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Introduction

Depuis le début de l’année 2020, la planète vit une crise sanitaire majeure. Le virus de la COVID-19 a entraîné la mort de centaines de milliers de personnes à travers le monde. Au Québec, du jour au lendemain, le confinement, la distanciation sociale, le port du masque et le lavage de mains ont fait partie du quotidien de la population. Les élèves du secondaire ont subi les lourdes conséquences de cette pandémie. Ils ont dû quitter les bancs d’école provisoirement en mars 2020 et poursuivre en ligne les apprentissages. Leur monde a été chamboulé. Ils ne pouvaient plus vivre ce plaisir rituel de se retrouver entre camarades de classe.

Nombre d’entre eux se sont alors repliés sur des pratiques culturelles comme TikTok pour partager leurs expériences de vie et faire valoir leur savoir-faire. TikTok est une application de partage de vidéos lancée en 2016 par l’entreprise chinoise ByteDance. Elle a connu une popularité mondiale grandissante depuis 2019. Il s’agit de la deuxième application la plus téléchargée par les jeunes au monde. Elle devance notamment Facebook et Instagram (Moghaddam, 2020).

Le concept de TikTok est simple. Les utilisateurs créent, le plus souvent avec leur téléphone, des vidéos dont la durée ne dépasse pas soixante secondes. Les plus populaires sont imitées par les utilisateurs qui les adaptent à leur contexte et à leur personnalité. Depuis le début de la pandémie, TikTok a massivement été utilisé par les jeunes pour mettre en images leur quotidien. Ils se sont filmés en train de danser, de rigoler, de pleurer, mais aussi de se divertir pour faire un pied de nez au coronavirus. Nous nous sommes intéressés au phénomène de l’émulation ou plus précisément au « mimétisme social » (Gebauer et Wulf, 1995) dans la production des vidéos TikTok. L’émulation est une forme d’apprentissage qui consiste à s’inspirer d’un modèle initial pour produire ses propres créations. L’émule ne cherche pas à copier fidèlement le modèle, mais plutôt à se l’approprier pour le refaire à sa manière (de Villeroy, 2017). Sur la plateforme TikTok, les ados ne plagient pas les vidéos des autres, mais ils les adaptent à partir de leurs intérêts, de leurs motivations et des effets sociaux qu’ils veulent produire.

Nous nous sommes rendu compte que ce phénomène de « mimétisme social » avait des effets positifs sur les adolescents. Leurs pratiques sur TikTok leur ont notamment permis de mettre en images, sous le couvert de l’humour et de la parodie, leurs sentiments de solitude, de désarroi, de désespérance et de flottement identitaire. À cet âge de la vie, comme l’a bien montré Françoise Dolto (1989), les jeunes ont la carapace fragile parce que leur identité est en transformation[1]. Dans un court scénario, ils présentent leur monde intérieur. TikTok leur procure ainsi l’occasion de ritualiser ce qui se passe en eux, ce qui les affecte, ce qu’ils n’arrivent pas à verbaliser spontanément (Jeffrey, 2018). Ce type de ritualisation, comme l’a bien vu David Le Breton (2012), procure un sens à l’existence et donne de goût de vivre. Cette chronique propose l’analyse d’une production TikTok en s’appuyant sur les travaux de Jeffrey, Lachance et Le Breton (2016) sur les rites de passage à l’âge adulte et sur la théorie du « mimétisme social » développée par Gebauer et Wulf (1995). Nous voulons mettre en lumière, d’une part, le phénomène d’émulation des adolescents sur TikTok et, d’autre part, la dimension initiatique inhérente à cette pratique culturelle à l’adolescence.

