Géographie physique et Quaternaire
Volume 31, Number 1-2, 1977 Troisième Colloque sur le Quaternaire du Québec : 1re partie Guest-edited by Serge Occhietti
Table of contents (17 articles)
Cadre stratigraphique et paléoclimatique
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General stratigraphic framework of the Quaternary in Eastern Canada
V. K. Prest
pp. 7–14
AbstractEN:
In eastern Canada, inter-glacial and interstadial deposits have been reported from Nova Scotia and Québec, but in the other provinces only Wisconsinan deposits. In Nova Scotia, pollen from some organic deposits buried beneath one or more tills, indicates a warm, interglacial climate — presumably the Sangamon Interglacial Interval. Other buried organic deposits, in contrast, indicate a cool, boreal forest environment. As radiocarbon analyses have given 'greater than' dates the deposits are considered to be early Wisconsinan. The interval is tentatively correlated with the St. Pierre Interstadial of Québec. The only known mid-Wisconsinan deposit is at Salmon River on St. Mary's Bay, in southwestern Nova Scotia, where the marine shells have been dated at 38,600,4C years. Elsewhere in both coastal and interior Nova Scotia multiple till sections suggest a more or less continuous ice cover through-out the Wisconsinan. In central Nova Scotia, however, red tills have been considered late-Wisconsinan. In Québec, there is a very limited, but nevertheless important, record of the Sangamon Interglacial Interval. Compact clayey rhythmites in the Harricana River Basin, close to James Bay, appear to correlate with the lacustrine member of the Missinaibi Formation farther west in Ontario. In southern Québec, there is another indication of interglacial deposits for the oldest sediments exposed in the Sherbrooke region and in the Upper Chaudière River Valley beneath the lowest of three Wisconsinan tills. These deposits were weathered and cemented prior to deposition of the oldest till. As the gravels contain pebbles of Laurentian Shield gneiss there obviously was a pre-Sangamon glaciation. These two areas contain the most complete stratigraphie record of the Wisconsinan yet established in Québec.
FR:
Des dépôts interglaciaires et interstadiaires ont été décrits en Nouvelle-Écosse et au Québec. Dans les autres provinces, seuls les dépôts du Wisconsinien ont été identifiés. En Nouvelle-Écosse, du pollen trouvé dans des dépôts organiques enfouis indique un climat interglaciaire chaud, probablement sangamonien. D’autres sédiments organiques indiquent, au contraire, un milieu de forêt boréale. Les datations au 14C permettent uniquement d'attribuer un âge minimum aux dépôts; on peut dès lors considérer que ces derniers datent du début du Wisconsinien, et on peut les raccorder stratigraphiquement avec ceux de l’interstadiaire de Saint-Pierre (Québec). Le seul dépôt connu du milieu du Wisconsinien se trouve à Salmon River (baie de Sainte-Marie, SO de la Nouvelle-Écosse), où l’âge 14C obtenu sur des coquillages est de 38 600 années. Ailleurs, en Nouvelle-Écosse, des coupes suggèrent une couverture de glace plus ou moins continue pendant toute la durée du Wisconsinien. Au centre, toutefois, on considère que les tills rouges datent de la fin du Wisconsinien. Au Québec, il existe une vestige très limité mais néanmoins important de l’intervalle interglaciaire sangamonien. Des rythmites du bassin de l’Harricana, près de la baie de James, semblent se raccorder stratigraphiquement au membre lacustre de la formation de Missinaibi (Ontario). Au Québec méridional, on trouve d’autres vestiges interglaciaires. Dans la région de Sherbrooke et dans la vallée du cours supérieur de la Chaudière, on trouve d’anciens sédiments sous trois tills wisconsiniens, et il y a eu, de toute évidence, une glaciation pré-sangamonienne. Ces deux régions contiennent les éléments stratigraphiques les plus complets jusqu’à maintenant sur les événements wisconsiniens au Québec.
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Pre-Wisconsin stratigraphy and paleoclimates off Atlantic Canada, and its bearing on glaciation in Québec
M. Alam and D. J. W. Piper
pp. 15–22
AbstractEN:
Cores from tops of seamounts close to the continental shelf west of the Grand Banks contain sequences of alternating clays (representing glacials) and foram nanno ooze (deposited in warmer periods), back to the Pliocene. Although sedimentation in the cores is controlled primarily by glacial conditions on the Grand Banks and Laurentian Channel, glacial history further inland can be inferred. The Wisconsin sequence shows two cool interstadials and one rather warmer one, correlable with the Plum Point, Port Talbot and St. Pierre Interstadials. Clay sedimentation during Wisconsin glacial stages was minor, suggesting glaciers did not extend to the shelf edge. In the late lllinoian, there was a major influx of red sediments, indicating significant erosion of the Gulf of St. Lawrence and Laurentian Channel. Glaciation was more extensive than during the Wisconsin. Two lllinoian interstadials, with temperatures between those of the Plum Point and St. Pierre interstadials are recognised. Early lllinoian glaciation was the most severe yet recognised in the cores. Sedimentation appears to have been controlled by the advance of a Newfoundland — Labrador — E. Québec ice sheet across the Grand Banks.
