Abstracts
Résumé
Le deuil est trop souvent considéré comme la seule réponse d’un individu au décès d’une personne proche. Il est appréhendé comme un processus plus ou moins long qui se laisse décrire par une série d’étapes, de phases ou de passages susceptibles de rendre la transition du deuil effective. Cet article invite à sortir de cette lecture égocentrée du deuil. Il s’intéresse, d’une part, à la façon dont le deuil est vécu au travail lorsqu’une personne reprend son activité professionnelle après le décès d’un proche et à la façon dont les travailleurs sociaux peuvent ou non se considérer en deuil face à la mort d’individus qu’ils accompagnent d’autre part. Cet article montre que le deuil est avant tout façonné par une succession de moments et de circonstances d’intensité émotionnelle et affective, variable selon les contextes sociaux et les interactions entre individus plus ou moins concernés par le décès de quelqu’un.
Mots-clés :
- deuil,
- anthropologie,
- interactions,
- activité professionnelle,
- monde du travail,
- travail social
Abstract
Grief is too often considered as the sole response of an individual to the loss of a loved one. It is perceived as a more or less prolonged process that can be described through a series of stages or phases enabling the passage of grief. This article puts into question this egocentric conception of grief. On the one hand, it is based on how grief is experienced at the workplace when a person goes back to work after the loss of a loved one. On the other hand it explores how social workers consider themselves as being in grief, or not, after the death of individuals whom they support. This article shows that grief is shaped above all by a succession of moments and circumstances of emotional and affective intensity that varies according to social contexts and interactions between individuals more or less concerned with somebody’s death.
Keywords:
- grief,
- anthropology,
- interactions,
- professional activity,
- workplace,
- social work
Appendices
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