Abstracts
Résumé
La République de Turquie présente des modes de gouvernement du religieux spécifique. Le principe constitutionnel de laïcité équivaut à un contrôle par l’État du religieux. Une forme d’islam quasi-officiel est promue par les institutions publiques, prétendant monopoliser le champ religieux, aux détriments d’autres options religieuses. Cependant, ce dispositif n’est jamais parvenu à neutraliser le potentiel politique de la religion. La politisation des questions religieuses, en fait l’un des principaux objets de débat et de lutte politique. L’arrivée au pouvoir de gouvernements dominés par des partis issus de l’islam politique a-t-elle modifié le gouvernement du religieux? Les promesses de libéralisation n’ont pas donné lieu à une plus grande neutralité de l’État par rapport aux interprétations religieuses, malgré les condamnations de la Turquie par la CEDH pour discrimination religieuse. En revanche, les gouvernements du Parti de la Justice et du Développement ont renforcé l’appareil religieux d’État et promu la visibilité de l’islam dans l’espace public. On assiste donc au renforcement des usages de la religion à des fins politiques.
Abstract
The Republic of Turkey presents specific patterns of governing the religious realm. The Constitutional principle of laiklik (secularism) amounts to a control of religion by the state. A form of quasi-official Islam is promoted by public institutions, that have a pretention to monopolize the religious realm to the detriment of alternative religious interpretations. This, however, never managed to neutralize the political potential of religion. On the contrary, the politicization of religious issues leads to religion being one of the most debated and contested issues of political struggles. To what extent has the access to power of parties coming from an Islamist tradition impacted the government of religion? Their promises of liberalizing the religious realm haven’t given rise to a more neutral stance of the state toward different religious interpretations, despite the condemnations of Turkey by the European Court of Human Rights on the grounds of religious discrimination. However, the Justice and Development Party in office has fostered the state religious apparatus and promoted the visibility of mainstream Islam in public space. Therefore, one observes growing uses of religion for political purposes.
Appendices
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