FR:
Stratigraphie et paléoclimats pré-wisconsiniens du Canada atlantique : implications sur les glaciations du Québec. Des carottes prises au sommet de monts sous-marins près du plateau continental, à l’ouest des Grands Bancs, contiennent des séries d’argiles (représentant les périodes glaciaires) et des couches de vases à Foraminifères (représentant les périodes plus chaudes) qui remontent jusqu’au Pliocène. Bien que la sédimentation ait été contrôlée principalement par les conditions existant sur les Grands Bancs et dans le chenal laurentien, on peut tirer quelques conclusions sur l’histoire glaciaire de l’arrière-pays. La série wisconsinienne indique deux interstades relativement froids et un autre plus chaud, qu’on peut mettre en corrélation avec les interstades de Plum Point, de Port Talbot et de St-Pierre. La sédimentation des argiles n’était pas très importante pendant ces épisodes, ce qui laisse supposer que les glaciers n’ont pas atteint la limite du plateau continental. Le tardi-lllinoien est caractérisé par un dépôt important de sédiments rouges, ce qui indique l’érosion du golfe du St-Laurent et du chenal laurentien. Les glaciers étaient plus étendus que pendant le Wisconsinien. Deux interstades illinoiens, marqués par des températures intermédiaires entre celles des interstades de Plum Point et de St-Pierre, ont été identifiés. La glaciation de l’Illinoien inférieur fut la plus sévère, d’après l’observation des carottes. Il semble que la sédimentation ait été contrôlée par l’avancée d’une calotte de glace en provenance de l’ensemble Terre-Neuve-Labrador-Québec, à travers les Grands Bancs.
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Climatic framework of the end of the pleistocene and the Holocene: paleoclimatic variations during the last 35,000 years
Nils-Axel Mörner
pp. 23–35
AbstractEN:
Paleoclimatic changes are recorded by several methods. These fluctuations follow cycles of different rank and duration. Seen in a global scale, there can be little doubt that the climatic changes generally occurred simultaneously all over the globe. This does not mean that they are equally expressed; on the contrary, these changes are quite locally expressed. It is the coincidence in time that reveals the global climatic background. The Gothenburg Magnetic Excursion and Flip, characterized by Pacific VGP positions, provide a new tool for global correlations. The radiocarbon calibration scale is extended back at least to 10,000 BP via a new method based on shorelines and varves. Because of necessary good dating control, the present analysis is confined to the last 35,000 years. 1) Correlations of global climatic data indicate a worldwide synchronism without any detectable time-lag between different variables. 2) Climatic, glacial and eustatic fluctuations follow four main cycles: a 21,000-yr cycle, a 5250-yr cycle, an irregular 1000-3600-yr cycle, an irregular 230-1000-yr cycle. 3) Geoidal-eustasy is a new factor which is related to fundamental geophysical processes. 4) Integrated studies of multiple parameters in the same long Holocene sediment cores have revealed a detailed correlation between climatic changes, eustatic changes, paleomagnetic intensity and polarity changes, atmospheric 14C production changes, etc, suggesting a mutual origin. 5) The main cause of the 5250-yr cycle and the two irregular cycles seems to be changes of the core/ mantle coupling and interface according to two different systems. This explains the correlations established and the absence of any time-lag.
FR:
Cadre climatique pour la fin du Pleistocene et de l’Holocèce : variations climatiques durant les 35 000 dernières années. Différentes méthodes peuvent enregistrer les changements climatiques. Ces fluctuations suivent des cycles de durée et d’ordre différents. À l’échelle mondiale, il y a peu de doute que ces changements climatiques se produisent simultanément à travers le globe. Par contre, ils ne se traduisent pas de la même façon; au contraire, ces changements s’expriment différemment selon les endroits. La cause climatique commune et globale est plutôt révélée par la coïncidence chronologique. Pour des raisons de contrôle chronologique précis, l’analyse qui suit se limite aux 35 000 dernières années. 1) Les corrélations des données climatiques globales indiquent un synchronisme mondial sans décalage mesurable entre les différentes variables. 2) Les fluctuations climatiques, glaciaires et eustatiques suivent 4 cycles principaux : un cycle de 21 000 ans; un cycle de 5250 ans; un cycle irrégulier de 1000-3600 ans; un cycle irrégulier de 230-1000 ans. 3) Les anomalies eustatiques, par rapport au géoïde, constituent un nouvel élément lié aux processus géophysiques fondamentaux. 4) La compilation des multiples paramètres, provenant de carottes holocènes comparables, fait apparaître une corrélation très étroite entre les changements climatiques, eustatiques, les variations de la polarité et de l’intensité paléoclimatique, les changements dans la production du 14C atmosphérique, etc. : le tout suggère une origine commune. 5) La cause principale du cycle de 5250 ans et des 2 cycles irréguliers réside apparemment dans les variations de l’interface et du couple noyau/manteau, ce qui expliquerait les corrélations et l’absence de retard dans le temps.