Les rites de passage à l’adolescence 

Dans les sociétés traditionnelles, les jeunes garçons sont appelés à marcher sur les pas de leurs ancêtres. Des rites de passage sont prévus pour les arracher au monde de l’enfance et les initier à leurs responsabilités d’adulte. Une phase importante de ces rites concerne l’apprentissage de savoirs sacrés sur la vie, la mort, la souffrance, les êtres surnaturels, en fait, sur les grandes vérités de la condition humaine (Van Gennep, 1981).

Dans nos sociétés contemporaines, ce type de rites de passage fait défaut. Les adolescents sont laissés à eux-mêmes pour avancer vers l’âge adulte. Ils doivent construire de leur propre initiative leur identité d’adulte et trouver leur place dans la société, d’où le sentiment d’incertitude de certains d’entre eux devant l’avenir (Ehrenberg, 1995). Il leur revient d’affronter, le plus souvent seuls, les épreuves de la vie. S’ils ont de la chance, ils auront le soutien de quelques copains ou d’un adulte significatif. Tous ne sont pas égaux devant ce passage qui, de nos jours, semble s’éterniser (Fize, 1998). Certains jeunes hésitent à faire le saut à la vie adulte, « d’autres l’acceptent, mais en même temps, ils aimeraient bien conserver leurs privilèges d’enfants » (Jeffrey, 2020, p. 1). La disparition des rites de passage traditionnels explique, en partie, les longues quêtes adolescentes. Comme le soulignent Lachance, Mathiot et St-Germain (2016), les jeunes veulent être reconnus comme adultes, mais en même temps, ils aiment leur vie de jeunesse. Il appartient donc à chacun d’entre eux de trouver une posture personnelle qui allie les obligations de la vie adulte et le désir de jouir des libertés propres à l’adolescence.

Malgré la singularité des parcours qui mènent à la vie adulte, tous les jeunes rencontrent sur leur chemin les grands invariants anthropologiques de l’existence humaine. Qu’est-ce qu’un invariant anthropologique ? Il s’agit d’expériences existentielles qui renvoient au caractère tragique de la condition humaine. Pensons à la mort, à la souffrance, à la solitude, à l’état d’impuissance, aux peurs infantiles, aux sentiments d’échec, de perte et de faillibilité, au débordement de sa propre violence, aux vifs affects d’amour et de haine, à la méconnaissance de sa place dans la société, aux ambivalences de son identité sexuelle, à l’angoisse de l’inconnu, à la perte de l’innocence, à la rencontre de mystères et du merveilleux, à la peur du désordre, à la découverte à la fois de son unicité et de son appartenance à la famille humaine, au désir de fusion dans un grand Tout, aux sentiments intriqués d’attraction et de répulsion devant les choses sacrées, au courage de l’héroïsme, à l’amor fati, etc. Ces expériences humaines fondamentales tissent la trame des mythes religieux, des grandes épopées comme l’Iliade et l’Odyssée et de toutes les autres formes de récits littéraires. Elles motivent les individus ou les livrent au néant. Ces grands invariants sont la source et l’expression la plus profonde des grandes productions de sens de l’esprit humain.

Dans les sociétés anciennes, des rites de passage visaient explicitement la transmission de ces savoirs expérientiels. Dans nos sociétés contemporaines, aucune institution laïque ne prend explicitement en charge l’enseignement des dimensions initiatiques de la vie (Turner, 1990). Cela pourrait bien avoir pour conséquence que nombre de jeunes sont laissés à eux-mêmes pour vivre des expériences sacrales constitutives de notre commune identité humaine. Les jeunes peuvent alors découvrir le sens profond d’un invariant anthropologique lors d’une lecture, au théâtre, dans un film ou dans une série télévisée. Plusieurs événements de leur propre vie – comme une relation sexuelle marquante, la perte d’un être cher, le coming out, un échec scolaire, une blessure grave, une conduite à risque, un voyage à l’étranger, une trahison amoureuse, etc. – les amènent à composer avec des révélations sur de grands invariants. L’adolescence constitue cette période où se multiplient les situations nouvelles et inédites d’expériences initiatiques lors desquelles un jeune apprend à se connaître, à fabriquer son identité et à donner un sens à son existence.

