Abstracts
Résumé
Dans le roman Doggerland (2019), Élisabeth Filhol met en scène des scientifiques travaillant sur un territoire submergé dans la Mer du Nord. Elle narrativise ainsi des connaissances scientifiques et les met en relation avec un discours politique, tout en questionnant le rôle épistémologique de la littérature. Le présent article analyse cette articulation complexe, en montrant, par les outils de l’écopoétique, la spécificité des moyens littéraires employés pour fournir un angle visuel inédit sur la crise environnementale. Il explore également les liens de complémentarité entre littérature et science à travers une enquête sur l’imagination, mettant en évidence la porosité entre objectivité scientifique et fiction romanesque.
Mots-clés :
- écopoétique,
- roman environnemental,
- littérature et science,
- risque écologique,
- Filhol,
- échelle,
- Doggerland
Abstract
In the novel Doggerland (2019), Élisabeth Filhol stages scientists working on a flooded territory in the North Sea. She thus narrativizes scientific knowledge and connects it to a political discourse, while questioning the epistemological role of literature. This article analyzes this complex articulation, showing, through the tools of ecopoetics, the specificity of the literary means employed to provide a novel visual angle on the environmental crisis. It also explores the complementarity links between literature and science through an investigation of imagination, highlighting the porosity between scientific objectivity and novelistic fiction.
Keywords:
- ecopoetics,
- environmental novel,
- literature and science,
- ecological risk,
- Filhol,
- scale,
- Doggerland
Appendices
Références
- Bachelard, Gaston, La Poétique de l’Espace, Paris, Presses universitaires de France, 1992 [1957].
- Bass, Rick, Where the Sea Used to Be, Boston, Houghton Mifflin, 1999 ; [Là où se trouvait la mer, traduit de l’anglais par Anne Wicke, Paris, 10/18, 2001].
- Baudelaire, Charles, Salon de 1859, Critique d’art, suivi de Critique Musicale, édition établie par Claude Pichois, Paris, Gallimard, 1976.
- Beck, Ulrich, La Société du risque. Sur la voie d’une autre modernité [Risiko Gesellschaft – Auf dem Weg in eine andere Moderne], traduit de l’allemand par Laure Bernardi, Paris, Aubier, 2001 [1986].
- Brugidou, Jérémie, Ici, la Béringie, Paris, Éditions de l’Ogre, 2021.
- Buell, Lawrence, Writing for an Endangered World : Literature, Culture, and Environment in the U.S. and Beyond, Cambridge, Belknap Press of Harvard University Press, 2003.
- Caracciolo, Marco, « Form, Science, and Narrative in the Anthropocene », Narrative, vol. 27, no 3 (2019), p. 270-289.
- Cavallin, Jean-Christophe, Valet noir. Vers une écologie du récit, Paris, José Corti, 2021.
- Clark, Timothy, « Scale », dans Cohen Tom (éd.), Telemorphosis : Theory in the Era of Climate Change, vol. 1, Open Humanities Press, Londres, 2012, p. 148-166.
- Deville, Patrick, Peste & choléra, Paris, Éditions du Seuil, 2012.
- Ducrozet, Pierre, Le Grand Vertige, Arles, Actes Sud, 2020.
- Filhol, Élisabeth et Christine Marcandier, « Elisabeth Filhol : “Ce qu’il y a d’unique dans le moment historique que nous vivons, seuls les artistes peuvent le dire” (Doggerland) » [en ligne], Diakritik, 25 février 2019 [https://diacritik.com/2019/02/25/elisabeth-filhol-ce-quil-y-a-dunique-dans-le-moment-historique-que-nous-vivons-seuls-les-artistes-peuvent-le-dire-doggerland/].
- Filhol, Élisabeth, Doggerland, Paris, P.O.L, 2019.
- Filhol, Élisabeth, Bois II, Paris, P.O.L, 2014.
- Filhol, Élisabeth, La Centrale, Paris, P.O.L, 2010.
- Frioux, Dalibor, Brut, Paris, Éditions du Seuil (Points), 2011.
- Gaines, Susan, Carbon Dreams, Berkeley, Creative arts book Co., 2001.
- Garcia, Tristan, Mémoires de la jungle, Paris, Gallimard, 2010.
- Ghosh, Amitav, The Hungry Tide, Boston, Houghton Mifflin Harcourt, 2005 ; [Le Pays des marées, traduit de l’anglais par Christiane Besse, Paris, Robert Laffont (Robert Laffont), 2006].
- Heise, Ursula K., Sense of Place and Sense of Planet : The Environmental Imagination of the Global, New York, Oxford University Press, 2010.
- Klein, Étienne, « D’où viennent les idées (scientifiques) ? » dans Riccardo Barontini et Julien Lamy (éd.), L’Histoire du concept d’imagination en France (de 1918 à nos jours), Paris, Classiques Garnier, 2019, p. 155-170.
- Latour, Bruno, Politiques de la nature. Comment faire entrer les sciences en démocratie, Paris, La Découverte, 1999.
- Morton, Timothy, Hyperobjects : Philosophy and Ecology After the End of the World, Minneapolis, University of Minnesota Press, 2013 [Hyperobjets : philosophie et écologie après la fin du monde, traduit de l’anglais par Laurent Bury, Saint-Étienne Faucogney-et-la-Mer, EPCC Cité du design, École supérieure d’art et design It éditions, 2018].
- N’Sondé, Wilfried, Femme du ciel et des tempêtes, Arles, Actes Sud, 2021.
- Reverdy, Thomas B., Climax, Paris, Flammarion, 2021.
- Romestaing, Alain, Anne Simon et Pierre Schoentjes (éd.), dossier « Écopoétiques » [en ligne], Revue critique de fixxion française contemporaine, no 11 (2015) [http://www.revue-critique-de-fixxion-francaise-contemporaine.org].
- Schoentjes, Pierre, Littérature et écologie. Le mur des abeilles, Paris, José Corti, 2020.
- Schoentjes, Pierre, Ce qui a lieu : essai d’écopoétique, Marseille, Éditions Wildproject, 2015.
- Smith, Ben, Doggerland, Londres, 4th Estate, 2020.
- Tsing, Anna Lowenhaupt, Le Champignon de la fin du monde : sur la possibilité de vivre dans les ruines du capitalisme [The Mushroom at the End of the World : On the Possibility of Life in Capitalist Ruins], traduit de l’anglais par Philippe Pignarre, Paris, Les Empêcheurs de penser en rond – La Découverte, 2017 [2015].