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Correlation of Wisconsin glacial events between the Eastern Great Lakes and the St. Lawrence Lowlands
A. Dreimanis
pp. 37–51
AbstractEN:
The interrelationship of the Wisconsin glaciogenic events among the Upper St. Lawrence Lowland and the eastern Great Lakes, particularly the Lake Ontario basin is controlled mainly by 3 factors: 1) presence or absence of a glacial dam across the St. Lawrence Lowland; 2) isostatic lowering or rise of the outlet of Lake Ontario, related mainly to glacial loading or unloading in the Upper St. Lawrence Lowland; 3) shifting in the regional direction of glacial movement through the Upper St. Lawrence Lowland, upglacier from it, and in the Lake Ontario basin. Changes in the above conditions result in detectable changes in lake levels, and in compositional changes of tills in the Lake Ontario basin. Crosschecking of the above relationships supports the relative sequence already proposed. However, the chronology of the events which are older than reliable finite 14C dates, may be reinterpreted by a comparison with oceanic stratigraphies. A possible re-interpretation of some late-glacial Late Wisconsin glacial fluctuations depends greatly upon the reliability of 14C dates on shells and correct interpretation of till-like deposits. For those glacial fluctuations in the St. Lawrence Lowlands which lack 14C dates, it is tempting to apply correlations with the 14C dated stratigraphie units of the Great Lakes Region, but we have to consider also possible regional differences in glacial dynamics.
FR:
Corrélation entre les événements glaciaires wisconsiniens de Test des Grands Lacs et des basses terres du Saint-Laurent Ces rapports sont régis principalement par les conditions suivantes : 1) Présence ou absence d’un barrage glaciaire à travers les basses terres du Saint-Laurent. 2) Affaissement ou relèvement isostatique du déversoir du lac Ontario en fonction principalement de la surcharge ou de l’allégement glaciaire des basses terres du Saint-Laurent supérieur. 3) Changement de la direction régionale du mouvement glaciaire : traversée des basses terres du Saint-Laurent supérieur, remontée de celles-ci et entrée dans le bassin du lac Ontario. Selon les variations de ces conditions, des changements apparaissent dans le niveau du lac ainsi que dans la composition des tills du bassin du lac Ontario. Une vérification par recoupements de toutes ces interractions confirme la séquence des principaux événements de glaciation et de déglaciation déjà proposée. Toutefois, la chronologie des événements antérieurs aux dates déterminées avec certitude par le 14C peut être réinterprétée au moyen d’une comparaison avec des stratigraphies océaniques. Une réinterprétation possible de certaines fluctuations tardiglaciaires dépend en grande partie de l’exactitude des datations au 14C des coquillages et la justesse de l’interprétation de dépôts semblables aux tills dans les séquences océaniques.
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Stratigraphy and correlation of the Late Wisconsinan glacial events in the Lake Michigan basin
E. B. Evenson, D. M. Mickelson and W. R. Farrand
pp. 53–59
AbstractEN:
Meaningful correlations of late glacial events between areas as distant as the Great Lakes and southern Quebec depend on the establishment of detailed local chronologies, mostly from studies in the Lake Michigan basin and the St. Lawrence lowland now holding the most promise for a radiometrically controlled record of the late glacial (ca. 14,000-8000). Based on recent investigations in the Lake Michigan region, we propose a revision in the déglaciation pattern and stratigraphie nomenclature. Although oscillatory glacial retreat began to dominate over readvance about 17,000 years BP, we define late Wisconsinan as beginning at ca. 14,000 when the ice withdrew from the Lake Border Morainic system. Following the Cary-Port Huron retreat, the ice read-vanced (350 km) depositing the red Shorewood Till. This was followed by a minor retreat and then by deposition of the Manitowoc Till. Continued retreat eventually uncovered an eastward outlet and Lake Chicago dropped to the Two Creeks low-water level. This déglaciation was not as extensive as previously assumed. The post-Twocreekan readvance (125 km) to the Two Rivers moraine oc-cured around 11,850 years BP. This sequence argues for a normal, climatically controlled progressive déglaciation rather than one interrupted by a major post-Twocreekan (formally Valderan) surge. Based on the knowledge that the Valders Till is late Woodfordian in age we have proposed the time-stratigraphic term "Greatlakean" as a substitute for the now misleading term "Valderan".
FR:
Stratigraphie et corrélation des événements du Wisconsinien supérieur dans la partie ouest des Grands Lacs. Les seules corrélations valables entre les événements tardiglaciaires de régions aussi éloignées que la partie ouest des Grands Lacs et le sud du Québec dépendent de rétablissement de chronologies locales détaillées. Les travaux effectués dans le bassin du lac Michigan et les basses-terres du Saint-Laurent semblent les plus prometteuses à cet effet (de 14 000 à 8000 BP). Nous proposons, à la lumière de travaux récents dans la région du lac Michigan, une révision du modèle de déglaciation et de la nomenclature stratigraphique des événements tardiglaciaires. Le retrait, avec oscillations du front glaciaire, commence à dominer à partir de 17 000 ans BP, lorsque la glace quitte le système morainique de Lake Border. Ce retrait (plus de 400 km) culmine vers 13 300 ans BP. Après le recul de Cary-Port Huron, une réavancée (350 km) a mis en place le till de Shorewood. Un recul de moindre importance se produit ensuite, après quoi le till de Manitowoc est mis en place. Le retrait continu du front a finalement dégagé un exutoire vers l’est et le lac Chicago est tombé au bas niveau de Two Creeks. La déglaciation de Two Creeks n’était pas aussi étendue qu’on le croyait. La récurrence suivante de 125 km (ancien Valders), jusqu’à la moraine de Two Rivers, date d’environ 11 850 ans BP. Cette séquence d’événements tendrait à confirmer une déglaciation progressive, normale, contrôlé par le climat, plutôt qu’une déglaciation interrompue par une importante crue glaciaire post-Two Creeks. Du fait que le till de Valders est plutôt d’âge Woodford tardif, nous proposons le terme de Greatlakien pour remplacer le terme de Valders devenu trop ambigu.
