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«[L]a parole critique […] : ce n’est jamais elle qui parle, lorsqu’elle parle ; elle n’est rien ; remarquable modestie ; mais peut-être pas si modeste. Elle n’est rien, mais ce rien est précisément ce en quoi l’oeuvre, la silencieuse, l’invisible, se laisse être ce qu’elle est : parole et lumière, affirmation et présence, parlant alors comme d’elle-même, sans s’altérer, dans ce vide de bonne qualité que l’intervention critique a eu pour mission de produire. La parole critique est cet espace de résonance dans lequel, un instant, se transforme et se circonscrit en parole la réalité non parlante, indéfinie, de l’oeuvre. Et ainsi, du fait que modestement et obstinément elle prétend n’être rien, la voici qui se donne, ne se distinguant pas d’elle, pour la parole créatrice dont elle est comme l’actualisation nécessaire ou, pour parler métaphoriquement, l’épiphanie[1]. »

Qu’en est-il de la critique ? », interroge l’écrivain et critique littéraire français Maurice Blanchot dès le titre de son bref texte de 1959, soumettant ainsi à l’autoréflexion théorique une part essentielle de sa propre pratique d’écriture, son activité de critique littéraire. Ce faisant, il aboutit à trois formulations clés paradoxales, qui recommandent ce texte à l’attention analytique méticuleuse. Inexorablement, elles ébranlent la conception traditionnelle de la critique et de la critique littéraire en s’éloignant apparemment des fondements sur lesquels la philosophie kantienne des Lumières avait bâti sa pensée critique.

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La première de ces trois formulations découle des questions annexes de Blanchot et des réponses qu’il y apporte : « [C]omment se réalise-t-elle, que signifie-t-elle, qu’exige-t-elle ? Une certaine compétence, une certaine adresse d’écriture, des qualités d’agrément et de bonne volonté. Cela est peu, pour ne pas dire : cela n’est rien[2]. » – «Quand nous nous interrogeons sérieusement sur la critique littéraire, nous avons l’impression que notre interrogation, elle, ne porte sur rien de sérieux[3] », écrit-il – la critique littéraire n’est donc rien, elle n’a ni pertinence littéraire ni fonction essentielle en référence à la littérature.

Fort préoccupante, cette piètre valeur accordée à la critique n’est pas au premier chef le signe d’un diagnostic dicté par le pessimisme culturel. Certes, pour Blanchot aussi, la critique est le plus souvent une institution déconcertante dont l’unique raison d’être est de faire irruption «entre le livre et le lecteur[4] », le critique étant pour sa part une personne «toujours malveillant[e][5] » qui ne peut s’empêcher de louer ou de blâmer un livre pour telle qualité ou tel défaut, ni de le juger autrement qu’en termes de vérité et d’erreur[6].

Blanchot attribue le manque de sérieux de la critique littéraire à son positionnement socioculturel : manifestement, son statut de «compromis » entre deux institutions culturelles établies et influentes ayant chacune son mode de fonctionnement spécifique la prive de réalité intrinsèque. Coincé entre le «savoir au jour le jour, empressé, curieux, passager » du journalisme et le «savoir érudit, permanent, certain » de l’université, le savoir sur la littérature généré et diffusé par la critique littéraire ne saurait être que la résultante de ces deux «puissances considérables[7] ».

Certes, la littérature «reste bien l’objet de la critique[8] » et donc l’objet du savoir «critico-littéraire » devant être généré et diffusé, mais la critique n’est même plus en mesure d’exprimer la littérature, peut-être devrait-on dire «le littéraire », puisqu’elle est impliquée dans les fonctions spécifiques de la production de savoir journalistique et universitaire. Au lieu de se vouer au service de la littérature en toute autonomie, la critique littéraire journalistique et universitaire sert les exigences réelles des institutions auxquelles elle est intégrée, sans pouvoir les transgresser dans cette configuration.

