Introduction[Record]

  • Myriam Blais and
  • Émilie Pinard

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  • Myriam Blais
    École d’architecture, Université Laval
    School of Architecture, Laval University
    Myriam.Blais@arc.ulaval.ca

  • Émilie Pinard
    École d’architecture McEwen, Université Laurentienne
    McEwen School of Architecture, Laurentian University
    epinard@laurentian.ca

Nous avons choisi d’ouvrir ce numéro thématique « Construire et habiter l’Inuit Nunangat » avec la parole d’Olivia Ikey, une jeune Inuk de Kuujjuaq et youth advocate (défenseure de la jeunesse), grandement impliquée dans les questions de gouvernance, d’abordabilité et de qualité des lieux d’habitation pour les communautés inuit du Nunavik, notamment pour les jeunes. Cette conférence qu’Olivia prononçait le 3 octobre 2019, à titre de marraine spirituelle d’une journée spéciale de réflexion sur l’habitation inuit et ses territoires, intitulée Habiter le Nord québécois : Enjeux et défis d’aménagements appropriés et significatifs pour les communautés Inuit, a été livrée dans une certaine forme de plaidoyer. Elle y relatait des expériences personnelles, de même que des actions militantes et proactives, aussi éloquentes et riches qu’elles avaient été effectivement vécues. Aussi, elle invitait tous ceux qui étaient alors présents, à accueillir la « vérité » des Inuit dans cette recherche d’offrir, et encore une fois particulièrement aux jeunes Inuit, « a place to call home » (un lieu que l’on qualifie de chez-soi, une habitation véritable), tout en les impliquant dans les décisions qui les touchent de si près. De cette conférence à la fois fort engageante et provocante, nous retenons ces quelques propos mobilisateurs qui portent un regard tout de même optimiste sur un avenir culturellement durable et significatif : Les questions de l’habitation, de l’habiter, de la maison ou du logement, au sein des communautés vivant dans l’Arctique, font l’objet d’un intérêt certain et grandissant de la part des chercheurs en architecture, en design urbain, en sciences sociales et humaines ou encore, en anthropologie. Depuis que la récente crise du logement dans les communautés circumpolaires est reconnue comme un véritable problème politique, ces disciplines se sont emparées de ces thèmes pour les penser dans leurs multiples dimensions. Des chercheurs en sciences sociales se sont intéressés à la gestion et aux politiques du logement, aux questions d’accès et d’inégalité à ces logements (Duhaime 1986 ; Collings 2005 ; Stern 2005 ; Therrien 2013 ; Therrien et Duhaime 2017), alors que d’autres travaillent à comprendre les impacts du surpeuplement des logements sur la santé (Ruiz-Castell et al. 2015) et sur la violence familiale (Hervé et Laneuville 2017). En anthropologie et en géographie, la recherche a, entre autres, porté sur les façons dont les Inuit perçoivent leurs territoires (naturels ou urbanisés) et leurs espaces habités, et se réapproprient les logements dans lesquels ils vivent (Bordin 2003 ; Collignon 2001, 2006 ; Dawson 2006, 2008 ; Tester 2006 ; Dybbroe 2008 : Desbiens 2017, 2012 ; Brière 2014 ; Brière et Laugrand 2017). Plus récemment, des chercheurs en architecture et en design urbain se sont questionnés sur la qualité des lieux d’habitation qui pourraient ou devraient être produits, en relation avec les aspirations des communautés, les référents culturels qui motivent ces aspirations, ainsi que leurs relations avec un territoire vaste qui appartient toujours à leurs représentations (Piché et al. 2017). Les travaux et activités réalisés dans divers milieux académiques, notamment par Habiter le Nord québécois (Bhatt et al. 2020 ; HLNQ 2020, 2019a, 2019b, 2017, 2016 ;), Lateral Office (Sheppard et White 2019, 2017), Arctic Design Group (Cho et al. 2019) ou OCULS (Hemmersam 2021, 2016), sont particulièrement représentatifs de recherches réalisées en création, en participation ou en collaboration avec des communautés autochtones de l’Arctique. Le présent numéro d’Études Inuit Studies est, pourrait-on dire étonnamment, le tout premier que la revue consacre spécifiquement à cette question cruciale de l’habiter dans l’Arctique. Il a été motivé par la richesse d’une production grandissante des recherches (notamment en architecture et en design urbain) qui permet …

Appendices

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