Les mers post-glaciaires : paléogéographie, paléoécologie et chronologie
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La mer de Goldthwait au Québec
Jean-Claude Dionne
pp. 61–80
AbstractFR:
The Goldthwait Sea is defined as the late- and post-Glacial marine invasion in the St. Lawrence Estuary and Gulf east of Québec City. In Québec, this sea has submerged an area of about 25 000 km2. The largest areas submerged are the north shore of the St. Lawrence between Les Escoumins and Blanc-Sablon, the south shore between Levis and Tourelles, and the Anticosti Island. The upper limit of the Goldthwait Sea varies from place to place. The Goldthwait Sea began 14 000 years ago and land emergence is still in progress, since the pre-Wisconsin marine level has not been recovered yet. For a better chronology, this long interval needs to be subdivided. Three main periods have been recognized: Goldthwaitian I, II and III. However, a geographical subdivision is also needed. Numerous shorelines were observed at various elevations throughout the area formely submerged by the Goldthwait Sea. However, only a few shorelines are well developed and extensive, and correlations between former shorelines are difficult to establish. Only three levels are widespead and common to the Estuary and parts of the Gulf. The isostatic recovery has been rapid during the first three thousand years after déglaciation of the area: about 75%.
EN:
La mer de Goldthwait correspond à la submersion marine fini- et post-glaciaire dans l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent à l’est de Québec. Au Québec, elle a couvert une superficie d’environ 25 000 km2. Les zones submergées les plus étendues se trouvent sur la côte nord du Saint-Laurent entre les Escoumins et Blanc-Sablon, sur la côte sud entre Lévis et Tourelles, et à l’île d’Anticosti. Ailleurs, la mer n’a recouvert qu’une étroite frange côtière ou pénétré à faible distance dans les grandes vallées. Les altitudes maxima atteintes par la mer de Goldthwait varient beaucoup d’un secteur à l’autre. La submersion goldthwaitienne débute vers 14 000 ans pour s’étendre jusqu'à nos jours si l’on considère que le niveau marin pré-wisconsinien n’est pas encore rétabli. Cette longue période nécessite des subdivisions chronologiques : trois grandes phases appelées goldthwaitien I, Il et III ont été définies d'une façon générale. Toutefois, une subdivision géographique s’impose. De nombreuses lignes de rivage peuvent être observées à diverses altitudes dans tout le territoire affectée; peu d’entre elles, cependant, sont continues et les corrélations se révèlent difficiles à établir. À vrai dire, il n’y a que trois niveaux qui soient communs à l’ensemble de l’estuaire et à une partie du golfe du Saint-Laurent. Le relèvement isostatique a été, en général, rapide au cours des trois premiers millénaires qui ont suivi la déglaciation, soit environ 75%.
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Les isotopes du carbone et de l’oxygène dans les mers post-glaciaires du Québec
Claude Hillaire-Marcel
pp. 81–106
AbstractFR:
Les analyses préliminaires des compositions isotopiques du carbone et de l’oxygène des faunes, sédiments et concrétions calcaires ont permis de définir les domaines respectifs de composition de chacune des mers post-glaciaires du Québec. Si les mers de Goldthwait, d’lberville et de Tyrrell ont des compositions voisines de celles des mers arctiques actuelles, les bassins fermés, telle la mer de Champlain, s’en écartent considérablement. La contribution des eaux de fonte de la glace, et plus généralement des eaux continentales, engendre des compositions isotopiques très négatives. Les variations de composition dues à ce facteur masquent, par leur amplitude, celles que l’on pourrait attribuer à d’éventuelles variations des températures moyennes des eaux. Des écarts de composition isotopique apparaissent systématiquement entre les faunes très littorales et celles d’eaux plus profondes. Ils traduisent l’existence des couches d’eaux de salinité et de température différentes. Une parenté de composition isotopique d’ensemble apparaît entre la mer de Champlain et l’actuelle baie de James. On peut donc y supposer des conditions hydrologiques voisines. Enfin, l’existence de compositions isotopiques homogènes dans les concrétions calcaires de chacun des bassins démontre que la plupart des concrétions sont diagénétiques hâtives. L’ensemble de ces données nous conduit à envisager également l’existence, au moins en profondeur, d’eaux plus ou moins déficitaires en 14C dans la plupart des bassins marins. Par conséquent des âges 14C coquilles trop grands, par rapport à ceux obtenus sur des végétaux continentaux en équilibre isotopique direct avec le 14C atmosphérique, pourront en découler.
