Abstracts
Résumé
Cet article porte sur le système de contraintes symboliques et matérielles, et notamment sur les représentations sexuées qui ordonnent l’accès des hommes et des femmes aux genres journalistiques dans la presse quotidienne entre 1836 et 1914. Cet essai se propose de confronter ces systèmes de représentations à la pratique concrète du journalisme, et notamment aux genres médiatiques pratiqués par les femmes. Séverine et plus largement les reporters-femmes du journal La fronde à la fin du XIXe siècle, sujets d’étude privilégiés ici, pratiquent un reportage neuf et transgressif même s’il ne rejette pas absolument la division conventionnelle des sexes. L’article met en relation certaines pratiques journalistiques d’aujourd’hui, comme le journalisme empathique, avec celles de ces femmes journalistes du XIXe siècle dont l’invention de postures, de procédés et de poétiques a sans doute été considérablement occultée. Le paradoxe est qu’une partie de l’invention du journalisme serait à mettre à l’actif des femmes alors même qu’elles ont été, dans la mesure du possible, tenues à l’écart du champ médiatique
Abstract
This article deals with the symbolic and material constraints governing the journalistic avenues available to men versus women in the daily printed press between 1836 and 1914, with a particular focus on gender typecasting. This paper seeks to compare these constraints with the realities of the journalistic workforce of that era, especially as regards the media output of women. Along with that of a number of female reporters writing for the La Fronde newspaper at the end of the 19th century, Séverine’s output is a choice example of innovative writing freed from strictures, even as it pays minimal lip service to gender conventions. This article points to some of the similarities between today’s journalistic practices such as the writing of empathetic pieces and those launched by the above 19th century women reporters, whose new postures, processes and principles are likely to have been wilfully swept into oblivion. What a paradox, which would see women being excluded from the media sphere whenever possible, all the while being partly the inventors of journalism!
Appendices
Références
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