Or, la situation de pandémie avec ses contraintes de confinement et de couvre-feu accentue davantage chez eux le sentiment d’être abandonné, isolé, délaissé. Cette solitude est d’autant plus difficile à supporter lorsque le milieu familial est peu accueillant à leur vécu, anxiogène ou même violent. C’est pourquoi nombre d’adolescents se réfugient dans les médias sociaux et utilisent massivement les applications comme TikTok pour se faire valoir. En fait, TikTok leur donne un espace créatif pour qu’ils puissent se mettre en scène librement. Chacun livre, à sa manière propre, une partie de son monde intérieur, en fait une dimension existentielle de sa vie. À cet égard, lorsqu’une vidéo est imitée par des milliers de jeunes, c’est que ces derniers se sentent concernés et touchés par une expérience fondamentale de la condition humaine. Les pratiques d’émulation sur TikTok confirment que les jeunes cherchent des moyens de se faire entendre et de faire voir ce qui se trame dans leur monde intérieur. Cette pratique possède une dimension initiatique.

L’agir mimétique ou le mimétisme social[2]

Gebauer et Wulf (1995, 2004) privilégient des concepts heuristiques comme ceux de mimétisme, d’agir corporel et de rituel pour décrire le comportement des individus. Pour ces professeurs d’anthropologie historique de l’Université libre de Berlin, le mimétisme est au fondement de tout apprentissage. Les enfants entrent dans l’humanité en imitant d’abord leurs parents (Wulf, 2002). Ils vont imiter leur sourire et d’autres signes faciaux. Puis ils reproduisent leur gestuelle, leur tempérament et leur comportement. Les enfants apprennent donc les normes et le mode de vie de leurs parents en imitant leur manière d’être. Ils imitent leurs frères et leurs soeurs ainsi que d’autres membres de la famille proche. Le mimétisme est à la base du désir chez les enfants de s’identifier à ses familiers pour devenir comme eux (Wulf, 2014). Ils vont intérioriser les normes sociales par les procédés de l’imitation. L’apprentissage mimétique est fondamental puisqu’il permet aux enfants d’accéder à la culture de leur société et de s’y intégrer.

À l’adolescence, leur quête d’autonomie les amène à se distancier des normes de la famille (Fize, 1994). Les ados sont animés d’une « frénésie différenciatrice » qui est la condition de l’émergence de leur identité personnelle (Marcelli, 2007, p. 255). La socialisation hors de la famille leur permet d’imiter progressivement des adultes qui comptent, les vedettes de la musique, du sport ou du cinéma, et bien sûr les copains. Les pratiques d’imitation touchent principalement la dimension corporelle (geste, posture, tenue, intonation de la voix, etc.), les codes vestimentaires et les expressions langagières (Jeffrey, 2011). Les jeunes partagent un look commun selon leur tribu[3] d’appartenance qui témoigne de leur désir de s’inscrire dans une communauté sociale. Toutefois, ils s’imitent mutuellement en ajoutant chaque fois leur propre interprétation, leur caractère, leur humeur, leurs émotions, leurs élans affectifs, leurs désirs et leurs pulsions. Le jeu du mimétisme social les amène à se créer une identité personnelle.

Ainsi se développe une culture d’émulation entre pairs. Ils n’imitent pas leurs pairs pour les copier fidèlement, mais s’en inspirent plutôt pour afficher certains traits de leur propre personnalité. Comme le notait Wulf (2014), l’imitation ne doit pas être comprise comme la fabrication d’une copie, mais plutôt comme une capacité humaine de création grâce à laquelle quelque chose de nouveau survient. C’est cette force créative dans l’imitation que nous désignons par le terme d’émulation. Lorsqu’un jeune imite la vidéo d’un autre sur TikTok, il y ajoute une dimension de son monde intérieur qui lui est unique. En temps de COVID-19, TikTok permet aux ados de sortir de la morosité ambiante pour investir un nouvel espace social. L’analyse d’une de leurs productions TikTok montre leur désir d’assumer, le plus souvent sous le mode de l’humour, la dimension initiatique de la vie humaine qui renvoie aux grands invariants anthropologiques.

