FR:
La Loi sur les jeunes délinquants de 1908 a servi de fondement à l'édification de la justice des mineurs au Canada. L'historiographie existante présente son adoption comme un phénomène essentiellement ontarien. Une analyse du contenu des quotidiens montréalais et torontois pendant la période où le projet de loi fut étudié par le Parlement (d'avril 1907 à juillet 1908) révèle que les débats portant sur la délinquance des jeunes et sa gestion ainsi que sur le projet de loi furent nettement plus présents dans la presse montréalaise que dans les journaux torontois. La constatation vaut tant pour l'analyse des journaux entiers que pour celle de leur première page et des éditoriaux. Si on prend en compte la dualité linguistique de la presse montréalaise, la tendance d'ensemble est que les journaux de langue anglaise de Montréal firent plus largement écho à ces questions que les autres; ils sont suivis par les quotidiens francophones montréalais, puis enfin par les journaux torontois (avec une exception pour les éditoriaux, où le projet de loi fut traité le plus souvent par les quotidiens francophones de Montréal). On ne note pas de divergences de vues entre les groupes de journaux quant au fond des questions abordées. Sans mettre en question l'importance de la contribution ontarienne, il nous reste encore à mieux comprendre et à mettre en lumière l'apport de perspectives, de personnes et de mouvements issus d'autres parties du Canada pour bien saisir dans son intégralité l'émergence de la Loi sur les jeunes délinquants et des préoccupations qui la sous-tendaient.
EN:
The Juvenile Delinquents Act of 1908 was the basis upon which juvenile justice was gradually built in Canada. Existing literature presents its adoption as a phenomenon that was located essentially in Ontario. A content analysis of daily newspapers from Montreal and Toronto during the period when the bill was before Parliament (from April 1907 till July 1908) reveals that debates on juvenile delinquency, on approaches to deal with it, and on the bill itself were clearly more present in the Montreal than in the Toronto daily press. This was so not only for these newspapers taken in their totality, but also for their front pages as well as their editorials. If we take into account the linguistic duality of the Montreal press, the overall tendency was that the Montreal English language press raised these issues more often than the other newspapers, followed by the Montreal French language newspapers, and then by the Toronto press (with one exception for editorials, where the bill was discussed the most often in the Montreal French language press). No meaningful disagreement was observed between the positions of these groups of newspapers on the issues at stake. However important may have been the role of Ontario actors, we still have to better understand and shed light on perspectives, people and movements from other parts of Canada if we are to grasp fully the emergence of the Juvenile Delinquents Act and the concerns that led to its adoption.