Abstracts
Résumé
Beaucoup d’attention a été donnée aux écrits antisémites des intellectuels catholiques canadiens-français. De Lionel Groulx au Devoir en passant par Jeune-Canada, les années 1930 présentent un contenu particulièrement riche pour qui s’intéresse à la question de l’antisémitisme dans le Québec catholique et les travaux sur cette période se sont multipliés. Bien que le catholicisme ait souvent été identifié comme un moteur de l’antisémitisme, on ne s’est pas encore arrêté sur le rôle de l’Église catholique comme institution. Cet article porte sur le regard de l’Église catholique sur l’antisémitisme et sur ses manifestations, plus particulièrement sur son rapport au Parti national social-chrétien d’Adrien Arcand. L’Église a-t-elle encouragé l’antisémitisme de ses fidèles, l’a-t-elle condamné ou était-elle au contraire passive sur la question ? Les évêques eux-mêmes nourrissaient-ils des préjugés, voire une certaine appréhension à l’endroit des Juifs ? Les archives récemment ouvertes des archevêchés de Québec et de Montréal permettent de démontrer qu’à défaut d’avoir tendu la main à la communauté juive et appelé ses fidèles à l’ouverture et à la compréhension, l’Église nourrissait une méfiance certaine à l’endroit du parti d’Arcand et goûtait peu son discours violent à l’endroit des Juifs. C’est ce qui sera démontré par un retour sur le débat sur les écoles juives de 1930, la relation entre l’Église québécoise et le Parti national social-chrétien et le discours antisémite de quelques prêtres du diocèse de Québec.
Abstract
The anti-Semitic writings of Catholic French-Canadian intellectuals have received a lot of attention. From Lionel Groulx to Le Devoir, not to mention the Jeune-Canada movement, the 1930s have much to offer those interested in the issue of anti-Semitism in Catholic Quebec. A large number of relevant studies have focused on the period. However, although Catholicism has often been identified as a source of anti-Semitism, the role of the Catholic Church as an institution has yet to be examined. This article explores the views of the Catholic Church on anti-Semitism and its expressions, especially in relation to Adrien Arcand’s Christian National Socialist Party. Did the Church encourage anti-Semitism among its followers, did it condemn anti-Semitism, or did it largely ignore the issue ? Did the bishops themselves harbour prejudice against Jews, or even fear them ? The recently opened archives of the Archdioceses of Quebec and Montreal show that, on the one hand, the Church generally failed to reach out to the Jewish community or encourage Catholics to be more open and understanding. On the other hand, the Church was suspicious of Adrien Arcand’s party and had little appetite for his virulently anti-Jewish discourse. The article illustrates these findings by revisiting the 1930 debate on Jewish schools, the the relationship between the Quebec Church and the Christian National Socialist Party, as well as the anti-Semitic rhetoric of some priests in the Diocese of Quebec.