Abstracts
Résumé
Durant les années 1960, à l’instar des gouvernements français et québécois, l’Union nationale des étudiants de France (UNEF), établie en 1907, et l’Union générale des étudiants du Québec (UGEQ), créée en 1964, ont entretenu des relations institutionnelles. L’objectif de cet article est d’en préciser la nature et les effets sur l’orientation du syndicat étudiant québécois. Rappelons que la France a été longtemps perçue par les Québécois – et l’est encore pour certains – comme la référence culturelle, la mère patrie, le pays vers lequel se tourner pour obtenir secours et soutien. L’histoire et la langue communes ont permis aux deux entités, bien que séparées depuis la Conquête britannique, de tisser à partir des années 1960 des relations plus étroites, notamment en matière de culture et d’éducation. Dans le tourbillon étudiant des années 1960, l’UNEF a-t-elle joué le rôle de « grand frère », de modèle pour l’UGEQ ; a-t-elle, par son discours et sa pratique, influencé l’UGEQ ou l’organisation étudiante québécoise ; ou a-t-elle plutôt mené sa contestation de manière autonome ? Pour parvenir à jeter un peu de lumière sur cet aspect méconnu du mouvement étudiant international, nous allons faire état de l’évolution des deux organisations étudiantes, identifier les points de rencontre, les moments de contacts, et analyser leur nature et leur portée afin d’évaluer dans quelle mesure ces relations ont pu ou non influencer leurs parcours respectifs sur le plan du discours et de la pratique. L’UGEQ s’est rapidement positionnée sur la scène internationale afin d’obtenir la crédibilité qu’elle souhaitait. L’union québécoise s’est largement inspirée de l’UNEF en développant sa position internationale et a cherché sans succès un appui tangible de l’UNEF.
Abstract
During the 1960s, following the example of the governments of France and Quebec, the Union nationale des Étudiants français (UNEF), established in 1907, and the Union générale des étudiants du Québec (UGEQ), created in 1964, established an institutional relationship. This article studies the nature and the effects of this relationship in a decade marked by student protest. France had long been viewed by Quebeckers – as it continues to be by some – as a cultural reference point, a mother country capable of providing assistance, defence and support. From the beginning of the 20th century, a shared history and a common language had allowed France and Quebec to re-initiate contact ; following the Second World War, occasional links were established ; and, starting in the 1960s, close relationships were developed, especially in the domains of culture and education. Amid the turbulence of the 1960s, did the French student movement play the role of mentor, model or beacon to the UGEQ ? Did its discourse or actions influence the UGEQ or the Quebec student movement ? Or did the latter pursue its program of protest in an autonomous fashion. To shed light on this largely overlooked aspect of the international student protest movement of the period, the article follows the evolution of both student organizations in order to identify where and when they came into contact. It also analyzes the nature and extent of their activities in order to evaluate the extent to which these relations influenced (or did not influence) the organizations’ respective development in terms of both discourse and practice. The UGEQ quickly positioned itself on the international scene to obtain the credibility it sought. The Quebec organization drew inspiration from the UNEF in developing its international policies and desperately sought out the support of its French counterpart.