Volume 31, Number 2, 2020 Nécropolitique, finitude et genres trans Guest-edited by Denise Medico and Isabelle Wallach
Page couverture : TRANS & RESTRICTED SPACE /// TRANS ET ESPACE RESTREINT (détail #1,#2,#3), 2014 (Digital photography - inkjet printing on matte photo paper, 1=24"x36" & 2=11.33"x17"), par Ianna Book. Selon l’artiste, cette série est composée de divers portraits de personnes trans confinées dans différents espaces publics inconfortables. « Il s’agit d’une recherche esthétique qui aborde la notion d'espace restreint comme métaphore des difficultés que peuvent rencontrer ces individus hors normes dans leur environnement social. » Source : http://www.iannabook.com/ À propos de l’artiste : Ianna Book vit et travaille à Montréal, au Québec. Ses œuvres ont été exposées au Canada et aux États-Unis.
Table of contents (8 articles)
Présentation
Articles
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Penser et représenter un troisième genre dans les Amériques (xvie-xviiie s.). Le massacre des « hommes-femmes », entre images et littérature
Sara Petrella and Philippe Borgeaud
AbstractFR:
Cette enquête a pour point de départ le motif iconographique et littéraire de la mise à mort de centaines d’Autochtones ordonnée en 1513 par l’Espagnol Núñez de Balboa, dans la région de l’actuel Panama. À travers l’étude de livres illustrés entre les xvie et xviiie siècles, nous constatons que le concept d’« homme-femme » fut déplacé, puis transféré de « l’antique vers l’exotique », pour permettre d’appréhender une réalité méconnue des colons. Après une analyse de la mise en image du massacre par Théodore de Bry au xvie siècle, nous traitons des considérations critiques et de l’analyse comparatiste de Joseph-François Lafitau, qui, au xviiie siècle, fait entrer les hommes-femmes dans le domaine de la religion.
EN:
The starting point for this investigation is the iconographic and literary motif of the killing of hundreds of indigenous people ordered in 1513 by the Spaniard Núñez de Balboa in the region of present-day Panama. Through the study of illustrated books of the 16th to 18th centuries, we observe how the concept of “man-woman” was displaced and transferred from “the ancient to the exotic” so as to understand a gender reality that was unknown to the settlers. After an analysis of Theodore de Bry’s sixteenth-century portrayal of the massacre, we address critical considerations and the comparative analysis of Joseph-François Lafitau, who, in the eighteenth century, brought the man-woman into the realm of religion.
ES:
La presente investigación tiene, como punto de partida, el motivo iconográfico y literario en torno a la matanza, ordenada por el español Núñez de Balboa en 1513, de cientos de amerindios establecidos en el territorio de lo que hoy es Panamá. Al analizar las ilustraciones en libros escritos entre los siglos dieciséis y dieciocho, constatamos que el concepto de « hombre-mujer » fue removido, y luego transferido de « la antigüedad hacia lo exótico », para permitir de comprehender una realidad desconocida para los colonos. A partir del análisis de la puesta en escena de la masacre por Théodore de Bry en el siglo xvi, discutimos consideraciones críticas y analítico-comparatistas de Joseph-François Lafitau, quien, en el siglo xviii, incluye al hombre-mujer en el dominio de la religión.
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Transitude : pratiques et effets des réassignations post-mortem
Karine Espineira
AbstractFR:
En raison d’un sentiment d’illégitimité à vivre, de difficultés à braver les normes et de l’effritement du capital de résilience face aux rejets et discriminations, des personnes trans de tous âges et de tous milieux renoncent à la vie en se suicidant. D’autres sont assassinées et viennent allonger la liste des victimes de transphobie. Ces personnes font l’objet de réassignations post-mortem, dont on trouve des traces depuis le ive siècle. Le sujet demande d’être abordé avec précaution car ces expériences de vie sont liées au genre et plus précisément au franchissement de genre, pour des personnes qui correspondent peut-être aux cas de figure que l’on comprend au xxe siècle sous le terme transgenre. Dans cet article, nous nous proposons d’interroger des franchissements de genre à travers les âges en mesurant les effets des réassignations post-mortem, voire des effacements, à l’aide d’exemples. Les réassignations et leurs conséquences seront aussi décrites et analysées à partir de contenus identifiés dans les médias contemporains, particulièrement quand la mort de personnes trans est traitée dans le registre du fait divers et quand le genre devient un outil de mise en scène. La proposition d’ouverture à l’intersectionnalité a pour objectif de montrer que le traitement médiatique et les réassignations post-mortem révèlent la persistance des inégalités parfois même sous de nouvelles formes.
