Volume 44, Number 1-2, 2020 Construire et habiter l’Inuit Nunangat Building and Dwelling in Inuit Nunangat Guest-edited by Myriam Blais and Émilie Pinard
Table of contents (18 articles)
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Speaking Out: Introductory
Olivia Ikey
pp. 3–9
AbstractEN:
Conference retranscription « Living in Northern Quebec: Issues and Challenges of Appropriate and Meaningful Living Environments for Inuit Communities”, Special session “LINQ’s Day-Long Special Session”, Inuit Studies Conference 2019 . October 3, 2019, Université du Québec à Montréal.
FR:
Retransciption de la conférence « Habiter le Nord québécois: Enjeux et défis d’aménagements appropriés et significatifs pour les communautés Inuit », Session spéciale HLNQ, Congrès d’Études Inuit 2019 . 3 octobre 2019, Université du Québec à Montréal.
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Introduction
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Nunamiut, the Tundra Dwellers
Michael David Fortescue
pp. 37–51
AbstractEN:
This article investigates the various senses and derivations of the term nuna in the Inuit-Yupik languages in order to reveal its origin in referring to the Arctic tundra. These languages arguably derive from that of the ancestors of the earliest inhabitants of the North American tundra, other inhabitants of the circumpolar Arctic today having only moved up at later times. Likely etymological correspondences in Eurasian languages of the far north support the original meaning of the word, whose connotations can be contrasted with those of English land, by which it is usually translated. They include reference to the unique vegetation of the Arctic tundra and to settlement and migratory movements across it in the past. The word has survived through millennia as far apart as mountainous East Greenland and the Aleutian Islands chain, where it has been adapted (as Unangan tanaX) to the archipelagic setting. It is suggested that the term nunamiut, literally “tundra dwellers,” can suitably be applied to speakers of all these languages still today.
FR:
Les sens et dérivations diverses du terme nuna dans les langues Inuit et Yupik sont le sujet de cette enquête qui montre que nuna renvoie originalement à la toundra arctique. Ces langues proviennent de celle des ancêtres des habitants plus anciens de la toundra nord-américaine. Les autres habitants de l’Arctique circumpolaire aujourd’hui n’y sont arrivés que plus tard. Des correspondances étymologiques probables dans les langues autochtones du Nord-eurasiatique apportent leur soutien au sens original, dont les connotations contrastent avec celles du mot land en anglais, par lequel on traduit habituellement nuna. Celles-ci comprennent une référence à la végétation unique de la toundra arctique ainsi qu’à l’habitation et aux mouvements migratoires à travers elle dans le passé. Le mot a survécu pendant des milliers d’années entre des régions si éloignées que les montagnes du Groenland oriental et les îles aléoutiennes, où il s’est adapté (comme Unangan tanaX) à l’environnement d’archipel. L’article suggère que le terme nunamiut, littéralement « les habitants de la toundra » peut s’appliquer convenablement à ceux qui parlent toujours ces langues-là aujourd’hui.
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Between Lines and Beyond Boundaries: Alootook Ipellie’s Entanglements of Space
Émélie Desrochers-Turgeon
pp. 53–84
AbstractEN:
Manifold representations of the dwelling are expressed in the work of artist, poet, writer, editor, and activist Alootook Ipellie in the bi-monthly publication Inuit Today in the 1970s and 1980s, as a cross-section through key moments in Inuit Nunangat history. This essay thus examines Ipellie’s representations of space—not as an attempt to theorize Inuit space but rather to offer reflections on how these representations challenged ways of knowing and interpreting Arctic communities. We first address the Arctic representation in Ipellie’s work, which emphasizes the existing richness of the land according to Inuit perspectives as opposed to Qallunaat (non-Inuit) interpretations. His drawings also offer political comments on land disputes and the exploitation of territory. We then explore the representation of buildings, as Ipellie witnessed the transition from traditional to government housing. Ipellie’s humour-based approach constituted a strong social and political critique of housing issues and settler-colonial building practices. This artist acknowledged Inuit ingenuity when speaking of traditional housing, thus advocating for Inuit knowledge, invention, and built heritage. Lastly, we discuss the representation of multiple voices in the struggles over space, including Inuit communities and non-human agents, such as animals and land. Dwelling on the notion of “lines” and “the in-between”, we consider the thickness of Ipellie’s drawn lines and attend to the multiple entanglements between the artist’s political cartoons and the many lines of settler-colonialism, such as boundaries, frontiers, roads, pipelines, spatial construction, buildings, and planning.
