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La revue Eurostudia accueille ici quelques textes qui ont été présentés lors d’un colloque déjà ancien, puisqu’il s’est tenu à Berlin en juin 2004, à l’initiative du Centre Marc Bloch (Berlin) et du Centre interdisciplinaire d’études et de recherches sur l’Allemagne (CIERA, Paris). Ce colloque portait pour titre : Un comparatisme à l’échelle globale ? Komparatistik auf globalem Niveau ? La difficulté à rassembler les communications ainsi que les charges diverses des organisateurs n’ont pas permis la publication des Actes de ce colloque dans des délais raisonnables. Tout éditeur, français ou allemand, hésite à publier des recueils en plusieurs langues, et la traduction de l’ensemble des textes, rédigés en français, allemand ou anglais, représentait un coût pour lequel les financements sont difficiles à trouver. La revue Eurostudia, lieu d’échanges privilégié entre les communautés scientifiques allemande, anglaise et française, autorise au contraire une publication plurilingue. Elle offre ainsi la possibilité de mettre à la disposition d’un public large un certain nombre des contributions à ce colloque[*]. Cette publication nous paraît utile dans la mesure où les quatre années qui se sont écoulées depuis lors n’ont fait que confirmer l’importance de la réflexion que, sous des formes diverses, les articles qui suivent développaient sur les alternatives possibles à une histoire centrée sur des cadres nationaux. Ces textes ont été revus récemment par leurs auteurs, et leurs bibliographies en particulier ont été actualisées.
La problématique proposée pour ce colloque était axée sur la question du comparatisme, plus précisément d’un comparatisme « à l’échelle globale ». Cette expression avait été choisie pour ouvrir le champ des interprétations possibles plus largement que ne le permettent des expressions plus courantes, telles que comparatisme interculturel ou même transculturel. L’oeuvre de Max Weber, notamment les essais qui composent L’éthique économique des religions mondiales ainsi que des pans entiers de l’ouvrage connu sous le titre Economie et Société, était explicitement citée comme exemple d’une démarche qui relève incontestablement de l’histoire (bien que les écrits de Weber soient difficiles à classer du point de vue des partages disciplinaires qui se sont imposés au 20e siècle), mais qui transgresse limites géographiques et culturelles en prenant le monde comme champ d’étude, tout en récusant l’universalisme de la Weltgeschichte du 19e siècle aussi bien que les schèmes évolutionnistes, c’est-à-dire toutes les théories qui préjugent de l’unité de développement de l’ensemble des sociétés humaines. L’intervention de Stephen Kalberg reproduite dans la présente livraison d’Eurostudia expose avec une grande précision les prémisses méthodologiques (et les prudences) de cette entreprise sans équivalent en son temps et sans postérité directe, qui justifie de voir rétrospectivement en Weber, selon une formule de Jürgen Osterhammel, « un pionnier de la sociologie historique comparative des grands complexes de civilisation »[1].
Tous les participants à ce colloque étaient loin cependant de partager cette référence à l’oeuvre wébérienne. En outre, bien que l’intérêt de tous soit allé aux efforts de dépassement du tropisme national qui a déterminé pour la plus grande partie du 20e siècle les pratiques dominantes de l’enseignement et de la recherche historiques, ce n’est pas nécessairement du côté du comparatisme, fût-il sans frontière, qu’ils vont chercher des alternatives à ce nationalisme. Ce que mettent au contraire en évidence les textes de Dominic Sachsenmaier, Hartmut Kaelble, Johann P. Arnason et Matthias Middell, est la diversité de ces alternatives. Le comparatisme est l’une d’entre elles, mais aussi bien les projets, très hétérogènes, conduits sous le sigle de la global history, le programme des « multiples modernités » inspiré par Shmuel Eisenstadt, ou encore l’étude des transferts culturels et des histoires croisées[2]. Bien loin d’être convergentes ou complémentaires, ces propositions témoignent au contraire, dans leurs tensions mutuelles, des difficultés qu’éprouvent les historiens, lors même qu’ils partagent la volonté de libérer leur discipline des limites du national, à s’entendre sur un programme de recherche commun. Ce ne sont pas seulement les normes de la discipline, l’exigence du travail direct sur les sources notamment, ou encore la valorisation académique des travaux individuels plutôt que des entreprises collectives, qui font obstacle à la définition d’un tel programme. Ces contraintes existent, incontestablement, et, pour l’histoire plus que pour d’autres disciplines, telle que la science politique, elles favorisent la perpétuation de travaux de facture traditionnelle au détriment des tentatives