Dans les deux cas, c’est une fonction de médiation qui est attribuée à la critique littéraire, elle joue les intermédiaires entre la littérature et les institutions, université et journalisme. Cela revient à dire qu’elle met la littérature à leur disposition, selon leurs conditions spécifiques – elle joue les intermédiaires en faisant de la littérature un moyen du journalisme et / ou de l’université. L’implication de la critique littéraire dans le journalisme et l’université, ainsi que dans leurs fonctions de médiation révèle qu’elle ne possède pas de fonction spécifiquement littéraire, d’où sa faible pertinence mentionnée ci-dessus et l’hypothèse qu’elle n’est rien.

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De cette première formulation clé, Blanchot déduit la deuxième : du propre point de vue de la critique littéraire, la situation selon laquelle elle n’est rien, loin d’être ressentie comme un manque ou un défaut institutionnel, constitue de manière surprenante «sa plus profonde vérité[9] », l’un de ses traits essentiels. Car ainsi que le soutient Blanchot en s’inspirant de Heidegger, «quoi que puisse le commentaire, en regard du poème, il doit toujours se tenir pour superflu, et le dernier pas de l’interprétation, le plus difficile, est celui qui l’amène à disparaître devant la pure affirmation du poème[10] ».

Cette manière dont la critique littéraire n’est rien, sa disparition dans sa réalisation, sa réalisation comme disparition, est donc signalée par Blanchot comme sa nécessité constitutive, découlant de la manière d’être de ce sur quoi elle porte : la littérature. Le travail de la critique littéraire sur la littérature, conçue comme son objet et constituant sa spécificité, doit en définitive mener en un dernier pas à sa nécessaire disparition «devant la pure affirmation du poème ». La disparition ultime de la critique littéraire devant la pure affirmation du texte littéraire, inconditionnelle et non déterminée de l’extérieur, est sa manière de non-fonctionnalité, la manière de sa manière de n’être rien. Pour expliquer cet enchaînement, Blanchot recourt à une image empruntée à Heidegger :

[D]ans le bruyant tumulte du langage non poétique, les poèmes sont comme une cloche suspendue à l’air libre, et qu’une neige, légère, tombant sur elle, suffirait à faire vibrer, heurt insensible, capable pourtant de l’ébranler harmonieusement. Peut-être le commentaire n’est-il qu’un peu de neige faisant vibrer la cloche[11].

Cette figure de pensée esquisse naturellement le problème fondamental de toute réflexion sur la littérature : comment produire un discours sur la littérature sans la réduire immédiatement à une réalité sociale ou à une compréhension historique, tout en évitant que ce discours ne suscite sa propre vacuité en cherchant à ne pas écraser la littérature sous le bruit du commentaire critique et ne se condamne ainsi à un silence durable ? Pour Heidegger, il est évident qu’il suffit «d’une légère chute de neige sur elle pour désaccorder[12] » la littérature – la cloche suspendue à l’air libre –, et que même la plus fine couche de neige déposée par la critique littéraire ne peut pas ne pas provoquer de dissonances de la cloche. Blanchot introduit une nuance : pour lui, en effet, le commentaire n’est pas la neige qui désaccorde la cloche «littérature », entraînant la disharmonie, mais seulement «un peu de neige faisant vibrer la cloche », cette neige étant nécessaire pour la faire sonner.

La critique doit ébranler la littérature par son contact, et si elle menace de remplacer ce dont elle parle, «elle doit s’effacer[13] ». Pour Blanchot toutefois, «ce mouvement de disparition » n’est ni dispensable ni superflu, il est le but de son existence, c’est «le sens même de son accomplissement qui fait qu’en se réalisant elle disparaît[14] ». Le discours critique n’est donc pas simplement au service de la littérature, un service dont celle-ci pourrait se passer ; le mouvement de disparition ne commence pas lorsque s’achève le service de la critique littéraire auprès de la littérature, ce service consiste précisément à disparaître au moment de sa réalisation et de son accomplissement. La non fonctionnalité de la critique littéraire, sa manière de n’être rien, son mouvement de disparition ne consiste pas à jouer les serviteurs de la littérature (en une simple médiation), mais réside paradoxalement dans le fait qu’elle est manifestement une composante indispensable de son objet, la littérature.