FR:
Cet essai examine les représentations de l’habitation dans l’oeuvre de l’artiste, poète, écrivain, éditeur et activiste Alootook Ipellie. Analysant tout particulièrement son travail publié entre les années 1970-80 dans le magazine bimensuel Inuit Today, cet essai accorde une attention particulière à la spatialité dans le travail d’Alootook Ipellie. Cet essai n’est pas une tentative de théoriser l’espace inuit mais plutôt une série de réflexions sur la manière dont les illustrations d’Ipellie défient les façons de connaître et interpréter l’Inuit Nunangat. L’essai aborde d’abord le portrait de l’Arctique dans l’oeuvre d’Ipellie qui exprime la richesse existante du territoire plutôt que l’espace en tant que potentiel conteneur d’infrastructures coloniales. Les dessins examinés explorent les conflits territoriaux et l’exploitation de l’environnement. Deuxièmement, la représentation des bâtiments y est étudiée dans la mesure où Ipellie a assisté à la transition du mode de vie nomade à l’intervention de l’état sur l’habitat et les questions sociales. Son approche humoristique constitue une forte critique sociale et politique sur les problèmes de logement et les pratiques de construction. Ipellie célèbre la sagesse de ses ancêtres en abordant l’habitat traditionnel, plaidant ainsi pour les connaissances et l’inventivité inuit. Troisièmement, l’article examine la représentation de multiples voix dans les débats autour du territoire dont celles des communautés Inuit mais également des non-humains, y compris les animaux et la terre. S’appuyant sur la notion de « lignes » et sur « l’entre-deux », l’article explore les enchevêtrements de lignes des caricatures politiques d’Ipellie, mais également des tracés du colonialisme tels que les frontières, routes, oléoducs, bâtiments, infrastructures, relevés et plans.
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Entre regards et territoire. Composition d’atlas paysagers selon une approche perceptive territorialiste, Salluit et Inukjuak
Mathieu Avarello
pp. 85–108
AbstractFR:
Des atlas paysagers – des recueils photographiques présentant des adéquations entre territoire et habiter – peuvent engager les populations locales dans un processus participatif et contribuer à l’aménagement de l’habitat. Suivant une approche perceptive empruntée à l’école territorialiste, deux méthodes exploratoires de collecte de photographies ont interpelé des acteurs aux connaissances contextuelles et expertes pour l’assemblage d’atlas. Ils illustrent des informations déterminantes pour un aménagement local approprié : l’état de « l’enregistrement inachevé » qu’est le paysage – la « manifestation tangible du territoire ». Les photographies issues d’un concours en ligne et d’excursions par l’auteur permettent d’identifier des caractères paysagers qui ajoutent à la compréhension de l’urbanité des communautés du Nunavik. Ces caractères, observés de façon synchronique, concernent des aspects formels et syntaxiques qui émanent de pratiques du territoire dans le contexte local. Complétées par des observations diachroniques et une approche morphotypologique, ces connaissances permettraient d’adapter des pratiques actuelles en design urbain pour s’adjoindre à un « urbanisme inuit » informé des règles de formation inhérentes à la phase actuelle d’occupation du territoire. Les méthodes explorées ici, croisées d’activités de cartographie communautaire, pourraient constituer le rôle de comités citoyens dans la production de l’habitat et la formulation de scénarios stratégiques autodéterminés, partagés et co-construits.
EN:
Landscape atlases – photographic collections linking the territory and its occupation – can engage local populations in a participatory process and contribute to the planning of their habitat. Following a perceptive approach borrowed from the territorialist school, two exploratory methods of photograph collection challenged agents with contextual and expert knowledges for the assembly of atlases. They illustrate essential information for an adapted local planning: the “record” of an ever-transforming landscape – the “tangible manifestation of the territory”. Photographs from an online competition and from excursions by the author allow the identification of recurring landscape characters, which inform on the urbanity of Nunavik communities. These characters, observed synchronically, concern formal and relational aspects which define the profound ways of dwelling in the local territorial context. Completed with diachronic observations and a morphotypological approach, this knowledge could incorporate current practices of urban design into an “Inuit urbanism”, informed by the rules of formation obtaining in the current phase of occupation of the territory. These methods, along with community mapping activities, could constitute the role of citizen committees in the production of their habitat and the formulation of shared, self-determined, co-constructed strategic scenarios.