EN:
Due to the feeling of living an illegitimate life, the difficulty of defying norms and the erosion of resilience capital in the face of rejection and discrimination, trans people of all ages and social classes give up their lives by committing suicide. Others are murdered and can be added to the list as victims of transphobia. These individuals have been subjected to post-mortem gender reassignments, traces of which have been discovered since the fourth century. The subject must be approached with caution, as life experiences related to gender and more specifically to gender-crossing may correspond to the figures we understand in the 20th century under the term transgender. In this article, we propose to question gender-crossings through the ages by measuring the effects of post-mortem gender reassignments, or even erasure, with a number of examples. Reassignments and their consequences in selected contemporary media content will also be described and analysed, particularly when the deaths of trans people are treated as miscellaneous news and when gender becomes a staging tool. The proposed analysis through the lens of intersectionality aims to demonstrate that media treatment and post-mortem reassignments reveal the persistence of inequalities, sometimes in new forms.
ES:
Debido a un sentimiento de ilegitimidad para vivir, a dificultades para hacer frente a las normas, y al derrumbe del capital de resiliencia de cara al rechazo y la discriminación, algunas personas trans de diferentes edades y sectores de la sociedad renuncian a la vida al suicidarse. Otras son asesinadas y, así, aumentan la lista de víctimas de la fobia hacia la persona trans. Estas personas son el objeto de la reasignación de género post mortem, una práctica que puede constatarse desde el siglo IV. Dicho tema requiere ser abordado con precaución ya que tales experiencias de vida están vinculadas al género, más precisamente, al cruce de las fronteras entre géneros por parte de las personas que pueden incluirse, quizás, entre los casos abarcados por el término transgénero en el siglo XX. En el presente artículo, nos proponemos cuestionar los cruces de las fronteras entre géneros a través del tiempo. Por medio de ejemplos, medimos los efectos de la reasignación de género post mortem, o de la eliminación. Asimismo, describimos y analizamos las reasignaciones y las consecuencias de tal reasignación a partir de contenidos identificados en los medios contemporáneos de comunicación masivos. Nos interesamos, particularmente, en el contenido que ha registrado hechos cotidianos que incluyen a las personas trans y cuando la cuestión de género deviene un elemento contextual. La propuesta de apertura a la interseccionalidad tiene como objetivo demostrar que el tratamiento mediático y las reasignaciones de género post mortem revelan la persistencia de desigualdades que, algunas veces asumen nuevas formas.
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Les préoccupations des personnes trans en lien avec la fin de vie : une revue systématique des études qualitatives
Isabelle Wallach and Maude Brisson-Guérin
AbstractFR:
Le champ des études sur la fin de la vie s’est peu penché jusqu’à maintenant sur la population trans. Pourtant, des études quantitatives mettent en lumière une planification moindre de la fin de vie au sein de celle-ci, comparativement à d’autres minorités sexuelles. Notre revue d’études qualitatives vise à mieux comprendre cette situation et, plus largement, à saisir les préoccupations des personnes trans relativement à la fin de la vie. Les treize publications retenues mettent en évidence leurs inquiétudes concernant les risques d’abus et de manque de respect de la part des professionnels dans les soins et les hébergements de fin de vie, leur isolement et le manque de soutien de leurs proches, l’importance qu’elles accordent au présent au détriment de la fin de vie et leurs craintes de voir leur identité de genre déniée après la mort.
EN:
Few end-of-life studies to date have focused on the transgender population, though some quantitative studies have highlighted less end-of-life planning among this group compared to other sexual minorities. Our review of qualitative research aimed to better understand this issue and, more broadly, to grasp the concerns regarding the end of life in the transgender population. The thirteen selected publications highlight transgender people’s concerns regarding the risk of disrespect and abuse from end-of-life workers, the possibility of isolation and lack of support from friends and relatives, the importance given to the present at the expense of end-of-life planning, and the fear of being denied their gender identity after death.
