Abstracts
Résumé
Cet article compare les deux premiers recueils de poésie du Franco-Ontarien Éric Charlebois à partir des travaux de Bertrand Gervais sur les régimes de lecture afin d’explorer les limites lectorales de la littérature minoritaire dite « universaliste » (ou « décontextualisée »). Il montre comment Faux-fuyants (2002), un recueil de poésie « particulariste » (ou « surcontextualisé ») ancré dans le Nord de l’Ontario français, permet aux lecteurs et lectrices qui connaissent la littérature franco-ontarienne de choisir entre ce que Gervais nomme la lecture-en-progression et la lecture-en-compréhension. En revanche, Péristaltisme : clystère poétique (2004) aborde un thème universel, la digestion, tout en mettant constamment en échec ces deux régimes de lecture. Plutôt que de pouvoir choisir leur régime de lecture, les lecteurs et lectrices sont mis au régime par la lecture qui, en se révélant « indigeste », risque de les laisser sur leur faim. Dans l’ensemble, cette étude comparative montre que l’universalisme n’est pas nécessairement la solution aux défis de lecture que le discours critique sur les littératures minoritaires associe souvent au particularisme.
Abstract
This article compares the first two collections of poetry by Franco-Ontarian Éric Charlebois while drawing on Bertrand Gervais’s work on reading regimes to explore the lectoral limits of “universalist” (or “decontextualized”) minority literature. It shows how Faux-fuyants (2002), a “particularist” (or “overcontextualized”) collection of poetry rooted in Northern French Ontario, allows readers familiar with Franco-Ontarian literature to choose between what Gervais calls reading-in-progression and reading-in-comprehension. On the other hand, Péristaltisme: clystère poétique (2004) deals with a universal topic, digestion, while constantly challenging these two reading regimes. Rather than being able to choose their reading regime, readers are put on a régime (“diet”) through reading which, by proving itself “indigestible”, risks leaving them hungry for more. Overall, this comparative study shows that universalism is not necessarily the solution to the reading challenges that the critical discourse on minority literature often associates with particularism.
Appendices
Bibliographie
- Bakhtine, Mikhaïl (1970). L’oeuvre de François Rabelais et la culture populaire au Moyen Âge et sous la Renaissance, traduit du russe par Andrée Robel, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque des idées ».
- Barthes, Roland (1973). Le plaisir du texte, Paris, Seuil, coll. « Points ».
- Belleau, André (1990). « Comment la grossièreté devient oeuvre d’art », dans Notre Rabelais, Montréal, Éditions du Boréal, p. 31-42, coll. « Papiers collés ».
- Brun del Re, Ariane (2018). « Direction Nord : le chronotope de la route dans Faux-fuyants d’Éric Charlebois et Rearview de Gilles Poulin-Denis », dans Ariane Brun del Re, Isabelle Kirouac Massicotte et Mathieu Simard (dir.), L’espace-temps dans les littératures périphériques du Canada, Ottawa, Éditions David, p. 106-119, coll. « Voix savantes ».
- Brun del Re, Ariane (2022). Décoder le lecteur : la littérature franco-canadienne et ses publics, Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, coll. « Espace littéraire ».
- Casanova, Pascale (2008 [1999]). La République mondiale des lettres, édition revue et corrigée, Paris, Seuil, coll. « Points ».
- Charlebois, Éric (2002). Faux-fuyants, Ottawa, Le Nordir, coll. « Actes premiers ».
- Charlebois, Éric (2004). Péristaltisme : clystère poétique, Ottawa, Éditions David, coll. « Voix intérieures ».
- Clément, Annie Lise (2004). « La relève transfrontarienne », Liaison, no 123, p. 9-12.
- Cook, Margaret Michèle (1995-1996). « La poésie : entre l’être et le pays », Nuit blanche, no 62, p. 58-63.
- Desbiens, Patrice (1981). L’homme invisible/The Invisible Man. Un récit/A Story, Sudbury, Éditions Prise de parole ; Moonbeam (Ont.), Penumbra Press.
