FR:
Le présent article porte sur la gestion de l'enseignement public au Québec entre 1920 et 1945. Il vise à jeter un nouvel éclairage sur la configuration et la nature du pouvoir scolaire central au cours de cette période marquée par des bouleversements économiques, politiques et socio-culturels, lesquels ne manquèrent pas d'avoir des répercussions sur le monde de l'éducation. Pour ce faire, il propose une analyse systématique de la composition des comités confessionnels du Conseil de l'Instruction publique et examine les luttes des différents groupes sociaux qui cherchent à améliorer la représentativité de ces importants organismes. Il en ressort que les membres des comités sont choisis, tout comme au XIXe siècle, parmi les élites cléricales, professionnelles et les milieux d'affaires. Les non-chrétiens et les représentants de la classe ouvrière en sont exclus. Quant aux femmes, les protestantes y sont sous-représentées et leurs consoeurs catholiques s'y voient refuser tout accès. Les élites franco-catholiques et anglo-protestantes tiennent à conserver un statu quo fortement marqué par des clivages entre classes sociales, groupes ethno-religieux et sexes, et ce, malgré la contestation de plusieurs groupes qui réclament un rôle dans la gestion scolaire.
EN:
This article deals with educational policy-making and administrative structures in Quebec's public school system from 1920 to 1945. It seeks to shed new light on the configuration and the nature of central educational power during this period characterized by economic, political and socio-cultural transformations which inevitably influenced the educational sphere. To this end, the paper undertakes a systematic analysis of the composition of the confessional committees of the Council of Education and examines the struggles of the different interest groups which lobbied for better representation on these important bodies. The study demonstrates that committee members continued to be chosen, as in the 19th century, from the ranks of the clerical, professional and business elites. Non Christians and working-class representatives were excluded from both committees, while Protestant women were under-represented and their Catholic sisters refused a place in their respective committees. Faced with challenges from groups demanding a role in educational policy-making, the Franco-Catholic and Anglo-Protestant male elites sought to preserve a status quo characterized by strong class, ethno-religious and gender biases.