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Savoir-faire locaux et auto-construction dans la toundra. Une lecture des cabanes du fjord de Salluit (Note de recherche)
Pierre-Olivier Demeule
pp. 109–159
AbstractFR:
Considérées comme informelles du point de vue occidental, les cabanes du Nunavik marquent l’évolution d’un mode de vie hérité de la tradition inuit et révèlent un savoir-faire riche de solutions face à la crise du logement des communautés. Composées d’objets et de matériaux pour la plupart recyclés, détournés ou acquis aléatoirement, ces cabanes se déploient ingénieusement au coeur de la toundra d’une manière aussi admirable qu’est la résilience de leurs bâtisseurs. À l’égard de l’architecture, deux questions se posent : comment sont construites ces cabanes et comment une meilleure connaissance de leur composition pourrait-elle enrichir une vision partagée de l’architecture nordique ? La rencontre avec des auto-constructeurs locaux et l’observation in situ de cabanes le long du fjord de Salluit (Nunavik), en août 2018, suggèrent une réponse tangible abordant à la fois les processus conceptuels et constructifs des cabanes. Formulé tel un retour réflexif sur ces rencontres et ces observations, cet article propose une lecture des cabanes toundriques par une « déconstruction graphique » de leurs composantes. En étudiant chacun des éléments couche après couche, ce procédé ouvre les perspectives d’une compréhension détaillée des modes de fabrication, d’occupation et de transformation des cabanes. L’étude propose enfin une catégorisation des divers types de cabanes repérées dans le fjord de Salluit. Par leurs caractéristiques respectives, ces types traduisent les variantes d’une relation au territoire toujours centrale dans la culture des Nunavimmiut.
EN:
Considered informal from a western perspective, Nunavik’s cabins mark the evolution of a way of life inherited from Inuit tradition and reveal a know-how rich in solutions to the communities’ housing crisis. Composed of objects and materials that are mostly recycled, diverted or acquired randomly, these cabins are ingeniously deployed on the tundra in a way that is as admirable as the resilience of their builders. In terms of architecture, two questions stand out: how are these cabins built and how could a better understanding of their composition enrich a shared vision of northern architecture? The meeting with local self-builders and the in situ observations of cabins along the Salluit Fjord (Nunavik) in August 2018 suggest a tangible response addressing both the conceptual and constructive processes of the cabins. Formulated as a reflexive feedback on these encounters and observations, this article proposes a reading of the tundra cabins through a “graphic deconstruction” of their components. By studying each of the elements layer by layer, this process opens the perspectives of a detailed understanding of the making, the occupation and the transformation of the cabins. Finally, the study proposes a categorization of the various types of cabins found in the Salluit fjord. By their respective characteristics, these types reflect the variations of a relationship to the land that is still key to the culture of Nunavimmiut.
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Réflexions pour une architecture significative : Univers symbolique et matériel de la maison chez les Inuit du Nunavik (Note de recherche)
Myrtille Bayle
pp. 161–182
AbstractFR:
La relation qu’entretiennent les habitants Inuit du Nunavik avec leur habitation a fortement évolué avec la sédentarisation et l’arrivée de la production du logement gérée par l’État. Le lien entre la forme de la maison et la vie sociale s’est perdu à la faveur d’une standardisation du logement qui laisse peu de place à l’intégration des pratiques locales et des valeurs culturelles des habitants. Ainsi, dans un contexte où la relation entre les habitants et leurs logements est marquée par un fossé entre l’espace conçu par les autorités et l’espace perçu et vécu par les habitants, comment favoriser l’intégration des significations symboliques et des qualités essentielles de l’habiter inuit afin de contribuer à concevoir une architecture significative pour les habitants ? Cet article présente les résultats préliminaires d’une revue de littérature qui vise à répertorier les valeurs culturelles, les pratiques et les définitions inuit de l’habiter, ainsi que les attentes des habitants en termes de qualités architecturales et d’expérience. À travers la littérature analysée, la maison comme représentation symbolique se présente comme un morceau d’univers qui fait partie de nuna, la terre habitée par les Inuit et qui témoigne de l’appartenance collective au territoire. La maison se définit également comme un corps protecteur et un point d’ancrage qui participe à l’élaboration de l’identité et des valeurs socio-culturelles du groupe. C’est un espace social qui se déploie comme un espace collectif, ouvert à tous, et qui se définit avant tout par les relations sociales. Cette analyse de la maison confirme la confrontation d’une pratique nomade de l’espace dans un environnement sédentaire et met également en évidence l’importance de favoriser l’intégration de l’habitant dans la production de son habitation.