À ce stade, nous rejoignons la citation mise en exergue. Dans «l’image de la cloche  », la littérature est figurée par une cloche suspendue à l’air libre. Seul le froid contact avec la neige de la critique littéraire, qui disparaît aussitôt «dans le chaud ébranlement »[15], fait vibrer la cloche, lui permettant de remplir sa fonction en sonnant, pour rester dans l’image, tout en disparaissant elle aussi immédiatement avec la diminution de la vibration. Ce n’est donc pas la parole critique « qui parle, lorsqu’elle parle », puisqu’elle «n’est rien » :

[M]ais ce rien est précisément ce en quoi l’oeuvre, la silencieuse, l’invisible, se laisse être ce qu’elle est : parole et lumière, affirmation et présence, parlant alors comme d’elle-même, sans s’altérer, dans ce vide de bonne qualité que l’intervention critique a eu pour mission de produire[16].

Le «rien » de la critique littéraire ne peut consister qu’à créer un lieu où la littérature puisse apparaître «silencieuse » et «invisible », et non apprêtée d’une manière ou d’une autre ou forcée à discourir ; un lieu vide uniquement rendu possible par la critique et pensé dès lors comme lieu de «l’épiphanie » de l’oeuvre d’art. Selon Blanchot, il y a beau temps que la critique littéraire ne se soucie donc plus de contenus, de types de texte ou d’interdépendances institutionnelles, ni de jugements ou d’évaluations, mais qu’elle se penche sur la littérature elle-même, sur la littérarité, sur cette relation que par elle, la langue entretient avec elle-même et qui ne peut être représentée que «dans ce vide de bonne qualité ». L’«intervention critique » revient alors à permettre à l’oeuvre d’art de se présenter elle-même en restreignant «parole et lumière », «affirmation et présence » à leur intransitivité, et en récusant toute récupération par une théorie de la signification ou une structure de la représentation.

Ainsi la critique littéraire apparaît-elle pour Blanchot comme une composante existentielle de son propre objet «littérature », les caractéristiques essentielles de la «parole critique » étant aussi des critères de la «parole créatrice » littéraire : leur mouvement commun de disparition dans leur réalisation ou de réalisation comme disparition ; leur référence communicative commune, réalisée dans la «parole critique » comme fonction de médiation, quelle qu’en soit la nature, et dans la «parole créatrice » comme forme inhérente de sa présence évanescente ; leur distanciation commune qui se manifeste à nouveau dans la fonction de médiation de la « parole critique » et, pour la «parole créatrice », comme distance par rapport à elle-même, inhérente à l’oeuvre littéraire – seul cet écart vis-à-vis de ce qu’elle incarne lui permettant de représenter sa disparition.

Pour être plausible et rigoureux, ce constat suppose le recours au concept blanchotien de littérature, que l’auteur explicite à nouveau ici dans son originalité radicalement inconventionnelle. Il fonde «le pouvoir propre à la littérature de se faire en se maintenant perpétuellement en défaut[17] ». Il permet à l’oeuvre littéraire de se concevoir dans sa genèse évanescente, non comme unité de signification close, mais comme ouverture sur l’espace littéraire où l’oeuvre est constamment non coïncidente avec elle-même, où elle présente ce qui la rend possible et en même temps impossible, et grâce auquel elle rend simultanément présente une «réserve […] de vide », que je décrirais comme l’absence de toute transcendance préalable. Dans la mesure où elle partage ces caractéristiques avec la littérature, la critique «ne fait donc que représenter et poursuivre au dehors ce qui, du dedans » de la littérature fonctionne comme une «affirmation déchirée »[18], comme la présence d’un manque, d’une absence :

[À] force de disparaître devant l’oeuvre, elle se ressaisit en elle, et comme l’un de ses moments essentiels. […] La critique n’est plus le jugement extérieur qui met l’ouvrage littéraire en valeur et se prononce, après coup, sur sa valeur. Elle est devenue inséparable de son intimité, elle appartient au mouvement par lequel celui-ci vient à lui-même, est sa propre recherche et l’expérience de sa possibilité[19].