#Blanket life

Nous nous intéressons ici à une vidéo TikTok mise en ligne au début de la pandémie en mars 2020. Notre choix a été établi sur sa réponse à la pandémie, sa popularité et sur la dimension initiatique des thèmes qu’elle comporte. La vidéo s’intitule #Blanket life et traite de la solitude des jeunes lors du premier confinement. Nous allons commencer par décrire le scénario de la vidéo avant de l’analyser. Pour faciliter l’analyse, nous avons découpé la vidéo en trois séquences – amorce, intrigue et finale –, qui correspondent à des thèmes singuliers que nous allons détailler.

Dans cette vidéo[4], un jeune est d’abord étendu dans son lit sous un drap. On ne voit pas son visage. Il en sort brusquement, toujours couvert par le drap. Puis, pendant qu’on entend une musique orchestrale énergique, il se lance frénétiquement vers le frigo pour se procurer quelque chose à se mettre sous la dent, souvent un plat de malbouffe comme des croustilles ou des petits gâteaux sucrés. Il retourne alors dans son lit, se débarrasse du drap et mange anarchiquement la nourriture. Aucun mot n’est prononcé. La pièce musicale qui accompagne la vidéo s’intitule Le Vol du Bourdon[5]. Même si la musique enrobe la scène d’une atmosphère dramatique, la vidéo comporte tout de même une dimension humoristique. Lorsque le jeune se lance vers le frigo, on dirait qu’il flotte au-dessus du sol comme un fantôme. Il ne tient pas la caméra, car la scène est filmée depuis l’extrémité de la pièce. Les variantes de cette vidéo TikTok sont nombreuses. Par exemple, des jeunes ont remplacé la figure du fantôme par celle d’un zombie. Certains ont levé la bouffe à bout de bras, comme un champion le fait avec un trophée qu’il vient de remporter. D’autres sortent de leur lit pour aller chercher du réconfort auprès de leur chien. Plusieurs ont montré leurs parents en train de regarder un fantôme aller vers la cuisine. Les parents devenaient alors témoins de ce que vivait le jeune.

Analyse de la vidéo

Cette vidéo met en scène un adolescent qui, de son lit, se précipite vers le frigo pour y chercher de la malbouffe. La musique du Vol du Bourdon accentue l’urgence du déplacement entre le lit et le frigo. Cette vidéo date de mars 2020, un moment charnière dans la pandémie, car tous étaient dans l’attente de connaître le niveau de dangerosité et les populations victimes du virus[6]. Les infos diffusaient des images dramatiques de personnes âgées qui mouraient dans la plus grande désolation. Nombre de jeunes ont alors été coupés de leurs repères sociaux du monde scolaire, car ils devaient rester à la maison. La vidéo comporte les trois séquences suivantes : 1) un jeune est dans son lit caché sous un drap, 2) il se précipite vers le frigo couvert de son drap, ce qui lui donne l’apparence d’un fantôme et 3) il a en main un plat de malbouffe et revient à son lit.

Dans la première séquence, c’est-à-dire l’amorce, le jeune semble dire que la perte des repères liés à la pandémie fait de lui un fantôme, comme s’il n’était que l’ombre de lui-même. La figure du fantôme, qui est un mort-vivant, ressort de l’inquiétude de se retrouver isolé des amis et des camarades de classe. Les jeunes associent la vie sociale, qui est en train de mourir, à la peur du vide (Delage, 2008). Le choix du lit, dans la première séquence, représente un lieu de bien-être, une sorte de cocon protecteur (Lachance, 2016). Or, il doit s’en extirper pour satisfaire ses besoins naturels.