EN:
The relationship between the Inuit inhabitants of Nunavik and their dwellings has changed significantly with the advent of sedentarization and state-run housing production. The link between the form of the house and social life has been lost in favour of a standardization of housing that leaves little room for the integration of local practices and cultural values of the inhabitants. Thus, in a context where the relationship between inhabitants and their dwellings is marked by a gap between the space designed by the authorities and the space perceived and lived by the inhabitants, how can we encourage the integration of the symbolic meanings and essential qualities of Inuit housing in order to contribute to the design of meaningful architecture for the inhabitants? This article presents the preliminary results of a literature review that aims to identify Inuit cultural values, practices and definitions of habitat, as well as the expectations of inhabitants in terms of architectural qualities and experience. Through the literature analyzed, the house as a symbolic Inuit representation is presented as a piece of the universe that is part of nuna, the land inhabited by the Inuit, and that testifies to the collective belonging to the territory. The house is also defined as a protective body and an anchoring point that participates in the elaboration of the group’s identity and socio-cultural values. It is a social space that unfolds as a collective space, open to all, and which is defined above all by social relations. This analysis of the house confirms the confrontation of a nomadic practice of space in a sedentary environment and also highlights the importance of encouraging the integration of the inhabitant in the production of his dwelling.
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Unsettling Ground: Arctic Urbanism on Fluid Geology
Jason McMillan and Lola Sheppard
pp. 183–205
AbstractEN:
Ground is the transition across the surface and subsurface of the land, mediating environmental change and the stability of geological time. In the Canadian Arctic, dramatic seasonal cycles and warming trends are reshaping increasingly unstable ground. Inuit in communities such as Arviat, in southern Nunavut, have always dealt with geological instability using their traditional knowledge of climate and territory. However, the North has been aggressively shaped by systematic spatial interventions of resource-based economies, militarization, and administration. Federal building programs across the Territory have imposed visions of efficiency and modernity, transforming the land inhabited by Inuit into a settled ground. To “unsettle ground” is understood here as strategies to address gaps between the imposed stability and singularity of modernist, Northern master planning and housing and the richness and fluidity of the Indigenous landscape. Two trips to Arviat and extensive meetings with community members and housing advocates revealed numerous instabilities, including geological changes, adaptation of the Community Plan, and uncertain economics of public housing. Housing has failed to engage the land on a perfunctory technical level, in its ability to create a communal “social ground”, and on a larger scale the ongoing failure of community planning disregards community relationships to landscape. Conversations on the ground revealed community-centered building practices reclaiming spaces imposed by the strictures of modern colonial architecture and planning. Our research thus examines the multiple identities of ground and posits the possibility for new, respectful ways for architecture to inhabit the land in Nunavut while unsettling ground.
