Abstracts
Résumé
À partir de la figure exemplaire de Louis Sébastien Mercier (1740-1814), cet article se propose de présenter ce qui, dans la double fonction d’homme de lettres et de journaliste, crée un malaise entre un discours contre le journalisme et une pratique bien réelle du périodique. Le passage chez l’auteur d’une écriture littéraire à une écriture journalistique nous est d’abord présenté comme allant de soi, tant par la mission sociale que le polygraphe s’est donnée que par sa pratique scripturale qui participe déjà d’une réflexion sur la représentation du quotidien. Le résultat de ce passage est toutefois inconfortable puisqu’il y a une réelle incompatibilité entre les critiques que formule Mercier à l’égard des journalistes et une participation de plus en plus nourrie aux journaux de l’époque. Se dessine ainsi un écartèlement qui obligera l’auteur à créer un équilibre entre ces deux postures inconciliables, et ce, par la justification qu’il fera de son utilisation de la presse.
Abstract
In this article, the example of writer-cum-journalist Louis Sébastien Mercier (1740-1814) illustrates the uncomfortable dichotomy between criticising journalistic writing and contributing to it. Mercier’s switching from literary to journalistic writing is at first considered only natural, given this versatile scribe’s social mission and his established written ability to depict everyday life. However, such a switch is an awkward one given the documented opposition between Mercier’s criticism of journalists and his growing collaboration with their milieu. As well, being torn thusly will force Mercier to reach some balance point between these two irreconcilable extremes, in the form of a self-justification of his recourse to printed periodicals.
Appendices
Références
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