Abstracts
Résumé
La mouvance contre-culturelle québécoise, en affichant un rejet de la figure paternelle et du passé, fait ressortir certaines apories typiques de la modernité. Cet article examine le difficile rapport à la durée et à la transmission qui caractérise plusieurs oeuvres emblématiques en poésie, en particulier celles de Claude Péloquin et de Lucien Francoeur. Dans ces dernières, on voit se profiler un repli progressif vers la transgression instituée, un déclin du présent créateur vers l’image passée de la création personnelle, ce qui amène ces écrivains à remettre en question leur pratique d’écriture et leur statut, et à ressentir un malaise face à leurs successeurs. Ayant maudit la fonction paternelle, ces poètes éprouvent naturellement de la difficulté à devenir eux-mêmes des pères, à manier le capital symbolique acquis précédemment. Par contraste, on pourrait dégager une éthique de la transmission du refus grâce à laquelle, sans renier la phase d’opposition virulente, il s’agirait de retrouver un sens à la « famille », littéraire autant qu’humaine.
Abstract
Québec’s counter-culture current includes a latent rejection of the father figure and of the past in general, underlining persistent aporetical patterns typical of modernity. This article examines the problematic relationship with time and transmission that characterizes many emblematic works in the field of poetry, notably those of Claude Péloquin and Lucien Francoeur. Through the works of these two artists, we can observe a retreat toward reflexive transgression, a decline from the creative present toward an image of one’s past creation, which leads these writers to professional dissatisfaction and insecurity regarding their place in history, as well as a deep unease with respect to potential successors. Having cursed the paternal function, these poets tend to encounter difficulties becoming fathers themselves, and handling the symbolic capital they had previously managed to accumulate. By contrast, one can posit an ethic of refusal’s transmission, through which the cultural agents could, without denying the phase of radical opposition, give back meaning to a literary, human « family ».
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Appendices
Note biographique
Thierry Bissonnette est professeur agrégé à l’Université Laurentienne (Sudbury), où il enseigne la littérature québécoise et la création littéraire. Ses principaux travaux portent sur la poésie contemporaine et sur l’oeuvre de Claude Gauvreau, alors que ses recherches plus récentes s’orientent vers les poétiques de la négation et du néant. En 2006, il a supervisé la réédition des premiers cycles de poèmes d’Alexis Lefrançois, sous le titre L’oeuf à la noix, poèmes et petites choses (Éditions Nota bene), puis, en 2009, une anthologie poétique d’Yves Préfontaine intitulée Terre d’alerte (Éditions Typo). Sous l’hétéronyme Thierry Dimanche, il est l’auteur de neuf recueils de poésie, dont les plus récents sont Théologie hebdo (Les Éditions de l’Hexagone) et Le milieu de partout (Éditions Prise de parole).
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