FR:
Le sol est la transition entre la surface et le sous-sol de la terre, les changements environnementaux et la stabilité des temps géologiques. Dans l’archipel arctique canadien, les cycles saisonniers d’une extrême dissemblance ainsi que les tendances croissantes du réchauffement climatique rendent le sol de plus en plus instable. Les communautés Inuit, telles que les Arviammiut vivant dans le sud du Nunavut, ont toujours su composer avec les sols instables de leur région grâce à leurs connaissances traditionnelles du climat et du territoire. Toutefois, le Nord fût radicalement transformé par l’imposition d’une économie basée sur les ressources naturelles, la militarisation et l’administration. Les programmes fédéraux à travers le Nord du Canada ont imposé des visions basées sur l’efficacité et la modernité qui ont transformé le territoire traditionnel jusqu’alors habité par les Inuit en un territoire colonisé. La « décolonisation » du territoire est une stratégie visant à combler les divergences imposées par le modernisme nordique afin de redonner au paysage autochtone sa richesse et sa fluidité. À la suite de deux voyages à Arviat ainsi que plusieurs rencontres avec les membres de la communauté et de la protection du logement, plusieurs irrégularités furent soulevées : les changements géologiques du sol issus des changements climatiques, l’adaptation des espaces et l’usage du Plan Communautaire, et finalement, l’insécurité financière des logements sociaux offerts dans la communauté. À l’échelle domestique, le marché résidentiel n’a pas réussi à utiliser les ressources de la terre autant sur le plan technique que social. D’ailleurs, l’échec répété de la planification communautaire continue d’omettre les relations existantes entre les communautés autochtones et leur territoire. Les observations et les échanges sur le terrain ont révélé la nécessité d’une nouvelle approche de planification afin que les communautés Inuit puissent retrouver l’identité et la richesse architecturale qui leur est propre. La recherche explore les diverses identités territoriales et propose de nouvelles possibilités afin d’offrir une architecture qui respecte l’unicité des cultures du Nunavut et l’imprévisibilité de son sol.
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Territorialities and Urbanities Transform: A Scenario-Based Approach to Local Planning and Decision Making in Inukjuak and Salluit, Nunavik
Geneviève Vachon, Mathieu Avarello, Julien Landry and Laurence St-Jean
pp. 207–236
AbstractEN:
This article focuses on the sustainable transformation of Nunavik’s Northern Villages with regard to the notions of dwelling, urbanity and territoriality. Our participatory design research approach addressed the limits of current planning frameworks, exogenous development models, and a complex governance system by integrating the relationship to the territory and the impacts of climate change in the exploration of scenarios for alternative futures adapted to local urban realities. The research illustrates these limits and complexities with hypothetical transformation scenarios in Inukjuak and Salluit. By identifying plausible futures, we formulated sustainable planning strategies combining interrelated factors in the development of project-based interventions to incorporate traditional practices in an urbanizing context. The case of Inukjuak illustrates the importance of natural environments, urban consolidation practices, diversity of use, and socialization, while that of Salluit demonstrates the reciprocity between geomorphological, constructive, socio-cultural, and logistical design variables. Evolving Northern development challenges require that the relevance of these scenarios be examined based on alternative hypotheses and long-term horizons, in the imagination of shared strategies for sustainable planning. Design research, the use of decision-making tools and participatory frameworks are questioned in relation to their contribution to the self-determination of local communities in the “resituation” of their living environments.
FR:
Cet article porte sur la transformation durable des villages nordiques du Nunavik au regard des notions d’habitation, d’urbanité et de territorialité. Notre approche de recherche en design participatif a abordé les limites des cadres de planification actuels, des modèles de développement exogènes et d’un système de gouvernance complexe en intégrant la relation au territoire et les impacts du changement climatique dans l’exploration de scénarios pour des futurs alternatifs adaptés aux réalités urbaines locales. La recherche illustre ces limites et ces complexités par des scénarios hypothétiques de transformation à Inukjuak et Salluit. En identifiant des futurs plausibles, nous avons formulé des stratégies de planification durable combinant des facteurs interdépendants dans le développement d’interventions basées sur des projets visant à intégrer les pratiques traditionnelles dans un contexte d’urbanisation. Le cas d’Inukjuak illustre l’importance des environnements naturels, des pratiques de consolidation urbaine, de la diversité des usages et de la socialisation, tandis que celui de Salluit démontre la réciprocité entre les variables de conception géomorphologiques, constructives, socio-culturelles et logistiques. L’évolution des enjeux du développement du Nord nécessite d’examiner la pertinence de ces scénarios à partir d’hypothèses alternatives et d’horizons à long terme, dans l’imagination de stratégies partagées de planification durable. La recherche en design, l’utilisation d’outils d’aide à la décision et les cadres participatifs sont questionnés par rapport à leur contribution à l’autodétermination des communautés locales dans la « resituation » de leurs milieux de vie.
