Abstracts
Résumé
Un des faits marquants de la scène publique du tournant du millénaire aura été d’avoir assisté à « la transformation du prototype de la putain ou prostituée en sujet historique », selon les mots de Gail Pheterson. C’est à cet égard l’auto-organisation des prostituées, redéfinies comme « travailleuses du sexe », et leur participation au débat public qui ont provoqué ce renversement de perspective. Cette auto-organisation a permis l’émergence de nouveaux sujets politiques. Ces actrices sociales font cependant face à une fin de non-recevoir de la part d’une frange du mouvement féministe, la frange abolitionniste, qui est celle qui exprime le plus clairement ses positions en la matière. Cet article met en évidence certaines formes prises ces dernières années par cette fin de non-recevoir essuyée par le groupe d’aide et de soutien aux travailleuses du sexe de Montréal, Stella. L’auteure soulève ensuite certaines questions que pose ce rejet, au double plan de l’exercice d'une citoyenneté active et de la capacité d’ouverture du féminisme à l’hétérogénéité des réalités vécues par des femmes, parmi les plus marginalisées et stigmatisées.
Abstract
One of the defining events in society at the turn of the millennium has been, according to Gail Pheterson, the transformation of the whore's or prostitute's prototype into an historical subject. This reversal of perspective has been brought about by the self-organization of prostitutes, redefining themselves as "sex workers", and by their participation in the public debate. This workers collective has allowed the emergence of new political subjects. However, these social protagonists have not been accepted by a fringe of the feminist movement. This abolitionist fringe is the one which has had the strongest opinion on this matter. This paper brings to light the kind of opposition which the help and support to Montreal sex workers group, "Stella", has experienced. The author also raises some questions that this matter brings from a double perspective: firstly, from the view point of an exercise in active citizenship and, secondly, regarding the capacity of feminism to be open to the complex realities of the lives of women who are amongst the most marginalized and stigmatized in society.