Abstracts
Résumé
La cosmétologie répond à certaines des exigences esthétiques des corps malmenés par la vie. Quant aux médicaments psychotropes, c’est-à-dire qui ont des effets d’altération sur l’esprit, ils promettent d’assister efficacement un psychisme tourmenté par l’existence et de servir de remède à la déprime. En ce temps de marché à court terme, une culture du tout-médicament peut-elle délivrer du mal-être ?
Dans la mesure où survivre n’est plus un impératif, un mélange d’exaltation et de peur oppose aux circonstances l’écran protecteur d’une médication qui induit une nouvelle posture au monde, dans la promesse de nouveaux apprentissages de soi. Avec ses incitations à consommer vite et à prendre du plaisir sans réfléchir aux conséquences, la société de consommation produit des dépendances qui nourrissent une culpabilisation généralisée.
Étant donné la confusion des désirs et des fonctions qui peuplent le quotidien, nous vivons à l’ère de la sollicitation en permanence des ressources personnelles, avec la peur de ne pas être à la hauteur. La recherche éperdue d’un discours qui ferait échec au mal-être s’accommode des représentations que nous inventons, pour notre plus grand plaisir ou pour notre malheur, dans le but d’apprivoiser le simple fait de vivre.
Mots clés:
- toxicomanie,
- addictions,
- adaptation,
- performance,
- culpabilisation,
- principe de précaution
Abstract
Beauty care may meet some of the aesthetic expectations of bodies treated harshly by life. Psycho-physiological medication with its altering potential may assist minds plagued with existence, promising perhaps to rid depression. However, in a context of short-term economy, can global medication relieve ill-being ?
As long as survival is not imperative anymore, the protective shield of medication, along with the promise of radically new self-expressions, is mixed by elation and fear, in an attempt to oppose circumstances. Consumer society leads into over-consumption and instant gratification without thinking about consequences ; it generates dependence which in turn perpetuates widespread guilt.
Because of the confusion between daily wishes and duties, private resources are constantly challenged, with the permanent fear of not being up to it. The frantic search to foil ill-being puts up with delusions in order to tame the bare fact of living.
Keywords:
- drug addiction,
- coping,
- performance,
- guilt,
- caution principle
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Appendices
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