Abstracts
Résumé
Pendant les années 1930, Mary Travers travaille à l’écriture de chansons folkloriques abordant la délicate question du labeur des plus pauvres en période de crise. Elle se dépeint comme une femme au service de la collectivité, elle évoque les hommes forcés au chômage pendant la crise économique et, dans un esprit traditionaliste, elle célèbre le labeur de l’agriculteur, qui, dans ses mots, devient le personnage mythique de « l’ancien temps » idéalisé. Comment se positionne-t-elle dans ses chansons traditionnelles par rapport à une réalité du travail de plus en plus industrialisée ? Comment juge-t-elle l’entrée des femmes sur le marché du travail ? Quelle est son opinion quant aux mesures de l’État alors que les emplois sont rares et que la pauvreté est criante ? Se considère-t-elle comme une femme de carrière, elle qui lance les premiers disques à succès de l’histoire de la chanson québécoise ? Soulevant quelques tabous et en renforçant d’autres, notamment à propos du travail des femmes, elle donne des chansons à l’image du discours social ambiant de son époque, mais se distingue elle-même par son propre métier de chansonnière et la façon dont elle en parle. La situation économique au Québec modifie la perception générale du travail et les textes de Mary Travers répercutent ce débat de façon originale, donnant accès au point de vue d’une femme travailleuse, issue des petits milieux où le travail est un moyen de survie, mais aussi une source de fierté. L’analyse sociocritique des chansons esquisse du même coup le portrait du discours social sur le travail pendant la crise.
Abstract
In the 1930s, Mary Travers wrote folk songs dealing with the thorny issue of the working poor during hard times. A self-styled “woman at the service of the community”, she focused on those who lost their jobs as a result of the economic crisis. Heeding tradition, she lauded the work of famers whom she perceived as the mythical representatives of an idealised “old era”. How did she reconcile her songs praising tradition with an increasingly industrial labour market ? How did she react to women entering the workforce ? What did she think of government actions in the face of dwindling employment and pressing poverty ? Did she consider herself to be a career woman, what with hers being the first successful recordings of Quebec folk songs ? Confronting or buttressing established taboos such as those about women in the workforce, she wrote songs reflecting those societal issues prevalent at the time. Yet, she set herself apart both through her trade as a songwriter and her depiction of it. The economic situation in the province of Quebec influenced how labour was perceived, and her writings, favouring the standpoint of a working woman from the lower classes where employment is a matter of both survival and pride, echoed this perception with originality. A sociological and critical analysis of her songs illustrates the societal discourse on labour that prevailed during hard times.
Appendices
Références
- Bolduc, Mary Travers, Madame Bolduc : paroles et musiques, compilées par Lina Remon en collaboration avec Jean-Pierre Joyal, Montréal, Guérin, 1993.
- Ménard, Johanne, « À la recherche de solutions », 2001 [en ligne] http://history.cbc.ca/history/?MIval=Section.html&series_id=1&episode_id=13&chapter_id=3&lang=F [site visité le 18 janvier 2007].
- Raymond, Mme W., Le travail des jeunes filles, Montréal, École sociale populaire, no 187 (1929), 32 p.