Abstracts
Résumé
Alors que le début du XXe siècle tend vers une intériorisation de l’aventure qui en diminue la prégnance au sein du réel, Albert Cohen choisit, avec Solal, de s’opposer à tout ce qui pourrait ressembler à une forme ou une autre de littérature de l’épuisement. Faisant du héros qu’est Solal le pivot du romanesque, ce récit tente le pari risqué de maintenir ensemble toutes les formes possibles de l’aventure : épique, chevaleresque, amoureuse, sociale, mythique, biblique, imaginaire, discursive, symbolique… Avec ce roman, Cohen multiplie, pour les essayer et les mettre à l’épreuve, les modèles intertextuels de l’aventure pour en refonder les possibilités. Dans ce jeu de tous les excès, c’est bien une autre façon de concevoir le roman qui est en germe et qui livrera tous ses fruits avec le chef-d’oeuvre de l’auteur, Belle du Seigneur.
Abstract
While the early 20th century favours an internalisation of adventure that weakens its standing in the real world, Albert Cohen’s Solal goes against any expression of literature that would condone exhaustion. With Solal, the hero, anchoring the romantic, this tale attempts to juggle together all possible types of adventure: epic, chivalrous, amorous, social, mythical, biblical, imaginary, discursive, symbolic… Cohen’s novel calls upon and tests inter-textual models of adventure to recast their possibilities. This all-out game is in fact the birth of a new approach to writing novels that will culminate with the author’s masterpiece, Belle du Seigneur.
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Note biographique
Maître de conférences à l’Université Lille 3 - Charles de Gaulle, Maxime Decout est l’auteur d’Albert Cohen : les fictions de la judéité (Paris, Classiques-Garnier, 2011) et a dirigé le numéro d’Europe consacré en janvier 2012 à Georges Perec. Il travaille sur les rapports entre littérature et judéité et a publié plusieurs articles sur Albert Cohen (Poétique, Les Temps modernes, Études littéraires, Genesis…), Georges Perec (Europe, Poétique, Roman 20-50), Hélène Cixous (Critique) et Patrick Modiano (Littérature).
Références
- Auroy, Carole, Albert Cohen, une quête solaire, Paris, Presses de l’Université de Paris-Sorbonne, 1996.
- Barthes, Roland, Le Plaisir du texte, Paris, Éditions du Seuil (Points), 1973.
- Cohen, Albert, Belle du Seigneur, Paris, Gallimard (Folio), 1998 [1968].
- Cohen, Albert, Mangeclous, Paris, Gallimard (Folio), 1998 [1938].
- Cohen, Albert, Solal, Paris, Gallimard (Folio), 1981 [1930].
- Decout, Maxime, Albert Cohen : les fictions de la judéité, Paris, Classiques Garnier, 2010.
- Durkheim, Émile, Le Suicide, Paris, Presses universitaires de France (Bibliothèque de philosophie contemporaine), 1967.
- Goitein-Galperin, Denise, « Cohen, lecteur de Stendhal. Solal, Lamiel et Le Rouge et le Noir », Cahiers Albert Cohen, n° 3 (1993), p. 65-87.
- Goitein-Galperin, Denise, Visage de mon peuple. Essai sur Albert Cohen, Paris, Nizet, 1982.
- Pascal, Blaise, Pensées, Paris, Gallimard (Folio classique), 1977.
- Rabaté, Dominique, Vers une littérature de l’épuisement, Paris, José Corti, 1991.
- Schaffner, Alain, « La théorie de l’amour dans les romans d’Albert Cohen, un héritage stendhalien ? », Cahiers Albert Cohen, n° 5 (1995), p. 83-102.
- Schaffner, Alain, Le Goût de l’absolu. L’enjeu sacré de la littérature dans l’oeuvre d’Albert Cohen, Paris, Honoré Champion (Littérature de notre siècle), 1999.
- Thau, Norman David, Romans de l’impossible identité. Être Juif en Europe occidentale (1918-1940), Berne, Peter Lang, 2001.