novatrices. Mais, comme on s’en convaincra à lire les textes qui suivent, les difficultés tiennent aussi aux dangers auxquels s’expose une histoire qui abandonne le domaine relativement sûr et bien balisé de l’histoire nationale. Avant tout, la question de l’identification des unités de la recherche, tranchée par prétérition dans le cas de l’histoire nationale, vient occuper le devant de la scène. Sociétés, civilisations ? Dans un cas comme dans l’autre, le spectre de l’essentialisme doit être exorcisé. Le danger du « holisme culturel », qui attribue à chaque civilisation une unité qui la clôt sur elle-même, a été mis en évidence par l’ouvrage célèbre de Samuel Huntington, The clash of civilizations, et plus encore par le succès médiatique qu’ont connu ses thèses, souvent réduites jusqu’à la caricature. Dans l’ensemble des textes ici rassemblés, seul celui de Johann P. Arnason traite directement de la comparaison des civilisations. Lui-même n’ignore pas les risques inscrits dans l’usage du terme « civilisations », et il prend ses distances à l’égard d’une conception qui ferait de chacune un monde fermé et autonome. C’est en combinant le concept de civilisation au singulier et celui de civilisations au pluriel qu’il propose de parer à ce risque. Cette combinaison permet en effet d’interpréter les civilisations comme des agencements variables d’un noyau de composants communs, qui peuvent être culturels, politiques et économiques, sans préjuger de la prédominance de l’un ou l’autre de ces composants. Une telle hypothèse fonde un programme de recherche très ambitieux, dont le remarquable travail de Marshall G. S. Hodgson sur l’Islam ou encore la théorie des civilisations axiales de Shmuel Eisenstadt peuvent être considérés comme des illustrations. L’histoire comparée vient ici rejoindre l’anthropologie historique, dans la mesure où les diverses civilisations apparaissent comme des variantes de la constitution du monde humain, tant au niveau de son interprétation culturelle que de sa régulation sociale.
Une autre difficulté, souvent soulignée, du comparatisme civilisationnel, est son lien originaire avec l’européocentrisme. Pour certains, l’oeuvre de Max Weber elle-même parait suspecte à cet égard. On lui reproche en effet souvent d’être focalisée sur les conditions de formation des sociétés occidentales modernes, et de n’appréhender les civilisations non occidentales qu’à travers le prisme de l’Occident européen ou nord-américain. D’autres font valoir cependant qu’il était difficile qu’il en fût autrement à l’époque de Weber, et qu’en reconnaissant la pluralité des formes de rationalisation, celui-ci interdisait de faire du « procès de rationalisation occidentale » un modèle valable pour toutes les sociétés et pour toutes les cultures, et qu’il autorisait ainsi par avance le déplacement des perspectives auquel invite l’histoire globale contemporaine. Le décentrement des points de vue sur l’histoire des nations, des civilisations, de leurs rapports et de leurs échanges, ne peut en effet être seulement attribué à une décision théorique qui, pour des raisons éthiques, ouvrirait les analyses des historiens à l’expérience de « l’autre ». Il reflète bien plutôt la réalité de notre monde présent, le développement sans précédent des interdépendances économiques et politiques ainsi que des échanges culturels à l’échelle du monde, l’interconnexion grandissante des lieux et conditions de vie de tous les peuples de la planète, bref, tous ces phénomènes que l’on désigne depuis quelques décennies sous le terme de « globalisation ». L’histoire globale, par delà la diversité des programmes de recherche que l’on peut ranger sous cette dénomination, est une histoire qui tente de rendre justice à la globalisation du monde. Dominic Sachsenmaier et Hartmut Kaelble utilisent encore l’expression « histoire mondiale », mais ils ne le font qu’avec des réserves. Cette expression sent trop son hégélianisme, remarque Sachsenmaier. A la différence du monde de la Weltgeschichte du 19e siècle, le monde globalisé de la fin du 20e et du début du 21e n’est pas un monde unifié par le regard de l’occidental, persuadé que les nations retardées s’aligneront sous peu sur les modes de vie et les valeurs de la civilisation incarnée par l’Occident. C’est un monde dépourvu de centre incontesté, aux plans économique et politique, mais aussi du point de vue de la production et de la diffusion des idées. Dominic Sachsenmaier le souligne : même si l’historiographie chinoise, par exemple, est encore fortement marquée par des paradigmes empruntés à l’Occident, en particulier par le nationalisme, la circulation des idées ne s’effectue plus aujourd’hui de manière unilatérale. L’internationalisation du monde académique, de même que la mondialisation en général, voit s’effacer progressivement l’hégémonie de l’Occident.
