ÉditorialEditorialEditorial

Autour d’un événement politique inouïAbout a unique political eventÜber ein unerhörtes politisches Ereignis[Record]

  • Dietmar Köveker

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  • Dietmar Köveker
    Directeur

Parfois on est porté à croire que l’histoire aime célébrer elle-même, tellement elle enchaîne des événements « historiques » au rythme des siècles : exactement deux cent ans après l’événement qui marqua l’Europe comme nul autre avant, les bouleversements engendrés par la révolution française se trouvaient rappelés par la chute du Mur de Berlin et le réaménagement de l’ordre européen et global qu’elle suscita. Chaque fois il s’agissait d’événements européens à plusieurs sens : en se déroulant au milieu du continent, ils mettaient un terme à l’ordre établi et inauguraient une toute nouvelle configuration pour la coexistence des peuples européens. Certains croient pourtant que contrairement à la révolution française, qui malgré sa vocation « universelle » n’était en quelque sort que le début de la répartition définitive du monde parmi les européens (voir EUROSTUDIA. Revue transatlantique de recherche sur l’Europe, vol. 3, no. 2 : Europe – Afrique : regards croisés sur une « Europe spirituellement indéfendable »), 1989 pourrait coïncider avec le déclin de l’Europe et la fin de sa domination de la planète. La présente livraison d’EUROSTUDIA est destinée à une réflexion sur ce genre de questions à la lumière de l’évolution des deux dernières décennies. Ainsi ce numéro réunit quatre contributions de trois historiens (Reiner Marcowitz, Stephan Martens et Olivier Wieviorka) et d’un témoin et à la fois protagoniste des mouvements politiques et sociaux d’alors aboutissant à l’effondrement de la République démocratique de l’Allemagne (Jens Reich). L’objectif de leurs contributions est non seulement de rappeler les événements d’il y a vingt ans, mais aussi d’analyser les changements qu’ils ont déclenchés et de réfléchir sur leurs futures conséquences. We are at times led to believe that history likes to celebrate itself; it brings so many « historical » events throughout the span of the centuries. Exactly two hundred years after the event that marked Europe like no other before it, the changes brought by the French revolution were echoed by the fall of the Berlin Wall and the reorganization of the European and global order that it precipitated. In many respects, both of these events can be qualified as European: by taking place in the middle of the continent, they put an end to the established order and inaugurated an entirely new configuration for the coexistence of European nations. Some believe, however, that in contrast to the French revolution, which despite of its “universal” vocation was in some ways only the beginning of the final step of the world’s repartition between the European states (see EUROSTUDIA. Transatlantic Journal for European Studies, vol. 3, no. 2: Europe – Africa: Crossed Perspectives on a “Spiritually Undefendable Europe”), 1989 could coincide with the decline of European power and the end of its domination of the planet. The present issue of EUROSTUDIA is dedicated to a reflection on this type of question in the light of the evolution of the last two decades. This issue thus reunites four contributions by three historians (Reiner Marcowitz, Stephan Martens and Olivier Wieviorka) and that of a witness and protagonist of the political and social movements that led to the fall of the German Democratic Republic (Jens Reich). The aim of their contributions is not only that of remembering the events of twenty years ago, but also to analyse the changes that they triggered and to reflect on their future consequences. Gelegentlich scheint es so, als habe die Geschichte einen gewissen Hang, sich selbst im Rhythmus von Jahrhundertereignissen zu feiern: genau zweihundert Jahre nach den unerhörten Begebenheiten, die Europa auf immer verändern sollten, finden die von der französischen Revolution ausgehenden Umwälzungen …