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Habiter et pensées nomades : Réflexions sur l’architecture des Maisons des jeunes (et intergénérationnelles) au Nunavik
Myriam Blais and Marika Vachon
pp. 237–259
AbstractFR:
L’« habiter nomade », tel un canevas intellectuel et philosophique, préside à une expérience de participation et de recherche-création en architecture, qui visait à explorer de nouvelles approches à la programmation, la conception et la construction de Maisons des jeunes (et intergénérationnelles) dans les villages du Nunavik. De telles maisons ont été envisagées comme un lieu qui procurerait un sense of home, qui invoquerait l’identité Inuit. Afin d’examiner et d’illustrer comment l’architecture pourrait accompagner les jeunes Inuit dans la réappropriation et la mise en valeur de leur identité, tout en affirmant des traditions significatives, la recherche-création a été convoquée. Dans ce contexte, l’habiter (comme « idée de la maison ») est alors abordé comme une invitation faite à l’architecture, et aux architectes, d’offrir des moments, des lieux et des occasions qui permettront aux habitants d’être leurs propres créateurs de sens. L’ensemble de la réflexion et de la démarche participative portant sur une Maison pour les jeunes inuit est traduite en quelques projets d’architecture qui mettent en lumière diverses aspirations, opportunités et désirs d’« habiter » le Nunavik.
EN:
“Nomadic dwelling”, as an intellectual and philosophical framework, presides over an experiment in participation and research-creation in architecture, which aimed to explore new approaches to the programming, design and construction of Youth (and Intergenerational) Centres in the villages of Nunavik. Such houses were envisioned as a place that would provide a sense of home, that would invoke Inuit identity. In order to examine and illustrate how architecture could accompany young Inuit in the reappropriation and enhancement of their identity, while affirming meaningful traditions, research-creation was convened. In this context, dwelling (as an “idea of home”) is then approached as an invitation to architecture, and to architects, to offer moments, places and occasions that will allow the inhabitants to be their own creators of meaning. The entire reflection and participatory process on an Inuit Youth Centre is translated into a few architectural projects that highlight various aspirations, opportunities and desires to “inhabit” Nunavik.
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Speaking Out: Housing Issues of Youth in Nunavik
Olivia Ikey
pp. 261–267
AbstractEN:
Conference retranscription “Living in Northern Quebec,” special session “Arctic Housing and Community Planning” organized by Mylène Riva and Geneviève Vachon. Arctic Change 2017 Conference, Quebec City, Convention Centre, December 14th, 2017.
FR:
Retransciption de la conférence « Habiter le Nord québécois », session « Logement et plannification communautaire dans l’Arctique », organisé par Mylène Riva et Geneviève Vachon. Congrès Arctic Change 2017, Québec, Centre des Congrès, 14 décembre 2017.
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La transformation des territoires nordiques urbanisés : Étude de la forme et des traits distinctifs des villages inuit du Nunavik
Maxime Rochette
pp. 269–299
AbstractFR:
Cet article s’intéresse à la forme de l’environnement bâti des villages inuit du Nunavik qui résulte d’un processus d’urbanisation relativement récent. Il s’agit de comprendre comment le cadre bâti de ces villages s’est transformé, dans le temps et dans l’espace, depuis leur fondation jusqu’à aujourd’hui. Comment ces environnements se sont-ils adaptés aux contraintes territoriales, climatiques et aux aspirations culturelles de ses habitants ? À partir de cartes géographiques, de photographies aériennes, de plans d’aménagement, de textes relatant l’occupation du territoire et de photographies historiques et récentes, l’auteur fait l’analyse morphologique des 14 villages inuit, c’est-à-dire une caractérisation des formes paysagères et bâties actuelles (analyse synchronique). Différentes variables d’ordre formel, dimensionnel, d’usage et de position relative sont examinées pour révéler trois types d’établissements avec des variantes : en grappes, linéaires et en bloc. Une morphogenèse (analyse diachronique) des villages de Kuujjuaq et d’Inukjuak, deux types portants, permet de caractériser et de comprendre l’évolution de la forme de ces établissements dans le temps. En tenant compte de facteurs historiques, politiques et culturels, cette partie de l’analyse fait ressortir des structures de permanence et des marqueurs culturels symboliques. Une discussion sur la pertinence de la typomorphologie comme méthode de lecture des milieux bâtis nordiques et autochtones ouvre la conclusion qui aborde aussi le développement en contexte inuit.
