titulaire de la Chaire Fernand-Dumont sur la culture, de l’INRS-Culture et Société (Université du Québec) à Sainte-Foy et de Gérard Beaulieu, professeur au département d’histoire et de géographie de l’Université de Moncton. L’objectif central du livre est de présenter une vue d’ensemble de l’évolution des relations Québec-Acadie à partir de la « Renaissance acadienne » jusqu’à nos jours (1880-2000). Puisque ces relations ont connu une série de transformations importantes au cours de la période, les auteurs ont divisé l’ouvrage en deux parties. La première se penche sur l’époque des relations traditionnelles au sein du Canada français, tandis que la seconde présente l’époque de la modernité politique et culturelle contemporaine à partir des années 1960. Ils accordent plus d’importance à l’étude de la période contemporaine, car il y a alors intensification et diversification des relations Québec-Acadie. Selon les auteurs, « la proximité géographique, le partage d’une langue commune et des cheminements historiques tantôt parallèles, tantôt convergents fondent et caractérisent plus que tout autre aspect les relations entre le Québec et l’Acadie » (p. 9). Ainsi, le livre accorde une place centrale à la culture par le biais de la langue, de l’historiographie, de la littérature et des arts. Les auteurs souhaitent que leur ouvrage « permette de dépasser les lieux communs sur les relations entre le Québec et l’Acadie et contribue à faire découvrir toute la richesse et la complexité de ces relations en transformation constante » (p. 10). La première partie du livre, « Les relations traditionnelles entre le Québec et l’Acadie », présente trois chapitres. L’étude de Fernand Harvey se penche sur l’histoire de l’Acadie telle qu’écrite par des historiens canadiens-français avant 1960. Il s’intéresse à l’interprétation que ces historiens faisaient du passé acadien. Harvey démontre que cette historiographie n’est pas aussi homogène qu’on aurait pu le croire. En effet, il existe certains clivages entre les historiens selon qu’ils soient laïques ou religieux, disciples de l’école de Groulx, nationalistes modérés, anglophiles ou encore loyalistes. Le débat entourant la Déportation illustre bien ces clivages. Mais, poursuit Harvey, « il en existe un autre plus subtil qui met en cause les rapports entre les élites québécoises et celles de l’Acadie autour de la question identitaire » (p. 48). Léon Thériault analyse la question de l’identité acadienne à travers la perception que les élites acadiennes avaient du Québec. Selon l’historien, les éléments clés qui dominent les relations Acadie-Québec entre 1880 et 1960 sont l’affirmation de la nationalité acadienne mais souvent la méfiance des Acadiens à l’endroit du Québec. Ainsi, malgré le fait que l’Acadie a « beaucoup reçu » du Québec, malgré les nombreux contacts et les causes communes, les relations « manquent de chaleur ». L’auteur s’interroge sur les origines de cette méfiance. « Faut-il en rechercher l’origine dans la situation de minoritaires des uns et dans celle de majoritaires des autres ? Qui nous le dira ? » (p. 71). Neil Boucher s’intéresse aux relations entre les Acadiens de la Nouvelle-Écosse et le Québec, plus particulièrement sur les plans de la religion, de l’éducation et des manifestations patriotiques. Dans le domaine religieux, de nombreux prêtres québécois ont desservi les paroisses acadiennes jusqu’au début du xxe siècle et ont contribué à la formation du clergé acadien. En éducation, le Québec a formé plusieurs générations de professeurs acadiens. De plus, grâce à des bourses d’étude, de jeunes Acadiennes ont pu poursuivre leurs études dans des écoles ou des instituts d’arts ménagers au Québec. Quant aux manifestations patriotiques, …
HARVEY, Fernand et Gérard BEAULIEU, dir., Les relations entre le Québec et l’Acadie de la tradition à la modernité (Sainte-Foy/Moncton, Éditions de l’IQRC/Éditions d’Acadie, 2000), 295 p.[Record]
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Nicole Lang
Campus d’Edmundston
Université de Moncton