ES:
Hasta el presente, la investigación científica acerca del fin de la vida se ha concentrado muy poco en la población trans. No obstante, algunos estudios cuantitativos ponen de manifiesto una menor planificación de fin de vida en el seno de esta cuando se la compara con la de otras minorías sexuales. Nuestra revisión de estudios de carácter cualitativo tiene por objeto comprender mejor esta situación y, en un sentido más amplio, captar las preocupaciones de las personas trans en lo que se refiere al fin de vida. Las trece publicaciones estudiadas ponen en evidencia numerosas inquietudes de las personas trans. Más específicamente, los textos refieren a los riesgos del abuso y la falta de respeto por parte del personal profesional en los cuidados y el hospedaje durante el fin de vida, el aislamiento y la falta de apoyo de familiares, la importancia que se acuerda al momento presente en detrimento del fin de vida, y el temor de que sus identidades de género sean negadas aún después de haber muerto.
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Finitude et devenir trans. Racing the Reaper
Christina Richards
AbstractFR:
Les personnes trans, non binaires ou genderqueer ne trouvent pas un réel contentement d’être soi dans le genre qui leur a été assigné à la naissance. Elles peuvent s’identifier comme homme ou femme (homme trans ou femme trans), ou encore se positionner en dehors de ce système binaire (genderqueer ou personne non binaire). Le fait d’être trans implique presque toujours un mouvement allant d’une présentation de genre telle qu’attendue culturellement en fonction du sexe assigné à la naissance vers une présentation de genre qui s’accorde avec l’identité intérieure de la personne. Ce processus de transition ou de devenir soi-même est indissociable des éléments existentiels du monde social, de l’être-avec-autrui dans lequel la personne est jetée; indissociable aussi de l’être-vers-la-mort, ou finitude, qui fait partie de la relation originaire de l’être et du temps. Dans le présent article, les implications de cette transition dans le monde social et à travers le temps – et vers la mort – sont explorées à partir de l’expérience clinique et de recherche de l’autrice dans un établissement de santé du secteur public, auprès de centaines de personnes trans et non binaires.
EN:
Trans and non-binary or genderqueer people are people who are not content to remain the gender they were assigned at birth. They may identify within the gender binary of male or female (trans men and trans women, respectively) or outside of this binary system (genderqueer or non-binary people). Almost universally this involves a movement from the gender presentation commonly associated with the birth-assigned sex and towards a gender presentation which accords with the person’s internal gender identity. This process of transition occurs within the existential elements of the social world of being-with-others into which the person is thrown; and within the being-towards-death, or finitude, which is a part of being in time. The implications of this transition within a social world through time – and towards death – are explored.
ES:
Las personas trans, no binarias o genderqueer no encuentran uno verdadero contentamiento de ser uno mismo en el género que se les otorgó desde el nacimiento y sentirse satisfechos. Ellas pueden identificarse como hombres o mujeres (hombre trans o mujer trans), o también posicionarse fuera de este sistema binario (genderqueer o persona no binaria). El hecho de ser trans implica casi siempre un movimiento que va desde una presentación del género tal como culturalmente se la espera en función del sexo asignado al nacer hasta una presentación del género congruente con la identidad interior de la persona. Este proceso de transición o de devenir uno mismo es indisociable de elementos existenciales del mundo social, del ser uno mismo con el otro en el cual la persona es arroja; indisociable, también, del ser ante la muerte o finitud, que forma parte de la relación original del ser y del tiempo. En este artículo, la autora explora las implicancias de tal transición en el mundo social y a través del tiempo – y hacia la muerte – a partir de su experiencia clínica y de investigación conjuntamente con cientos de personas trans y no binarias en un establecimiento sanitario del sector público.
