Abstracts
Résumé
Il s’agit ici de corréler l’oeuvre de Boris Vian et, au-delà, sa double vie anthume et posthume à des structures culturelles spécifiques à la France de son temps, à commencer par une nouvelle configuration à la fois médiatique (presse écrite et maisons d’édition) et artistique (cabarets Rive-gauche, « caves » de jazz, « petits théâtres », « jeunes compagnies »), caractéristique de l’Après-guerre. On rappelle à ce stade qu’une des originalités culturelles françaises fut – et reste encore aujourd’hui – de fonctionner comme centrale internationale de légitimation (« artification ») des formes jusque-là jugées illégitimes – alias « mauvais genres » – : cinéma, roman policier, science-fiction, chanson, jazz, rock… Sur ce terrain on met en lumière le rôle originel du réseau pataphysicien et on affine la chronologie du kairos de la légitimation posthume de Vian autour de la séquence 1963-1968 – y compris au travers d’un témoignage personnel de l’auteur de cet article.
Abstract
This article focuses on correlating Boris Vian’s work and, beyond that, his double life as an anthologist and posthumous artist, to cultural structures specific to the France of his time, starting with a new configuration of both media (written press and publishing houses) and art (Left Bank cabarets, jazz cellars, small theaters, young companies), characteristic of the post-war period. We recall at this point that one of the French cultural originalities was - and still remains today - to function as an international center of legitimization (“artification”) of the forms until then judged illegitimate – alias “bad genres” – : cinema, detective novels, science fiction, song, jazz, rock… On this ground we highlight the original role of the pataphysics’ network and refine the chronology of the kairos of Vian’s posthumous legitimization around the sequence 1963-1968 – including through a personal testimony of the author of this paper.
Appendices
Références
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