EN:
This article looks at the shape of the built environment of the Inuit villages of Nunavik that results from a relatively recent urbanization process. It seeks to understand how the built environment of these villages has been transformed, in time and space, from their foundation to the present day. How have these environments adapted to the territorial and climatic constraints and to the cultural aspirations of their inhabitants? Using maps, aerial photographies, development plans, texts relating the occupation of the territory and historical and recent photographies, the author makes a morphological analysis of the 14 Inuit villages, i.e. a characterization of the current landscape and built forms. Different variables of formal, dimensional, use and relative position are examined to reveal three types of settlements with variants: clustered, linear and block settlements. The morphogenesis of the villages of Kuujjuaq and Inukjuak, two key types, helps to characterize and understand the evolution of the shape of these settlements over time. Considering historical, political and cultural factors, this part of the analysis brings out structures of permanence and symbolic markers. The article concludes with a discussion on the relevance of typomorphology as a method of reading northern and indigenous built environments and urban development in an Inuit context.
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Habiter le Nunavik : Considérer le système de production du logement en envisageant la complexité
Marika Vachon
pp. 301–321
AbstractFR:
Cet article présente une réflexion sur les systèmes actuels de production du logement au Nunavik, au nord du Québec, à la lumière des théories de la complexité et de la perspective de l’habiter. L’analyse de la littérature démontre différentes formes de complexité dans le système ; les processus actuels relatifs à la construction des logements au Nord sont toujours le reflet d’une perspective centrée sur le fait « de construire » et sur un modèle de rationalité technique, plutôt que sur une perspective considérant le fait « d’habiter » le Nord, intégrant les considérations sociales, culturelles et symboliques. L’article explore les caractéristiques propres à l’habiter inuit et les associe à la perspective de l’habiter d’Ingold (2000). À travers l’engagement dans l’action, la perspective de l’habiter se conjugue aux méthodes ouvertes proposées par les approches de la complexité, afin de proposer des pistes pour un logement nordique plus durable, mieux ancrées dans les réalités, les aspirations et les façons d’habiter des communautés inuit.
EN:
This article presents a reflection on the current housing production systems in Nunavik, Northern Quebec, according to the theories of complexity and to the dwelling perspective. The literature review shows different forms of complexity in the system; the current processes relating to the construction of housing in the North still reflects a system centered on the act of “building” and on a technical rationality model, rather than on a perspective considering the “dwelling” of the North, integrating social, cultural and symbolic considerations. The article explores some unique characteristics of Inuit dwelling, and relates them to Ingold’s perspective of dwelling vision (2000), emphazing through commitment for action. Combining this vision with the open methods proposed by the complexity’s approaches, it is possible to propose paths for more sustainable Nordic housing, better anchored in realities, aspirations and dwelling of Inuit communities.
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Nunavut Urban Futures: Vernaculars, Informality and Tactics (Research Note)
Lola Sheppard
pp. 323–347
AbstractEN:
The Canadian Arctic, and Nunavut in particular, is one of the fastest-growing regions per capita in the country, raising the question as to what might constitute an emerging Arctic Indigenous urbanism. One of the cultural challenges of urbanizing Canadian North is that for most Indigenous peoples, permanent settlement, and its imposed spatial, temporal, economic, and institutional structures, has been antithetical to traditional ways of life and culture, which are deeply tied to the land and to seasons. For the past seventy-five years, architecture, infrastructure, and settlement form have been imported models serving as spatial tools of cultural colonization that have intentionally erased local culture and ignored geographic specificities. As communities in Nunavut continue to grow at a rapid rate, new planning frameworks are urgently needed. This paper outlines three approaches that could constitute the beginning of more culturally reflexive planning practices for Nunavut: (1) redefining the northern urban vernacular and its role in design; (2) challenging the current top-down masterplan by embracing strategies of informal urbanism; and (3) encouraging planning approaches that embrace territorial strategies and are more responsive to geography, landscape, and seasonality.
