Abstracts
Résumé
Si le mot n'est pas fréquent dans les textes de l'Antiquité, l'esprit de la tolérance y préside par la culture humaniste du doute critique qui diffère sans cesse la certitude et partant l'intolérance intellectuelle. Avec Cicéron, la tolérance apparaît au principe d'une pensée dialectique et au centre de la réflexion morale. Et cette pensée de la tolérance jette déjà les bases du conflit perdurant qu'instaure la notion de tolérance, clivée entre liberté individuelle et exigences d'un droit collectif pour tous. Les débats religieux dans l'empire romain, divisé entre paganisme et christianisme, en seront la preuve. Le triomphe de l'Église au Moyen Âge aurait pu signifier sans exception une ère de dogmatisme ; il n'en reste que s'y font entendre la voix de Jean de Salisbury, ensuite celle deThomas d'Aquin.À la Renaissance, la notion resurgit en deux thèses opposées, celle d'un exercice privé chez Juste Lipse et celle d'un exercice collectif de la liberté de conscience que prône Jean Bodin : l'Édit de Nantes réalisera un compromis, il sera aussi le produit d'une histoire ancienne qui recouvre les raisons plus présentes de sa promulgation.
Abstract
If tolerance is not a word frequently encountered in the texts of Antiquity its spirit nevertheless appears in the humanist culture of critical doubt, which continually defers certitude and, with this, intellectual intolerance. With Cicero, tolerance appears in the principle of a dialectical mode of thinking and as the focus of moral reflection. Furthermore, even at that time, this way of conceiving tolerance lays the foundations of the ongoing conflict between individual freedom and the requirements of a rule of law applying to ail. The religious debates of the Roman empire, at that time divided between paganism and Christianity, bear this observation out. The triumph of the Church during the Middle Ages might hâve signified an era of unremitting dogmatism. Nevertheless, the period also resounded with the voice of John of Salisbury, followed by that of Thomas Aquinas. During the Renaissance, the notion of tolérance reemerged in the form of two opposing thèses — that of the private exercise of the freedom of conscience, as advocated byjustus Lipsius, versus that of the collective exercise of this freedom, as advocated byjean Bodin.The Edict of Nantes was to achieve a compromise between thèse two views ; it was, as well, the outcome of the intersection of an older history with the more contemporary justifications of its promulgation