EN:
Preliminary investigations of isotopic compositions of faunas, sediments and calcareous concretions from the postglacial seas of Québec, permitted to define an average range of composition for each of them. The Goldthwait, Iberville and Tyrrell seas have compositions similar to those presently found in Arctic waters. On the contrary, closed basins, such as the Champlain Sea, show marked negative compositions which can be attributed to influx of melt-water and more generally, continental waters. The amplitude of the variations due to that factor masks isotopic changes brought about by temperature fluctuations. Systematic differences of composition exist between shallow and deep water faunas. Those can be related to the presence of water layers which have different salinity and temperature. The similarities in the isotopic composition range between the Champlain Sea and the present James Bay tend to indicate a gross similar hydrological system. Finally, the homogeneity of isotopic composition of calcareous concretions in each basin show that most of the concretions are formed shortly after deposition of the sediments. In addition, the isotopic data suggest that waters, at least the deeper waters, have a deficit in 14C in most marine basins. This would yield greater 14C ages for shells, compared to those obtained with continental wood in isotopic equilibrium with the atmosphere.
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Champlain Sea Foraminifera and Ostracoda: a systematic and paleoecological synthesis
Thomas M. Cronin
pp. 107–122
AbstractEN:
Champlain Sea deposits from Québec, Ontario and the United States yielded over 40 ostracode and 60 benthonic foraminiferal species. Geographical trends in foraminiferal species diversity as measured by the Shannon-Wiener Information Function, H(S), show highest diversities (H(S) = 1.6-1.7) in the western Champlain Sea of Ontario, southern Québec and near Québec City, while a significantly less diverse fauna (H(S) = 1.0) inhabited the Champlain Valley. Three environmentally distinct phases of the sea based on ostracode species distribution were recognized in the Champlain Valley and southern Québec An early period, characterized by fresh water and euryhaline marine species, represents a lacustrine-marine transition. Subsequently, frigid to subfrigid, polyhaline to euhaline conditions prevailed. Finally, some time between 11,000 and 10,600 yr BP a salinity decrease and a water temperature increase is inferred from the dominance of mesohaline, cold temperate ostracode species. Additional evidence for temporal salinity variation are mean foraminiferal species diversity values which are 1.0, 1.5 and 1.2 respectively for the three phases.
FR:
Certains dépôts de la mer de Champlain, au Québec, en Ontario et aux États-Unis ont fourni plus de 40 espèces d’Ostracodes et 60 espèces de Foraminifères benthiques. Les tendances géographiques de la diversité des espèces de Foraminifères, telles que mesurées par la fonction d’information de Shannon-Wiener, H(S), montrent les plus fortes diversités (H(S) : 1,6-1,7) dans la partie ouest de la mer de Champlain, en Ontario, et dans le sud du Québec, alors qu’une faune moins diversifiée (HS) : 1,0) habitait le bassin du lac Champlain. On a reconnu trois phases marines, écologiquement distinctes, en se basant sur la distribution des espèces d’Ostracodes dans le bassin du lac Champlain et le sud du Québec. Une première période se distingue par la présence d’eau douce et d’espèces marines euryhalines, et représente la phase de transition entre l’eau douce et l’eau salée. Par la suite, des conditions climatiques glaciales à très froides et des conditions aquatiques polyhalines et euhalines ont prévalu. En dernier lieu, entre 11 000 et 10 600 ans BP, on présume qu’il y a eu baisse de la salinité et augmentation de la température à partir de l’observation d’espèces d’Ostracodes mésohalines de climat tempéré froid. Les valeurs moyennes de la diversité des espèces de Foraminifères, respectivement de 1,0, 1,5 et 1,2 pour les trois phases, sont des preuves supplémentaires de la variation de la salinité dans le temps.
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Chronologie 14C des événements paléogéographiques du Québec depuis 14 000 ans
Serge Occhietti and Claude Hillaire-Marcel
pp. 123–133
AbstractFR:
Une courbe de distribution des datations des mers post-glaciaires de l’Est du Canada a été obtenue en intégrant l’erreur calculée par les laboratoires. La plupart des variations notées sur la courbe semblent refléter, de façon qualitative, des fluctuations climatiques secondaires. Les valeurs positives de la courbe correspondraient à des améliorations climatiques et à des remontées eustatiques supérieures ou égales au relèvement isostatiques; les valeurs négatives indiqueraient un abaissement relatif du niveau de la mer par rapport au socle ainsi que différentes étapes de la glaciation. Les repères chronologiques de la courbe ont été associés à des événements paléogéographiques connus actuellement au Québec et ailleurs. De ce fait, la courbe constitue un cadre chronologique de référence, avec toutes les limites qu'elle implique. Cette courbe est susceptible de montrer des décalages importants par rapport aux âges solaires. Chaque datation est en effet soumise aux limites de la méthode du 14C et aux variables qui modifient la teneur initiale en 14C des organismes marins. Nous proposons donc un cadre chronologique étalonné en temps 14C — coquilles de mers froides. Sa validité est assurée par le grand nombre de datations analysées uniformément. Sa signification paléoclimatique semble être attestée par la distribution des mêmes modes d'une mer post-glaciaire à l’autre et par des corrélations concordantes avec les phénomènes connus notamment dans la région des Grands Lacs.