- Desbiens, Patrice (1988). Poèmes anglais, Sudbury, Éditions Prise de parole.
- Desbiens, Patrice (1995). Un pépin de pomme sur un poêle à bois, précédé de Grosse guitare rouge, précédé de Le pays de personne, Sudbury, Éditions Prise de parole.
- Desbiens, Patrice (2013 [1979, 1983 et 1985]). Sudbury (poèmes 1979-1985) : L’espace qui reste, suivi de Sudbury ; Textes 1981-1983, suivi de Dans l’après-midi cardiaque, Sudbury, Éditions Prise de parole, coll. « Bibliothèque canadienne-française ».
- Fisette, Jean (1993). « La représentation de la folie comme thérapie : à propos de Claude Gauvreau », Voix et Images, vol. XVIII, no 3, p. 468-482.
- Gervais, Bertrand (1993). À l’écoute de la lecture, Montréal, VLB éditeur, coll. « Essais critiques ».
- Guiraud, Pierre (1976). Les jeux de mots, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Que sais-je ? ».
- Hotte, Lucie (2002). « La littérature franco-ontarienne à la recherche d’une nouvelle voie : enjeux du particularisme et de l’universalisme », dans Lucie Hotte (dir.), La littérature franco-ontarienne : voies nouvelles, nouvelles voix, avec la collaboration de Louis Bélanger et de Stefan Psenak, Ottawa, Le Nordir, p. 35-47, coll. « Roger-Bernard ».
- Klinkenberg, Jean-Marie (2010). « Les littératures francophones : un modèle gravitationnel », dans Périphériques Nord : fragments d’une histoire sociale de la littérature francophone en Belgique, introduction de Benoît Denis et de Sémir Badir, Liège, Éditions de l’Université de Liège, p. 17-31.
- Lasserre, Élizabeth (1996). « Un poète au seuil de l’écriture : l’exiguïté selon Patrice Desbiens », dans Lucie Hotte et François Ouellet (dir.), La littérature franco-ontarienne : enjeux esthétiques, Ottawa, Le Nordir, p. 27-42.
- Lasserre, Élizabeth (1997). « Écriture mineure et expérience minoritaire : la rhétorique du quotidien chez Patrice Desbiens », Études françaises, vol. XXXIII, no 2, p. 63-76.
- Maazaoui, Abbes (1998). « Poétique des marges et marges de la poétique », L’Esprit créateur, vol. XXXVIII, no 1, p. 79-89.
- Molière (1999 [1675]). Le malade imaginaire, édition présentée, établie et annotée par Georges Couton, Paris, Gallimard, coll. « Folio Classique ».
- Paiement, André (2004). « Le malade imaginaire de Molière », dans Les partitions d’une époque : les pièces d’André Paiement et du Théâtre du Nouvel-Ontario (1971-1976), vol. II, préface de Joël Beddows, Sudbury, Éditions Prise de parole, p. 149-303, coll. « Bibliothèque canadienne-française ».
- Paré, François (2001 [1992]). Les littératures de l’exiguïté, préface de Robert Major, Ottawa, Le Nordir, coll. « Bibliothèque canadienne-française ».
- Péladeau-Houle, Mendel (2016). « Ailes de taule », Francopresse. Actualités francophones canadiennes, 11 avril, [En ligne], [https://www.francopresse.ca/2016/04/11/ailes-de-taule/] (consulté le 8 octobre 2018).
- Poliquin, Laurent (2008). « La verbosité coûte dix-sept dollars », Liaison, no 139, p. 60.
- Riffaterre, Michael (1983 [1978]). Sémiotique de la poésie, traduit de l’anglais par Jean-Jacques Thomas, Paris, Seuil.
- Savoie, Paul (2006). « Ce qui nous échappe », Liaison, no 133, p. 61.
- Yergeau, Robert (1996). « Comment habiter le territoire fictionnel franco-ontarien ? », Liaison, no 85, p. 30-32.