La critique littéraire ne se contente pas de parler de l’oeuvre littéraire, elle fait d’une certaine manière partie de l’oeuvre d’art, elle est une part de l’être-oeuvre de la littérature. Associée au mouvement du devenir-oeuvre de l’oeuvre d’art, la critique devient le lieu où celle-ci fait l’«expérience de sa possibilité ».

Et c’est précisément là que survient la deuxième formulation clé : la critique littéraire, qui n’est rien, dont les questionnements manquent de sérieux, qui demeure inopérante face à la conception habituelle de la littérature, devient par là-même une composante existentielle de la littérature dans son ambiguïté de présence et d’absence. L’affinité entre critique littéraire et littérature, entre parole critique et parole créatrice, aboutit à l’avènement de la «critique créatrice », conçue par Blanchot comme une «recherche » des conditions de possibilité de l’expérience littéraire[20]. Elle quitte ainsi l’espace transcendentalement préfiguré pour se concevoir comme parcours dans un espace ouvert, comme «mouvement d’errer[21] », car l’oeuvre littéraire non plus ne s’édifie pas sur les conditions de sa possibilité, c’est au contraire la recherche des conditions de sa possibilité, révélant en même temps les conditions de son impossibilité, qui devient véritablement pour Blanchot le sens de l’oeuvre littéraire – dans l’ambiguïté, résultant du vide, entre succès et échec. Cette recherche effectuée par l’oeuvre littéraire s’accompagne, en un parallélisme analogue, de la médiation de la critique littéraire, en tant qu’extérieur de l’oeuvre.

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À ce raisonnement se rattache aussitôt la troisième formulation de Blanchot. Transgressant l’espace étroitement balisé des débats disciplinaires de la critique littéraire, il pénètre dans celui de la critique philosophique telle que l’a fondée Kant :

«Critique », au sens où nous l’entendons, serait déjà plus proche (mais l’approximation reste trompeuse) du sens kantien : de même que la raison critique de Kant est l’interrogation des conditions de possibilité de l’expérience scientifique, de même la critique est liée à la recherche de la possibilité de l’expérience littéraire, mais cette recherche n’est pas une recherche seulement théorique, elle est le sens par lequel l’expérience littéraire se constitue, et se constitue en éprouvant, en contestant, par la création, sa possibilité.[22]

Si la critique littéraire paraissait marquée par son absence de jugement et son ambiguïté entre réalisation et disparition, ce nouveau revirement en fait désormais l’égale de la critique philosophico-épistémique, suscitant entre autres des correspondances avec le célèbre texte de Foucault «Qu’est-ce que la critique ? ». Pour Foucault, plus qu’une méthode de distinction entre vérité et erreur ou qu’un questionnement sur les conditions de possibilité de la connaissance – comme c’était encore le cas chez Kant –, la critique est une «manière de penser », «à la fois attitude morale et politique »[23]. Elle est «l’art de n’être pas gouverné ou encore l’art de ne pas être gouverné comme ça et à ce prix[24] », attitude autorisant le sujet à interroger la vérité sur ses effets de pouvoir et le pouvoir sur ses jeux de vérité. Elle devient alors «l’art de l’inservitude volontaire » ou bien l’art de «l’indocilité réfléchie » destinée à parvenir au « désassujettissement »[25]. Pour Foucault aussi, il en résulte une affinité avec la définition des Lumières chez Kant. C’est en effet dans la philosophie des Lumières qu’il voit pratiquée pour la première fois cette attitude de désassujettissement, et dans le mouvement de la pensée humaine, les Lumières jettent en même temps les fondements du projet émancipateur de la critique philosophique. Mais d’après Foucault, la poursuite de ce projet à l’époque moderne nécessite une rupture avec les Lumières afin de passer au projet de la critique :