La seconde séquence montre le jeune, couvert du drap sous lequel il se cachait, sortir du lit, ouvrir la porte de sa chambre et courir vers le frigo sous le tempo accéléré d’un air classique connu. L’objectif de cette intrigue est de donner une dimension héroïque à la situation de confinement. Bien que le jeune soit devenu l’ombre de lui-même, sa course effrénée montre qu’il déborde de vie (Michon-Raffaitin, 2000). Il ne se laisse donc pas abattre par l’incertitude qui règne au début de la pandémie.

Dans la troisième séquence, le jeune s’empare d’un plat de malbouffe et retourne dans son lit pour le dévorer. Pour un adolescent, être contraint à la maison est synonyme de mort sociale. David Le Breton (2014) avait déjà observé que le fait pour un jeune d’être isolé provoque un sentiment de perte de maîtrise de l’existence. La scène finale de la « sortie de la chambre à coucher » évoque le fait « de s’en

sortir », de reprendre sa vie en main, de croire également qu’il pourra bientôt « sortir de la maison » pour revoir les amis. Par ailleurs, le symbole de la malbouffe est central. Il renvoie à l’idée qu’il est préférable de dévorer une mauvaise bouffe plutôt que de ne rien manger du tout. Par conséquent, il y aura toujours quelque chose à « se mettre sous la dent ». On se souvient que les tablettes des supermarchés avaient été littéralement vidées, en mars 2020, par des individus sous l’emprise d’une pulsion d’achat. Pour un jeune, un mauvais hamburger vaut mieux que la famine. Derrière cet enjeu alimentaire se profilait l’enjeu existentiel du manque de vie sociale. Pour les jeunes, vivre en santé, c’est savoir compter sur le réconfort des amis dans une période difficile comme la pandémie (Guédeney, 2011).

Les jeunes ont pu retrouver de cette chaleur humaine dans leur mimétisme émulatoire de la vidéo #Blanket life. Leur mise en scène humoristique montre qu’ils ont su créer des repères pour échapper à l’isolement du confinement. Toutes les craintes que les adolescents peuvent ressentir en temps normal comme celles de perdre le groupe de copains, de s’ennuyer, de perdre le fil des ragots scolaires, ou encore d’être exclu de la bande ont été accentuées par l’effet d’isolement. TikTok leur a procuré un lieu de socialisation virtuelle où ils ont pu exprimer que, malgré leurs craintes et leurs inquiétudes, la vie continue.

Conclusion

Les adolescents apprennent à se connaître en imitant leurs pairs. Il s’agit d’un mode de socialisation qui les amène à choisir le type de personne qu’ils veulent être. Ils découvrent entre eux les nouvelles possibilités offertes par la vie. La plateforme TikTok répond parfaitement bien à ce besoin des jeunes de se retrouver ensemble pour se créer une identité singulière. C’est pourquoi l’émulation sur TikTok est devenue un phénomène si important de la culture jeune contemporaine. En février 2021, les statistiques révélaient que TikTok avait atteint plus de 1,1 milliard d’abonnés sur la planète, majoritairement des jeunes d’âge secondaire (Wallaroo, 2021).

Dans cette chronique, nous voulions montrer en quoi le phénomène d’émulation sur TikTok a permis à des jeunes utilisateurs de mettre en images le sens qu’ils donnent aux grands invariants de la condition humaine, dont ceux de peur du vide, de sentiment d’impuissance et de perte de contrôle en temps de pandémie. La conception d’une vidéo TikTok, encouragée par l’émulation, y participe pleinement sous le mode particulier de l’humour, du ludisme et de la parodie. Ce sont des postures qui montrent que le jeune est capable de se distancier de lui-même et de relativiser ses ressentis, en même temps qu’il participe à la dimension initiatique de la vie humaine.