ChroniquesFormation des maîtres

Je suis professionnelle : suis-je enseignante ?[Record]

  • Andréanne Gagné and
  • Charlaine St-Jean

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  • Andréanne Gagné
    Université de Sherbrooke (Canada)

  • Charlaine St-Jean
    Université du Québec à Rimouski (Canada)

Bien que la popularité des classes de maternelle quatre ans ait varié au cours des dernières années, les effectifs se trouvent en constante augmentation depuis leur création en 2013 (MEES, 2020). Au Québec, plus de 5000 personnes enseignantes oeuvrent à l’éducation préscolaire et il est anticipé que, si 50 % des enfants de 4 ans fréquentent les maternelles dans les prochaines années, 3500 personnes supplémentaires seront nécessaires (MEES, 2020). Des praticiennes de la petite enfance sont donc invitées à effectuer une transition vers l’enseignement préscolaire, avec leurs connaissances considérables sur le développement des jeunes enfants. Certes, ce sont des professionnelles, mais comment les aider à devenir enseignantes ? Les recherches sur les transitions professionnelles d’un métier vers l’enseignement (ex. Baeten et Meeus, 2016 ; Balleux et Perez-Roux, 2011) montrent que ce passage doit être accompagné, car il peut entraîner une perte de repères techniques, socioculturels et environnementaux et un choc des conceptions, malgré les rapprochements entre le métier et la nouvelle prestation d’enseignement. À cet égard, deux priorités ont été identifiées en collaboration avec 12 personnes étudiantes en enseignement anciennes éducatrices (PEEAE). Nous les présentons et exposons quelques pistes de réflexion qu’elles suscitent. Les PEEAE reconnaissent que l’expérience de formation en enseignement est positive. Comme plusieurs aspects du travail enseignant s’apparentent à celui d’éducatrice, le réinvestissement des savoirs professionnels construits semble faciliter la transition, comme l’exprime une PEEAE : Les réponses des PEEAE laissent même entrevoir que cette transition vers l’enseignement était prévue ou désirée, comme lorsqu’elles mentionnent : « J’ai fait ma technique dans l’intention d’aller faire mon BACC » (É2), « Je trouve que c’est une continuité pour moi. Je voulais faire la TÉE pour ma formation. Je le savais aussi que je continuais au BACC après » (É8). Pourtant, un élément retient l’attention dans leur discours : les PEEAE tiennent à travailler avec les élèves plus jeunes (préscolaire ou premier cycle). Le fait est qu’elles se sentent moins outillées et à l’aise avec les enfants plus vieux. Il appert que les principaux savoirs construits (Morales Perleza, 2019) depuis qu’elles sont en formation sont les savoirs expérientiels, soit ceux développés sur le terrain, suivis des savoirs liés aux relations et à la posture d’enseignante. Les savoirs plus « formels » comme les savoirs disciplinaires, curriculaires, théoriques, didactiques, pédagogiques, ainsi que les savoirs liés au contexte de l’éducation préscolaire sont ceux que les PEEAE considèrent avoir le moins développés. Ce constat invite à s’interroger en priorité sur la manière de les accompagner dans la construction de leurs savoirs professionnels. Pour comprendre leur dynamique identitaire, il apparaît pertinent de mentionner qu’elles ont choisi l’enseignement pour deux principales raisons, soit l’amélioration de leur salaire et l’amélioration de l’horaire de travail. Dans une moindre mesure, il y a également le désir de relever de nouveaux défis. De même, elles conservent un souvenir positif de leur expérience de travail en tant qu’éducatrices. Ainsi, lorsqu’elles sont invitées à se définir professionnellement pendant leur formation en enseignement, les propos de nos collaboratrices témoignent d’un processus de transition plus ou moins avancé, de « je suis une éducatrice qui a poursuivi sa carrière pour devenir enseignante au préscolaire » (É1), en passant par « je suis une étudiante et future enseignante qui a bien hâte de se retrouver sur le marché du travail » (É8), jusqu’à « je suis une future enseignante qui a été une excellente éducatrice avec les enfants » (É12). L’identité professionnelle étant un construit social, entre l’affirmation de soi et l’ouverture à autrui (Balleux et Perez-Roux, 2011), il a aussi été demandé aux PEEAE de s’exprimer à propos de ce qui les …

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