Il est un autre caractère par lequel le monde global se distingue du monde des histoires mondiales du 19e siècle. C’est un monde qui ne se laisse pas penser comme ensemble de parties, ce qu’étaient jadis les Etats-nations pour la Weltgeschichte. Les unités interconnectées sont en effet plurielles et hétérogènes : individus et populations, groupes professionnels et sociaux, régions, Etats, associations émanant de la société civile, entreprises industrielles et commerciales nationales ou internationales, institutions nationales, régionales ou mondiales, etc. Si les questions de transferts, de croisements ou d’hybridations des histoires retiennent de plus en plus l’attention des historiens, ce n’est pas parce que tous ces phénomènes sont nouveaux, mais parce qu’ils deviennent visibles dès lors que le monde n’est plus réduit par la pensée à une totalité constituée d’unités homogènes, qu’il s’agisse des Etats ou des civilisations. Car il ne faut pas se méprendre. Il est certain que la floraison de programmes d’études historiques alternatives aux histoires nationales est liée aux transformations du monde contemporain. Mais les nouveaux paradigmes proposés sont bien destinés à l’écriture de l’histoire, ancienne ou récente, c’est-à-dire à sa réécriture. Echanges économiques et relations politiques transnationaux, identités communautaires débordant les frontières, transferts culturels, migrations, ne datent pas d’hier. Simplement, les histoires nationales tendaient à les refouler, ou bien à les traiter de manière accessoire, comme des ingrédients dont s’était nourrie la nation pour forger son unité. De l’Empire romain aux colonisations impérialistes du 19e et du début du 20e siècle, en passant par les grandes invasions, la découverte et la conquête du Nouveau Monde au 16e siècle, ou encore par les grands oecumènes religieux, ceux du christianisme, de l’Islam ou du bouddhisme, et par le grand commerce qui établissait des ponts entre des points éloignés du globe, faisant circuler, avec les marchandises, des hommes, des monnaies, des objets d’art et des idées, l’histoire passée, celle de l’Europe et d’autres continents, a connu bien des « poussées » de mondialisation, dont les structures étaient il est vrai très diverses[3]. Cette diversité est en elle-même un objet d’analyse et de réflexion pour qui veut comprendre ce qui fait de la « globalisation » contemporaine une forme spécifique de mondialisation. Mais c’est aussi cette dernière qui amène les historiens à redécouvrir les mondialisations de jadis. Comme le constatent Jürgen Osterhammel et Niels P. Petersson : si « durant longtemps, les sociétés paysannes immuables ont passé pour être la norme du monde pré-moderne, on trouve aujourd’hui partout des contacts, des transferts et des échanges dans une mesure qui peut rarement être considérée comme marginale »[4].
De même qu’il y a eu des mondialisations avant celle d’aujourd’hui, il y a eu aussi des histoires mondiales avant l’histoire globale contemporaine. On a déjà évoqué la Weltgeschichte du 19e siècle, qui concevait la mondialité à partir des Etats. Le nom d’un philosophe, Hegel, lui est généralement associé, mais elle a été également illustrée par des historiens, tel que Leopold von Ranke. Cette Weltgeschichte étatocentrée ne doit cependant pas faire oublier d’autres tentatives plus anciennes pour appréhender le monde dans la diversité de ses sociétés et de ses cultures, dont certaines paraissent anticiper le comparatisme d’aujourd’hui. Celle du Methodus de Jean Bodin[5], par exemple, construite sur une distribution géographique (la distinction des zones climatiques) et anthropologique (la distinction des types de peuples), et non sur un développement processuel. Celle d’un Montesquieu encore, qui proposait dans De l’esprit des lois (1748) un ensemble de catégories permettant de distinguer les fondements matériels, les mentalités, les constitutions politiques et les pratiques sociales des différentes sociétés, ou d’un Adam Smith qui, dans les Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations (1776), faisait ressortir la spécificité des sociétés européennes par contraste avec celles de l’Inde ou de la Chine. C’est dans la seconde partie du 18e siècle seulement, chez les écrivains des Lumières écossaises et françaises, que l’on voit naître l’idée que toutes les sociétés peuvent être ordonnées selon le schème d’un unique développement linéaire dont les sociétés européennes de l’époque étaient supposées constituer la pointe avancée, tandis que les sociétés différentes, quoique contemporaines, étaient perçues comme des stades antérieurs de ce développement. Cette idée, qui fut le noyau de la téléologie de l’histoire mondiale du 19e siècle, a déterminé pour longtemps les catégories non seulement de l’histoire, mais aussi de la sociologie et de l’ethnologie.