EN:
Radiocarbon chronology of paleogeographic events in Québec since 14 000 BP. A distribution curve of dates on post-glacial marine shells in Eastern Canada was compiled taking into account laboratory error. Most of the variations identified on this curve may be qualitative indicators of secondary climatic fluctuations. Positive values would be related to climatic warming and to rises of mean sea level greater than or equal to isostatic rebound; negative values would indicate a relative lowering of shorelines in relation to the uplifting land and also represent different steps in the déglaciation. Fluctuations in the curve are correlated with paleogeographic events already identified in Quebec and elsewhere. The curve therefore provides a chronological frame of reference, with its limits. The curve shows some major disparities in relation to calendar years. Each date is subject to the limits of the 14C method and to variables modifying initial 14C composition of marine organisms. Therefore the proposed time scale of the chronological frame of reference is divided up into ''14C cold water marine shell" years. Statistical validity is assured because of the large number of uniformly analyzed radiocarbon dates. Paleogeographic relevance can be seen from the persistence of the same modes from one postglacial sea to the other and by good chronological correlations with the events of the Great Lakes area.
Écologie et paléoécologie végétale
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Végétation, sol et écoclimat actuel des tourbières de la région de Québec
Miroslav M. Grandtner, Paul-Yvon Blanchette, Rodrigue Coulombe, Normand Tétrault and Serge Bernard
pp. 135–138
AbstractFR:
Les auteurs présentent quelques résultats des études écologiques récentes entreprises sur les tourbières suivantes de la région de Québec : Les Saules, Champigny, Beauséjour et Harlaka. Leur végétation a été classée en treize associations et regroupées en quatre ensembles physionomiques. Elle colonise une grande variété de sols appartenant principalement à l’ordre organique et à l’ordre gleysolique. Quant à l’écoclimat, il est différent de façon significative par rapport au climat général; la radiation en sous-bois est plus faible et la température du sol est plus basse en été. Enfin, les auteurs indiquent quelques utilisations possibles de ces résultats en paléoécologie ainsi qu’en aménagement, interprétation et protection de ces milieux. Ils proposent notamment que les deux tourbières du Québec métropolitain soient utilisés pour l’interprétation écologique de la nature et que la tourbière de Beauséjour, une fois agrandie, soit nommée réserve écologique intégrale.
EN:
The authors present some of the results of recent ecological studies in the following bogs of Québec City area: Les Saules, Champigny, Beauséjour and Harlaka. Their vegetation has been classified in thirteen associations, grouped in four physionomie units. They occupy different types of soils which belong mainly to the organic and gleysolic orders. The ecoclimate of these bogs is significantly different from the general climate; radiation under canopy is lower and soil temperature is lower in summer. The authors suggest some possible utilizations of these results in paleoecol-ogy and in management, interpretation and protection of these environments. They propose that the two bogs from Greater Québec be used for ecological interpretation of Nature and that the Beauséjour bog, after being enlarged, should be declared an integral ecological preserve.
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Late-Pleistocene and Holocene palynology in southeastern Québec
R. J. Mott
pp. 139–149
AbstractEN:
Several relative and absolute pollen profiles from the Appalachian Region outline the vegetational history of the region. The earliest reliable date of 11,200 radiocarbon years BP, from the watershed area of the Mégantic Hills on the Québec-Maine border, dates the spruce pollen maximum, indicative of spruce woodland conditions. A second site in the same area shows tundra conditions existed prior to this time, but no radiocarbon dates are available to indicate the length of time these conditions persisted. About 10,000 radiocarbon years BP or less, the character of the vegetation changed and closed forest conditions prevailed. Spruce was still present, but balsam fir and birch increased and other deciduous species appeared. The continued increase in thermophilous deciduous species and hemlock and white pine during early- and mid-Holocene resulted in forests in which these taxa were more prominent than at present. An increase in spruce and decline in thermophilous taxa in the last few millenia produced the extant forests types.
FR:
Plusieurs diagrammes polliniques, relatifs et absolus, provenant de la région des Appalaches, retracent l’histoire de la végétation dans la région. Le plus ancien âge sur lequel on peut compter et établi grâce à la méthode du radiocarbone est de 11 200 ans BP. Cet âge, provenant de la région de la ligne de partage des eaux des collines de Mégantic, sur la frontière entre le Maine et le Québec, date le maximum du pollen d’épinette. La région était alors couverte d’une pessière ouverte. Un deuxième site, de la même région, démontre que des conditions de toundra prévalaient avant cette période, mais aucune datation au radiocarbone ne peut préciser leur durée. Il y a environ 10 000 ans, le caractère de la végétation s’est transformé et des conditions de forêt fermée ont alors prévalu. L’épinette était encore présente, mais l’abondance du sapin baumier et du bouleau s’est accru et d’autres espèces à feuilles caduques sont apparues. Le développement continu des espèces thermophiles à feuilles caduques, des pruches et des pins blancs, au début et au milieu de l’Holocène, a engendré des forêts où ces taxons étaient relativement plus abondants qu’ils ne le sont aujourd’hui. Le développement de l’épinette et le déclin des taxons thermophiles, pendant les derniers millénaires, ont engendré les types de forêts que l’on connaît de nos jours.