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L’accompagnement vers l’actualisation de l’identité de genre selon la psychologie humaniste-existentielle du Soi
Lou-Ann Morin, Stéphanie Brosseau and Florence Vinit
AbstractFR:
Au coeur de l’approche psychothérapeutique humaniste, plus particulièrement de son courant existentiel, réside la recherche d’authenticité. La clinique témoigne de l’intensité de la souffrance, pouvant aller jusqu’à prendre la forme d’idéations suicidaires, lorsque l’être est entravé dans ce cheminement. Nous croyons que l’entrave à pouvoir être soi-même est centrale dans le vécu des personnes trans. Dans cet article, nous nous proposons de présenter certaines conditions jugées essentielles dans l’accompagnement de la recherche identitaire du genre à travers la perspective de la psychologie humaniste-existentielle, qui fait de la capacité d’actualisation de la personne un élément central du travail thérapeutique. Le texte, sous la forme d’un essai théorique et herméneutique, présente des réflexions sur la clinique trans qui laissent également place à la réflexivité des autrices, toutes trois travaillant en psychologie clinique (la première autrice de ce texte s’identifiant comme femme transgenre et les deux autres autrices comme femmes cisgenres).
EN:
At the heart of humanistic psychotherapy, especially in the existential approach, lies the search for authenticity. The clinical literature reports the intensity of traumatic suffering, which may even take the form of suicidal ideation, when a being is hindered in this journey. We believe that this theme is central to the lives of trans people. In this article, we present some conditions considered to be essential for accompaniment of the gender identity research process, through the perspective of the humanistic psychology of the self, in which the capacity for self-actualization is a central element of the therapeutic work. Using a combination of theoretical essay and hermeneutic methodology, the following text will present theoretical reflections on these themes, adding the reflexivity of the authors, all three of whom work in clinical psychology (the first identifying as a transgender woman and the other two as cisgender women).
ES:
En el centro del enfoque psicoterapéutico humanista, más precisamente su corriente existencial, yace la búsqueda de la autenticidad. La clínica demuestra la intensidad del sufrimiento, el que puede llegar hasta tomar forma de pensamientos suicidas mientras el sujeto está inhibido en tal camino. Creemos que la dificultad de ser uno mismo es fundamental en las experiencias vividas por las personas trans. En este artículo, proponemos presentar ciertas condiciones que juzgamos esenciales durante el proceso de acompañamiento a la persona en su búsqueda de identidad de género a través de la perspectiva de la psicología humanista-existencial. Desde tal perspectiva, se ve la capacidad de la actualización de la persona como un elemento central del trabajo terapéutico. El texto, en forma de ensayo teórico y hermenéutico, presenta reflexiones acerca de la clínica trans, la cuales dan lugar a reflexiones sobre el tema por parte de las tres autoras, quienes trabajan en el campo de la psicología clínica (la primera autora de este texto se identifica como una mujer transgénero en tanto que las otras dos como mujeres cisgénero).
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« J’aimerais mourir. » Comprendre le désespoir chez les jeunes trans par le concept d’oppression développementale
Denise Medico, Annie Pullen Sansfaçon, Gabriel J. Galantino and Adèle Zufferey
AbstractFR:
La suicidalité chez les jeunes trans est très importante. La recherche montre qu’il y a de meilleures chances de la prévenir, dans un contexte social aidant, avec du soutien parental et un accès aux traitements de confirmation de genre. Or, que vivent les jeunes trans et leur famille dans des contextes où, comme c’est le cas de la Suisse francophone, les traitements sont peu accessibles, d’une part, et où, d’autre part, la transitude est pratiquement invisible? Dans le cadre d’une recherche participative inspirée par la théorie ancrée, dix jeunes et dix parents ont été interrogés pour documenter la situation. De fait, le suicide et « l’envie de mourir » sont très présents pour ces jeunes, qui considèrent l’inadaptation actuelle des structures de soin comme un enjeu majeur. Se révéler à soi-même et aux autres et être soutenu par les soignants sont de la plus grande importance pour sortir de l’envie de mourir. Cet article montre comment la notion d’oppression développementale peut aider à mieux comprendre la suicidalité chez les jeunes trans.