On cherche à savoir quels sont les liens, quelles sont les connexions qui peuvent être repérés entre mécanismes de coercition et éléments de connaissance, quels jeux de renvoi et d’appui se développent des uns aux autres, ce qui fait que tel élément de connaissance peut prendre des effets de pouvoir affectés dans un pareil système à un élément vrai ou probable ou incertain ou faux, et ce qui fait que tel procédé de coercition acquiert la forme et les justifications propres à un élément rationnel, calculé, techniquement efficace, etc[26].

Pour Blanchot également, le rapport qu’il explicite entre critique littéraire et littérature est un acte de «désassujettissement », et c’est pourquoi il établit le lien avec Kant. Mais là encore, ce rapport ne s’opère pas comme dans la pensée kantienne, il n’est pas détermination des conditions de possibilité d’une forme de connaissance ou de pensée déterminée, mais recherche de celles-ci, s’accompagnant toujours de l’expérience des conditions de son impossibilité. Cette critique n’est pourtant pas véritablement le fait de la critique littéraire, elle est avant tout l’oeuvre de la littérature telle que la conçoit Blanchot :

En ce sens, la critique – la littérature – me semble associée à l’une des tâches les plus difficiles, mais les plus importantes de notre temps, laquelle se joue dans un mouvement nécessairement indécis : la tâche de préserver et de libérer la pensée de la notion de valeur, par conséquent aussi d’ouvrir l’histoire à ce qui en elle se dégage déjà de toutes les formes de valeurs et se prépare à une tout autre sorte – encore imprévisible – d’affirmation[27].

Le but de la critique littéraire – comme de la littérature elle-même – est pour Blanchot de libérer la pensée de son attachement aux valeurs. Le «rien » de la critique littéraire réside dans sa résistance aux assignations qui lui sont extérieures, son refus d’être récupérée pour servir des objectifs culturels ou politiques concrets ou pour les combattre. Elle résiste à l’esprit du temps, le Zeitgeist, et en elle, c’est bien plutôt le temps qui devient esprit : un esprit qui «toujours nie » les avances étrangères à la littérature qui lui sont faites, sans les abolir par une ruse dialectique. Car la promesse formulée est de penser «une tout autre sorte [...] d’affirmation », qui ne soit plus hantée par la dialectique, positive comme négative. Cette promesse devient une promesse de la critique littéraire, parce que c’est celle de la littérature qui a été ébranlée par cette critique.

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C’est pourquoi la faible pertinence culturelle de la critique littéraire affirmée initialement n’est ni une déficience ni un défaut, mais un effet de son objet, la « littérature », dont elle est une composante. Cet objet évoluant au-delà du présupposé transcendantal de la philosophie du sujet et au-delà des systèmes de valeurs conditionnés par les hypothèses transcendantales, la critique ne fournit pas de jugements logiques ou axiologiques et elle n’est pas tenue d’en fournir. Il ressort donc clairement que la littérature et la critique littéraire annoncent une pensée «nouvelle » qui, grâce à la conception du vide présupposé, transgresse l’hypothèse de présupposés transcendantaux, les systèmes de valeurs de la philosophie transcendantale, ainsi que la logique et sa dialectique, mais aussi une vision de l’histoire reposant sur les hypothèses de la philosophie transcendantale. Dans cette optique, il apparaît alors nettement que le concept blanchotien de littérature, radicalement détranscendantalisé, contient en germe une nouvelle pensée du désassujettissement, invitant ainsi non seulement à poursuivre la confrontation critique, mais rendant même celle-ci impérative.