[6] Il est tentant par conséquent de se tourner vers les tentatives d’antan en espérant y trouver des perspectives, voire des instruments conceptuels utilisables pour les chantiers nouvellement ouverts. Osterhammel note incidemment que le projet d’histoire universelle formulé en 1785 par August Ludwig Schlözer, l’un des plus célèbres représentants de l’historiographie de l’école de Göttingen, c’est-à-dire des Lumières allemandes, apparaît plus neuf que bien des choses écrites plus tard. Mais c’est pour ajouter immédiatement que ce projet ne saurait servir de guide pour le présent[7]. C’est ce que démontre avec plus de précision dans ce qui suit l’article d’Alexandre Escudier, lequel revisite les oeuvres d’un certain nombre d’auteurs de cette époque. Sans doute ces auteurs peuvent-ils nous apparaître modernes par certains aspects : la diversité des objets qu’ils jugent dignes d’histoire (non seulement la politique, mais aussi le commerce, les migrations, les denrées, les banques, etc.), ou certains usages de la comparaison, où s’esquisse la possibilité d’une confluence entre anthropologie et histoire. A y regarder de près cependant, ces discours s’avèrent très profondément pris dans une conjoncture sociale et scientifique définitivement révolue. Leur lecture nous rappelle que les questions d’une approche non nationaliste de l’histoire et d’une approche non téléologique de l’histoire universelle ont été posées déjà avant la fin du 20e siècle. Elle ne fournit pas l’instrumentarium qui permettrait de répondre à ces questions dans les termes requis à la fois par les conditions toute particulières de la mondialisation de notre époque et par les formes des savoirs scientifiques contemporains, qu’il s’agisse de l’histoire ou des autres sciences humaines.
A la différence d’Hartmut Kaelble et à la suite de Dominic Sachsenmaier, j’ai utilisé ci-dessus l’expression « histoire globale » en un sens large, incluant sous elle finalement toutes les propositions faites aujourd’hui pour ouvrir à l’histoire des domaines de recherche inaccessibles à l’histoire nationale. Je ne veux pas par là relativiser les différences existant entre ces propositions, que j’ai au contraire pris le soin de souligner au début de cette introduction. Ces différences prêtent parfois à des polémiques, comme l’attestent le texte de Matthias Middell à propos d’une discussion qui a agité un temps le milieu des historiens allemands, ou, d’autre manière, la question à laquelle l’article de Jürgen Schriewer s’efforce de donner une solution épistémologique : celle de la compatibilité, contestée par certains, entre l’histoire et la comparaison. Mais le lecteur a tout loisir de prendre la mesure de ces différences en lisant les textes qui suivent, et plus encore en consultant la riche bibliographie fournie dans les notes de ces textes. Si je me suis permis d’utiliser l’expression d’histoire globale en cette acception large et indéterminée, c’est parce qu’il importait avant tout, dans cette introduction, de souligner ce qui lie ces tentatives hétérogènes : non pas leurs objets ni leurs hypothèses de travail, mais ce qu’elles rejettent, l’hégémonie du point de vue national. Et il fallait aussi inviter à percevoir, dans cette quête de points de vue nouveaux sur l’histoire des hommes, la manifestation des transformations profondes que traverse notre monde, avec toutes les incertitudes qu’engendre la perte des repères bien assurés. Ce n’est pas une situation inédite dans l’histoire de la pensée politique et sociale, mais le rappel que les problématiques des sciences humaines sont toujours tributaires du monde ambiant. Weber le constatait dans les dernières lignes de son « Essai sur l’objectivité » : les facteurs qui président dans ces domaines à la détermination des questions auxquelles les savants s’efforcent de répondre, sont généralement exogènes à la science elle-même, de sorte que, quand « l’atmosphère change », « la signification des points de vue utilisés sans réflexion devient alors incertaine […], la lumière des grands problèmes de la culture s’est déplacée plus loin », et la science doit se préparer « elle aussi à modifier son paysage habituel et son appareil de concepts pour regarder du