EN:
Suicidality among trans youth is a crucial topic. The literature has demonstrated that a supportive social context, strong parental support and access to gender-affirming medical care are strong protective factors to prevention of suicidality. But what are the experiences of trans youth and their families in contexts of limited access to gender-affirming care, or in cultures where trans people remain invisible, for example, in French-speaking Switzerland? In a participatory study supported by grounded theory, 10 youth and 10 parents were interviewed to document their experiences. Suicide and suicidal ideation are common among youth experiences, and the current maladapted healthcare system is identified as an important factor leading to these experiences of suicidality. For trans youth, coming out to themselves and to others and being supported by caregivers are fundamental for overcoming suicidality. This article explains how the concept of developmental oppression is helpful for understanding suicidality in trans youth.
ES:
La suicidalidad entre los jóvenes trans es inquietante. La investigación científica muestra que existe la posibilidad de prevenirla si esto se realiza en un contexto social de ayuda, con el apoyo de los padres y con el acceso a los tratamientos de la reafirmación del género. Sin embargo, ¿qué viven los jóvenes trans y sus familias en contextos como en la parte francesa de Suiza, donde, por un lado, los tratamientos son poco accesibles y, por otro, el ser trans es prácticamente invisible? En el marco de una investigación de carácter participativo inspirada de la teoría fundamental, diez jóvenes y diez padres fueron interrogados con el fin de documentar la situación. De hecho, el suicidio y “el deseo de morir” están muy presentes en las vidas de estos jóvenes, quienes consideran la inadaptación actual de estructuras de ayuda como un problema mayor. Asumirse como trans, hacerlo público a los otros y ser apoyado por el personal profesional son de suma importancia para descartar el deseo de morir. Este artículo muestra cómo la noción de la opresión desarrollista puede contribuir a mejor comprender el suicidalidad entre los jóvenes trans.
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« Fix society. Please. » Suicidalité trans et modèles d’interprétation du suicide : repenser le suicide à partir des voix des personnes suicidaires
Alexandre Baril
AbstractFR:
Alors que les modèles médical et biopsychosocial du suicide ont fait l’objet de critiques, le modèle social adopté dans les études/mouvements trans n’est pas remis en question à partir de perspectives anti-oppressions. Ainsi, les limites de ce modèle sont sous-théorisées. La question au coeur de cet essai est : quelles sont les limites du modèle social sous-tendant les analyses de la suicidalité trans? Basé sur une analyse critique des discours des travaux des autrices et auteurs qui ont adopté le modèle social, le présent article démontre que les discours sur la suicidalité trans au sein des études/mouvements trans reproduisent des formes de stigmatisation, de marginalisation et de pathologisation des personnes (trans) suicidaires. Je défends la thèse selon laquelle le modèle social produit une violence épistémique qui relève du capacitisme mental (ou sanisme) et du suicidisme (oppression des personnes suicidaires) en délégitimant les voix des personnes suicidaires.
EN:
While the medical and biopsychosocial models of suicide have been critiqued, the social model adopted in trans studies/movements has not been examined from anti-oppressive perspectives. Thus, the limits of this model are under-theorized. The question at the heart of this article is: What are the limits of the social model that underlies most trans suicidality analyses? Based on a critical discourse analysis of publications in trans studies/movements adopting the social model of suicide, this paper demonstrates that these discourses reproduce forms of stigmatization, marginalization and pathologization of (trans) suicidal people. I argue that the social model produces an epistemic violence founded in mental ableism (or sanism) and suicidism (oppression of suicidal people) by delegitimizing the voices of suicidal people.
ES:
Mientras que los modelos médicos y biopsicosociales para analizar el suicidio han sido objeto de críticas, el modelo social adoptado en los estudios o movimientos trans no han sido cuestionados a partir de la perspectiva de la anti-opresión. De hecho, los límites de este modelo son poco teorizados. ¿Cuáles son los límites del modelo social subyacente en el análisis de la suicidalidad trans? Esta es la pregunta al centro de este ensayo. Este trabajo se basa en el análisis crítico del discurso de textos de autores y autoras que adoptaron el modelo social. Con el análisis, demuestro que los discursos sobre la suicidalidad en los estudios o movimientos trans reproducen formas de estigmatización, marginalización, y patologización de las personas (trans) con tendencias suicidas. Por ende, sostengo la tesis que el modelo social produce una violencia epistémica que confronta el capacitismo mental (o el sanismo) y el suicidismo (la opresión de las personas suicidas) deslegitimizando la voz de las personas suicidas.