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Cet ouvrage est tiré de la thèse de doctorat de l’auteur dirigée par Michel Erpicum à l’Université de Liège et soutenue en 2000. Il forme un volume entier (une année) de la revue Géo-Éco-Trop publiée depuis 1977 par l’Africamuseum de Tervuren, en Belgique. Ce numéro spécial, bien illustré, est présenté sous couverture souple ; il comprend notamment un cahier couleurs de trois pages qui regroupe des photographies prises sur le terrain. À noter, quelques figures ne comportent pas de légende et plusieurs dizaines de cartes n’ont pas d’échelle.
L’ouvrage fait le point sur le phénomène des lithométéores en relation avec divers facteurs climatiques et démontre que la fréquence des lithométéores peut être prise comme indicateur climatique synthétique de la désertification en réponse directe au déficit pluviométrique. On nomme « lithométéore » toute particule transportée par le vent en suspension dans l’atmosphère (brume sèche, brume de poussières, brume de sable, fumée, pollen) ou directement mobilisée par le vent (chasse-poussière, chasse-sable ; tempêtes de poussière ou de sable ; tourbillons de poussière ou de sable). L’étude est fondée sur des données provenant de stations météorologiques synoptiques et des données satellitaires. La région d’étude englobe toute la zone sahélienne du Burkina Faso, du Mali, de la Mauritanie, du Niger, du Sénégal, du Soudan et du Tchad.
Outre une bonne introduction (chap. 1) sur les objectifs et la région d’étude, une conclusion générale (chap. 7) et une section contenant plus de 700 références, le corps principal de l’ouvrage est divisé en cinq chapitres dont voici les éléments essentiels.
Le chapitre 2 porte sur le contexte environnemental de la désertification en région sahélienne. En effet, depuis la fin des années 1960, cette région a subi une sécheresse qui a dégradé la végétation et qui a permis une expansion du Sahara pouvant même atteindre les 5,5 km/an sur sa bordure sud. Le chapitre 3 porte sur l’étude des précipitations. On constate entre autres qu’une sécheresse sévirait probablement depuis 1850 mais d’une façon plus sévère depuis 1969. Le chapitre 4 porte sur l’étude spatio-temporelle des lithométéores. D’abord, on y apprend que la région sahélienne contribue pour plus de la moitié des poussières éoliennes mondiales, dont certaines rejoignent non seulement la Méditerranée mais aussi les côtes de la partie nord de l’Amérique du Sud et les Caraïbes, voyageant ainsi sur une distance de plus de 5 000 km. Ensuite, on détaille les différents types de lithométéores, leurs répartitions spatiale et temporelle (diurne, mensuelle, annuelle) et leurs conséquences sur l’humain et les activités humaines. Dans ce dernier cas, le déplacement des populations fuyant les terres ingrates et leur concentration dans les villes accentuent le phénomène. Les poussières provoquent ou favorisent le développement de certaines maladies, dont la méningite et l’asthme ; le nombre de décès attribuables aux maladies respiratoires dans cette région est d’ailleurs en hausse de 5 à 32 %. Le chapitre 5 porte sur la répartition temporelle de la vitesse des vents efficaces (≥ 6 m/s). De façon générale, on peut dire qu’on ne trouve pas de tendance claire dans la fréquence des vents ; par contre, ceux-ci seraient plus efficaces depuis le début des années 1980 à cause des effets combinés de la sécheresse et des activités humaines. Le dernier chapitre porte sur l’effet des lithométéores sur les températures. Cette relation s’avère puisque l’augmentation moyenne des températures dans la région est d’environ 1,17 °C, soit plus que partout ailleurs dans les régions désertiques. Enfin, à la suite de cette étude, on peut affirmer que les activités humaines ont pour effet d’entretenir un déficit pluviométrique qui se traduit par une augmentation des températures et que l’accroissement de la fréquence des lithométéores peut être considéré comme une réponse climatique à ces changements.
Cet ouvrage nous apprend beaucoup sur ce phénomène peu connu. Il se lit facilement et son bas prix est un incitatif à son achat.