haut de la pensée le cours du devenir »[8]. L’organisation et les traditions académiques des disciplines peuvent retarder le moment de ces révisions des problématiques et des concepts, et elles le peuvent d’autant plus que la spécialisation disciplinaire est plus poussée. Mais elles ne peuvent les différer indéfiniment. C’est du côté des travaux actuellement menés autour de l’histoire globale, des histoires croisées, des migrations ou d’un comparatisme sans rivage que se joue aujourd’hui l’avenir de la science historique. Ces travaux ne manquent pas de lieux d’expression. Mais en raison de l’ampleur des connaissances qu’ils supposent, leur développement exige non seulement une valorisation académique du travail collectif, voire de la co-auctorialité, souhaitée par Dominic Sachsenmaier, mais aussi une collaboration interdisciplinaire qui pourrait aller jusqu’à la mise en question du partage actuel des disciplines. Car, comme le remarque à juste titre Hartmut Kaelble, un certain nombre des grands auteurs qui ont marqué ces dernières décennies les champs nouveaux de la recherche historique (Kaelble cite Eisenstadt, Wallerstein, Huntington et Stichweh) ne sont pas des historiens. Les clivages de naguère entre les adeptes des perspectives macro-historiques et les spécialistes « monoculturalistes », ou encore entre les modélisations théoriques de la sociologie et de la science politique, d’une part, et les analyses concrètes de cas toujours présupposés singuliers par les historiens de l’autre, sont appelés à s’estomper (voir l’article de Jürgen Schriewer). Cela n’empêche pas la persistance des différences de métier. Mais il incombe aux historiens de montrer ce que les compétences spécifiques qui constituent jusqu’à aujourd’hui leur métier peuvent apporter à la réalisation de cette histoire nouvelle que l’époque rend nécessaire, et, s’il ne peut en être autrement, de modifier également les règles de ce métier.
Appendices
Notes
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[*]
Les textes présentés sont pour partie des versions françaises de textes dont l’original était en anglais. Un financement accordé par le Centre Marc Bloch a permis ces traductions.
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[1]
Jürgen Osterhammel, Geschichtswissenschaft jenseits des Nationalstaats, Vandenhoeck & Ruprecht, Göttingen, 2001, p. 20.
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[2]
Pour une présentation et une discussion de ces divers programmes de travail, cf. Michael Werner et Bénédicte Zimmermann (dir.), De la comparaison à l’histoire croisée, Le Seuil, Paris, 2004.
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[3]
On trouvera dans le petit ouvrage synthétique de Jürgen Osterhammel et Niels P. Petersson, Geschichte der Globalisierung, Verlag C.H. Beck, München, 2003, le repérage de quelques grandes « poussées » de mondialisation, évoquées à très grands traits, et de manière plus précise à partir du milieu du 18e siècle. – Pour une vision nouvelle, résolument non européocentrée, du monde de l’époque des grandes découvertes, voir Serge Gruzinski, Les quatre parties du monde. Histoire d’une mondialisation, Editions de la Martinière, Paris, 2004.
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[4]
Osterhammel et Petersson, op. cit., p. 29.
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[5]
Jean Bodin, Methodus ad facilem historiarum cognitionem (1566).
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[6]
Sur tout ce qui précède, cf. Osterhammel, op. cit., pp. 17-18.
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[7]
Ibid., p. 155.
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[8]
Max Weber, « L’objectivité de la connaissance dans les sciences et la politique sociale », in Id., Essais sur la théorie de la science, Plon, Paris, 1965, p. 213.
Bibliographie
- Bodin, Jean, Methodus ad facilem historiarum cognitionem (1566)
- Gruzinski, Serge, Les quatre parties du monde. Histoire d’une mondialisation, Editions de la Martinière, Paris, 2004
- Osterhammel, Jürgen, Geschichtswissenschaft jenseits des Nationalstaats, Vandenhoeck & Ruprecht, Göttingen, 2001
- Osterhammel, Jürgen, et Niels P. Petersson, Geschichte der Globalisierung, Verlag C.H. Beck, München, 2003
- Weber, Max, « L’objectivité de la connaissance dans les sciences et la politique sociale », in Id., Essais sur la théorie de la science, Plon, Paris, 1965
- Werner, Michael, et Bénédicte Zimmermann (dir.), De la comparaison à l’histoire croisée, Le Seuil, Paris, 2004