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Pollen analysis: state of the art
Gordon J. Ogden
pp. 151–159
AbstractEN:
Although nearly 50 years have passed since P.B. Sears introduced pollen analysis to North America, it remains an occult art. Dramatic improvements in sampling and analytic techniques continue to be limited by intractable problems of differential production, dispersal, ballistics, sedimentation, and preservation. It is a basic tenet of pollen stratigraphy that the data set, consisting primarily of microfossils preserved in sediments, is better than anything we have yet been able to do with it. Basic agreement between late- and postglacial pollen records has been confirmed wherever the method has been applied. Quantitative sampling techniques, sample preparation, and analytic procedures, together with multiple radiocarbon dates, permits calculation of sedimentation rates and absolute pollen influx. Of approximately 300 sediment cores from northeastern North America, fewer than 30 have more than 3 radiocarbon determinations from which least squares power curve regressions can be reliably calculated in the determination of sedimentation rates. Analogy with modern environments represented by surface pollen spectra is limited by an insufficient number of samples of uniform quality to characterize a vegetational mosaic covering 40 degrees of latitude (40-80°N) and longitude (60-100°W). The present surface pollen data bank includes about 700 samples, unevenly spaced and of uneven quality, permitting a grid resolution of no better than 10,000 km2.
FR:
Depuis l’introduction en Amérique du Nord des études palynologiques par P. B. Sears, il y a 50 ans, ce domaine de recherches demeure encore peu rigoureux. Les améliorations importantes apportées aux méthodes d’échantillonage et d’analyse sont encore limitées par une compréhension très partielle des problèmes de production différentielle, de dispersion, de ballistique, de sédimentation et de préservation du pollen. Les données mêmes de stratigraphie pollinique, constituées principalement de microfossiles préservés dans les sédiments, ont encore une valeur supérieure à l’ensemble des renseignements que l’on peut en tirer. On a pu confirmer la concordance entre les diagrammes polliniques tardi- ou postglaciaires dans tous les cas où la méthode a été employée. Les méthodes quantitatives d’échantillonage, de préparation des échantillons et d’analyse, utilisées parallèlement aux multiples datations au radiocarbone, permettent de calculer le taux de sédimentation et l’apport absolu de pollen aux sédiments. Moins de 30 des 300 carottes de sédiments provenant du nord-est de l’Amérique du Nord comptent plus de trois déterminations et permettent de calculer avec justesse des courbes de régression pour déterminer les taux de sédimentation. L’analogie avec les différents milieux actuels, représentés par les spectres polliniques de surface, est limitée par un nombre insuffisant d’échantillons de même qualité aptes à caractériser une mosaïque de végétation couvrant 40 degrés de latitude (40-80°N) et de longitude (60-100°O). La banque de données polliniques compte maintenant 700 échantillons, de qualité inégale et mal distribués, permettant tout au plus une finesse de résolution de 10 000 km2.
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Végétation tardiglaciaire au Québec méridional et implications paléoclimatiques / Late-Glacial vegetation in Southern Québec and paleoclimatic implications
Pierre Richard
pp. 161–176
AbstractEN:
Recent pollen-analytical data allow a detailed reconstruction of the initial vegetation which followed the final retreat of the Wisconsinan ice sheet. The general scheme is the following. A period of periglacial desert was replaced more or less rapidly by tundra vegetation. Afforestation of the landscape proceeded either through a taïga phase, represented by a lichen — black spruce woodland, or by the establishment of an aspen parkland. Several postglacial vegetation types followed. The paleoclimatic interpretation of the data indicates severe climatic conditions around 11 400 BP at Mount Shefford, and around 7200 BP in the southern part of Laurentides Provincial Park. It has not yet been possible to show evidence for a climatic oscillation during the late-Glacial of Quebec, which appears very metachroneous. This metachroneity seems to be caused by the differences in altitude of the main physiographic regions and does not seem to correspond to the metachroneity in the ice retreat of the Wisconsinan ice sheet, view, there is now a firm basis to the statement that vegetation similar to the present-day tundra occupied a broad area in front of the ice sheet. Future research should define the duration and extension of the tundra on one hand, and on the other hand increase knowledge of its paleoclimatic significance.
FR:
La colonisation végétale, suite au dernier retrait de l’inlandsis wisconsinien, peut être esquissée grâce aux analyses polliniques récentes. Le modèle général est le suivant. Une période de désert périglaciaire a suivi la déglaciation, remplacée plus ou moins rapidement par une période de toundra. L’afforestation s’est effectuée soit par la constitution d’une taïga représentée par la pessière à cladonies, soit par l’établissement d’une tremblaie-parc. Divers types de végétation postglaciaire se sont établis par la suite. L’interprétation de ces données conduit à la reconstitution d’un climat très rigoureux vers 11 400 ans AA au mont Shefford, et vers 7200 ans AA dans la partie sud du parc des Laurentides. Aucune oscillation climatique n’a pu encore être mise en évidence durant le tardiglaciaire québécois, dont le caractère métachrone est d’autre part évident. Ce métachronisme semble lié, à l’échelle du Québec méridional, aux différences d’altitude présentées par les principales régions physiographiques. Il ne paraît pas refléter un métachronisme parallèle du retrait du glacier. Du point de vue de l’analyse pollinique, il est maintenant fermement établi qu’une végétation semblable à celle qui caractérise la toundra contemporaine a occupé une vaste étendue en bordure de l’inlandsis. Les recherches futures devront tendre à en préciser la durée et l’extension spatiale d’une part, et d’autre part, à en connaître la signification paléoclimatique réelle.
