Les pratiques enseignantes susceptibles de soutenir les fonctions exécutives des enfants de maternelle 4 ans

Depuis 2019, au Québec, le déploiement de la maternelle 4 ans à temps plein suit son cours. En plus de représenter une nouvelle réalité pour le milieu de l’éducation, l’ouverture de centaines de classes d’éducation préscolaire 4 ans amène inévitablement un nombre croissant d’enseignant·es à y oeuvrer (Labbé, 2019). Conjointement à ce déploiement massif, le ministère de l’Éducation du Québec [MEQ] publie le Programme-cycle de l’éducation préscolaire (2021), lequel constitue la nouvelle référence pédagogique visant à assurer la réussite éducative en maternelle 4 et 5 ans. À la lecture de ce programme, on constate rapidement que les fonctions exécutives [FE] font maintenant partie de ses éléments constitutifs. Parmi les habiletés liées aux FE, on trouve notamment la mémoire de travail, l’inhibition, la flexibilité cognitive et la planification. Comme ces habiletés sont susceptibles d’être déployées par les enfants lorsqu’elles sont soutenues dans les différentes situations de classe (MEQ, 2021), le MEQ met celles-ci en lumière à plusieurs reprises dans son programme-cycle en effectuant des liens avec chacun des domaines de développement de l’enfant, soit les domaines physique et moteur, affectif, social, langagier et cognitif. Pour chacun de ces domaines, le ministère présente, de manière théorique et dans un court paragraphe, des contextes généraux propices à la mobilisation des FE chez les enfants d’âge préscolaire. On comprend que le MEQ s’attend à ce que les enseignant·es à l’éducation préscolaire soutiennent le développement de ces habiletés chez les enfants. Les FE sont une fondation sur laquelle reposent un ensemble de processus cognitifs de haut niveau (Moreno et al., 2017). Elles sous-tendent un large éventail d’aptitudes, d’habiletés et de compétences (CDCHU, 2011) qui permettent à l’enfant d’exercer un contrôle sur ses actions, pensées et comportements en vue d’atteindre un but (Moreno et al., 2017). La plupart des tâches et des activités requièrent la coordination de plusieurs habiletés liées au fonctionnement exécutif (CDCHU, 2011). Des chercheurs comme Barkley (2001) et Blair (2002) s’entendent pour dire que les FE constitueraient le fondement, voire la base biologique, de la préparation à l’école. Bien que les FE se développent tout au long de la vie, la période préscolaire est considérée comme un moment déterminant (Diamond, 2013), notamment en raison de la plasticité cérébrale de l’enfant âgé de 3 à 5 ans (CDCHU, 2011). Durant cette période, les éléments centraux des FE se développent, formant une fondation qui prépare le terrain pour le développement de processus cognitifs de haut niveau (Diamond, 2013). Acquérir cette fondation serait l’un des défis les plus importants de la petite enfance (CDCHU, 2011). À cet effet, l’un des enjeux sociétaux les plus critiques serait de développer et de mettre en place des stratégies efficaces pour soutenir le développement des FE chez les enfants, et ce, dès leur entrée à la maternelle (CDCHU, 2011 ; Diamond, 2016). En ce sens, l’éducation préscolaire constituerait un contexte riche exposant l’enfant à des occasions d’expériences multiples et variées visant à soutenir son développement cognitif (Bigras et al., 2012), dont le déploiement des FE. Il est maintenant bien connu que les influences environnementales, telles que le soutien social et culturel, jouent un rôle majeur dans le développement des FE des enfants (Zelazo et al., 2020). En effet, Nelson et Bloom (1997) suggèrent que les expériences sociales auraient un impact significatif sur le développement du cerveau de l’enfant, et plus précisément sur le fonctionnement exécutif, lequel serait sensible aux fortes influences des interventions éducatives (Bernier et al., 2012 ; Zelazo et al., 2010). Dans cet ordre d’idées, la qualité des programmes et des contextes éducatifs joue un rôle essentiel dans le développement des FE des enfants d’âge préscolaire (Diamond et …