
Number 51, Spring 2021
Table of contents (5 articles)
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Présentation
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Le discours sur la violence sexuelle en milieu universitaire francophone : le cas de l’Université de Moncton
Isabelle LeBlanc
pp. 11–38
AbstractFR:
Cet article a pour objectif d’analyser le contenu idéologique du discours sur la violence sexuelle en milieu universitaire francophone en examinant comment les notions de culture du viol et de culture du consentement sont utilisées pour définir ce qu’est la violence à caractère sexuel. Nous adopterons une approche qualitative et féministe de l’analyse du discours (Cameron, 2007 ; Fairclough et Wodak, 1997 ; Ehrlich et King, 1994) afin de faire valoir comment les idéologies de genre se déploient dans la production discursive en milieu universitaire. Cette analyse se basera sur un corpus de discours produits et mis en circulation entre 2015 et 2019. Nous montrerons que l’émergence d’un discours sur la violence à caractère sexuel à l’Université de Moncton permet tantôt de reproduire les stéréotypes de genre associés aux femmes en Acadie, tantôt d’y résister.
EN:
This article studies gender ideologies materialized through discourse on sexual violence as they are deployed within a francophone university campus in Canada. The ideological content of discourse will be examined through the notions of rape culture and consent culture as they both frame different meanings and perspectives of sexual violence on campus. Through a feminist and qualitative approach to discourse analysis (Cameron, 2007; Fairclough and Wodak, 1997; Ehrlich and King, 1994), we will show how gender ideologies are intertwined with discourse about sexual violence. Our analyses will be based on sources produced between 2015 and 2019. We will show that the emergence of a public discourse about sexual violence on this campus participates in reproducing or resisting existing stereotypes of womanhood in Acadia.
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Le visage trash de la relève romanesque franco‑ontarienne au féminin : le cas de Véronique‑Marie Kaye et de Catherine Bellemare
Isabelle Kirouac Massicotte
pp. 39–58
AbstractFR:
La critique en littérature franco-ontarienne s’est longtemps focalisée sur l’esthétique de l’exiguïté pour en interpréter les oeuvres. En règle générale, l’esthétique de l’exiguïté, associée à la cause franco-ontarienne et à la minorisation linguistique, est implicitement portée par des hommes blancs. Sans complètement se détacher de cette esthétique, la présente contribution en propose une interprétation renouvelée et plus inclusive. Comme l’indique François Paré dans Les littératures de l’exiguïté, le principe de base de cette esthétique est un rapport inégal au pouvoir. Mon article part donc de ce constat pour renouveler l’esthétique de l’exiguïté et faire éclater le sujet minoritaire en abordant d’autres marginalités, comme le genre et l’orientation sexuelle. Mon analyse se base sur les oeuvres de Véronique-Marie Kaye et de Catherine Bellemare, deux écrivaines qui peuvent être rapprochées de la relève franco-ontarienne et qui ont recours à une écriture trash pour dire le fait marginal.
EN:
Research and criticism on Franco-Ontarian literature often rely on the aesthetics of exiguity to produce an analysis of these works. More often than not, this aesthetics is associated to the Franco-Ontarian cause, centered on linguistic minorization and implicitly carried by white men. Without completely rejecting this aesthetics, this article showcases a refreshed and more inclusive reading of exiguity. As François Paré put it in Les littératures de l’exiguïté, the core principle of this aesthetics is an unequal relation to power. My analysis is based on this observation and goes beyond the usual minority experience, based on language, to include other marginalities, such as gender and sexual orientation. To illustrate this renewal of the exiguity aesthetics, I study the work of two emergent authors, Véronique-Marie Kaye and Catherine Bellemare, who rely on trash aesthetics to depict the margins.
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De la refondation du legs colonial à une topographie littéraire aux Antilles et au Maghreb dans les oeuvres de Glissant, de Chamoiseau et de Khatibi
Dorsaf Keraani
pp. 59–85
AbstractFR:
Dans une perspective transcontinentale, cet article se propose d’étudier la topographie littéraire des Antilles et du Maghreb, en rapport avec les paradigmes socioéconomiques et culturels qui les lient. Les oeuvres de Glissant, de Chamoiseau et de Khatibi, insérées dans la taxinomie centre-périphéries, témoignent de cette production littéraire francophone aux confluences multiples.
EN:
In a transcontinental perspective, this article aims to study the literary topography of the Caribbean and the Maghreb, in relation to the socio-economic and cultural paradigms that bind them. The writings of Glissant, Chamoiseau and Khatibi, inscribed in the center-peripheries taxonomy, show that francophone literary production is at the crossroads of many influences.
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Immigration et francophonies minoritaires canadiennes : les apories de la cohésion sociale
Leyla Sall, Luisa Veronis, Suzanne Huot, Nathalie Piquemal and Faïçal Zellama
pp. 87–115
AbstractFR:
Les communautés francophones en situation minoritaire (CFSM) du Canada ont opéré une transformation sociétale remarquable au début des années 2000 : elles sont devenues des communautés d’accueil d’immigrants d’expression française et francophiles. Mais qu’en est-il de leur cohésion sociale dans le contexte de la diversité ethnoraciale ? Cet article explore les apories de la cohésion sociale dans quatre CFSM à travers le pays (Colombie-Britannique, Manitoba, Ontario et Nouveau-Brunswick). Il se base, d’une part, sur des tendances lourdes de la recherche en sciences sociales portant sur la cohésion sociale et, d’autre part, sur des données qualitatives issues de groupes de discussion. Nos résultats confirment un fait mis en évidence par la sociologie durkheimienne : l’atteinte d’une cohésion sociale par les CFSM semble devoir passer par un processus de destruction créatrice générateur de collectivités contractuelles, qui sont aptes à intégrer pleinement des immigrants francophones transnationaux qui ne partagent pas nécessairement les ambitions de faire société de leur communauté d’accueil.
EN:
Francophone minority communities (FMCs) in Canada underwent a remarkable social transformation at the beginning of the 2000s: they became host communities to French-speaking immigrants. But how did this shape social cohesion with respect to ethnoracial diversity? This article explores the aporias of social cohesion within four FMCs across the country (British Columbia, Manitoba, Ontario and New Brunswick). Our argument is drawn, on the one hand, from debates in the social sciences literature about social cohesion, and on the other hand, from qualitative focus group data. Our results confirm a fact supported by Durkheimian sociology: achieving social cohesion within FMCs appears to have to undergo a process of creative destruction generating a collective contract that is able to integrate fully Francophone transnational immigrants who do not necessarily share the social ambitions of their host community.