Archéologie et paléoécologie
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Analyse pollinique et implications archéologiques et géomorphologiques, lac de la Hutte Sauvage (Mushuau Nipi), Nouveau-Québec
John H. McAndrews and Gilles Samson
pp. 177–183
AbstractFR:
Deux carottes polliniques ont été prélevées dans la section nord du lac de la Hutte Sauvage. L’analyse pollinique révèle l’histoire de la végétation en quatre phases remontant à 4100 ans AA : 1 ) toundra herbeuse (4700 à 4100 ans AA); 2) toundra arbustive (4100 à 3700 ans AA); 3) toundra forestière riche (3700 à 2500 ans AA); 4) toundra forestière actuelle (2500 ans AA). Le calcul de l’influx pollinique indique que la phase de toundra arbustive fut assez riche. L’invasion des espèces arborescentes a débuté vers 4000 ans AA, tandis que le climax forestier a été atteint vers 3000 ans AA. A partir de 2700 ans AA, la végétation s’est appauvrie et vers 2500 ans AA, la limite des arbres s’est abaissée; les zones de taïga sont devenues moins denses. Les données polliniques permettent d’abord de reconstituer le cadre écologique dans lequel ont évolué les premières populations préhistoriques du Mushuau Nipi. Nous croyons que certains changements écologiques ont eu un effet direct sur l’écosystème. Les datations au 14C des carottes polliniques (4100 ans AA et 3700 ans AA) soulèvent certains problèmes concernant la chronologie de la déglaciation et de la fin du lac proglaciaire Naskaupi. Le système de basses terrasses du Mushuau Nipi (0-35 m au-dessus du niveau lacustre) sur lequel se trouvent tous les sites archéologiques découvert jusqu’ici s'est formé à partir de 4000 ans AA.
EN:
Two pollen cores were collected in the northern section of Indian House Lake and pollen analysis revealed a 4-phase vegetative history of 4,100 years: 1) herb tundra (4,700-4,100 BP); 2) shrub tundra (4,100-3,700 BP); 3) rich forest-tundra (3,700-2,500 BP); 4) present forest-tundra (2,500-0 BP). Pollen influx analysis indicates that the shrub-tundra was rather rich. Trees began to colonize the area about 4,000 years BP and reached a climax ca. 3,000 BP. From 2,700 BP, the vegetation becomes impoverished and at about 2,500 BP a climatic change caused the lowering of the tree limit and the thinning of the taiga patches. Pollen data allows the reconstruction of the vegetative environment in which the prehistoric populations of the Mushuau Nipi evolved. Also, we suggest a direct effect of the major vegetative and climatic changes on the ecosystem. Finally, the 14C dating of the pollen cores (4,100 BP and 3,700 BP) introduces certain problems concerning the post-glacial and pro-glacial lake stages at Indian House Lake. The lower terrace system (0-35 m above lake level) on which all the archaeological sites were found did not begin to form earlier than about 4,000 BP.
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Le peuplement préhistorique du Nouveau-Québec — Labrador
Patrick Plumet
pp. 185–199
AbstractFR:
Les différentes recherches archéologiques entreprises au Nouveau-Québec et au Labrador depuis 1960 permettent d’esquisser un cadre spatiotemporel cohérent de la préhistoire de cette région. La péninsule semble insérée entre deux courants anciens de relations et de peuplements paléo-esquimaux : l’un à l’est, venant du Groenland et du nord-est de Baffin; l’autre à l’ouest, venant du bassin de Foxe. La zone intermédiaire paraît être une extension tardive de ces deux courants. Le Dorsétien et même le Thuléen s’y manifestent avec quelques différences d’un côté et de l’autre de la baie. Au nord-ouest de l’Ungava comme à l’est de la mer d’Hudson, le Dorsétien se prolonge jusqu’à la fin du XVe siècle, alors que les Thuléens semblent déjà installés dans ces régions. Entre les deux, le site Michea, au lac Payne, atteste une longue occupation ou une fréquentation assidue de l’intérieur des terres. Ceci dit, nous ignorons tout des relations qui ont existé entre ces régions. Les données disponibles sont encore difficiles à relier entre elles en raison d’approches théoriques différentes Le programme pluridisciplinaire Tuvaaluk, dans lequel les disciplines impliquées travaillent à des échelles comparables, devrait permettre d’obtenir un cadre paléoécologique régional contemporain de l’occupation humaine.
EN:
The results of the last fifteen years of archaeological research in Nouveau-Québec — Labrador allow us to build a coherent but general frame of the prehistory of this area. As early as the beginning of the second millenium BC, Paleo-Eskimo populations spread to each side of the peninsula from Foxe Bassin to the west, and from east Baffin and Greenland to the east. The intermediate zone and specially the Ungava Bay seems a much later expansion at the Dorset period. Both Thule and Dorset culture can be found with some differences on each side of the bay. In the north-eastern Ungava as well as in the eastern part of the Hudson Bay, the Dorset period lasted until the end of the fifteenth century although Thule people had already settled in the area. In between, the Michea site, near Payne Lake, proves a longlasting settlement or a steady exploitation of the interior. Nevertheless we still ignore the relations which have prevailed between these regions. Because of different theoretical approaches, it is still difficult to link together the data which have been made available. The multidisciplinary program Tuvaaluk, in which the different scientific branches work on similar scales, should allow to obtain from data collected around Ungava Bay and on the settlements themselves a regional paleoeco-logical frame contemporary to the human occupation.