FR:
L’Arctique canadien, et le Nunavut en particulier, est une région du pays qui jouit d’une des plus fortes croissances démographiques au Canada. De cette réalité résulte la question suivante : qu’est-ce qui pourrait constituer un urbanisme autochtone significatif dans l’Arctique ? Un des grands défis culturels auquel reste confrontée la population locale et l’urbanisation du Grand-Nord et consiste en un peuplement permanent qui exige l’imposition de structures spatiale, temporelle, économique et institutionnelle. Ces structures s’opposent aux modes de vie et à la culture traditionnelle Inuit qui sont intimement liés à la terre et aux réalités saisonnières. Depuis plus de trois quarts de siècle, les modèles d’urbanisation, d’architecture et d’infrastructures ne sont que des importations venant du Sud ; ils servent d’instruments de colonisation ayant comme résultat d’effacer la culture locale, en ignorant leurs spécificités. La croissance et le développement des communautés du Nunavut continuent à un rythme accéléré. C’est donc dire que l’urgence d’établir de justes critères de planification pour la région est indispensable. Ce texte illustre trois notions qui pourraient constituer un premier pas vers un Nord urbain vernaculaire. (1) La redéfinition de ce qui constituerait un Nord urbain vernaculaire. (2) Le questionnement du plan directeur actuel qui tend vers une approche « top down » et inclut des stratégies d’urbanisation informelle. (3) Encourager des approches de design qui tiennent compte des stratégies territoriales en matière de géographie, de sites et de réalités saisonnières.
Hors thème / Other Articles
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Pigiasilluta oKalagiamik: Culturally Relevant Assessment in Nunatsiavut
Jennifer Godfrey Anderson and Jodie Lane
pp. 351–372
AbstractEN:
Beginning with a story of travelling between northern communities and the shared experiences of the researchers, the environment, and the animals, this research reports the perspectives of teachers, administrators, and parents on how school-based assessment practices impact Inuit learners in Nunatsiavut, the Labrador Inuit Settlement Area. To adjust to current global social, economic, and environmental challenges (Council of Ministers of Education 2018; OECD 2018; United Nations 2010), mainstream jurisdictions are centering their curricular content and assessment measures on competencies (Alberta 2018; British Columbia 2018; Council of Ministers of Education 2018; OECD 2018; Ontario 2016). Our results show that many of these values are already imbedded in community- and land-based experiences in Nunatsiavut and we argue that the development of assessment practices to capture competencies can help reveal the strengths in culturally relevant curriculum and instruction in Nunatsiavut.
FR:
Cet article est le résultat d’un projet de recherche qui a eu lieu sur la côte du Labrador. En tant que chercheurs et éducateurs, nous avons cherché à comprendre l’impact des pratiques d’évaluation en milieu scolaire sur les apprenants inuits du Nunatsiavut, le territoire des Inuit du Labrador. En faisant état des points de vue des enseignants, des administrateurs et des parents, nous avons constaté une persistance de contenus et de méthodes d’évaluation normatifs et culturellement biaisés. Pour s’adapter aux défis sociaux, économiques et environnementaux mondiaux actuels (Conseil des ministres de l’Éducation 2018 ; OCDE 2018 ; Nations Unies 2010), les juridictions traditionnelles centrent le contenu des programmes et les mesures d’évaluation sur des compétences telles que la réflexion critique, la créativité et la collaboration. (Alberta 2018 ; Colombie-Britannique 2018 ; Conseil des ministres de l’Éducation 2018 ; OCDE 2018v; Ontario 2016). Nos résultats montrent que bon nombre de ces valeurs sont déjà ancrées dans les expériences communautaires et terrestres au Nunatsiavut et nous soutenons que le développement de pratiques d’évaluation pour saisir les compétences peut aider à révéler les forces d’un programme et d’une instruction axés sur la culture du Nunatsiavut.
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“A Sense of Seal” in Greenland: Kalaallit Seal Pluralities and Anti-Sealing Contentions
Naja Dyrendom Graugaard
pp. 373–397
AbstractEN:
This article questions the conceptual terms upon which Inuit hunting practices are deemed acceptable in current international seal regimes. Specifically, the article examines how Kalaallit–seal relations in Greenland unsettle Euro-American seal regimes. It argues that the current narratives of Inuit seal hunting as a “sustainable, subsistence” practice (e.g., European Commission 2016) risk coopting Indigenous worldviews to suit Western interpretations. While narratives of sustainability and subsistence may soothe European anti-sealing sentiments, they may not resonate with Inuit knowledges and practices. By engaging with fieldwork interviews with hunters in Greenland, this article suggests that Kalaallit ways of sensing, knowing, and engaging with seals reflect reciprocal, as well as complex, human–animal relations. Utilizing Métis/otipemisiw scholar Zoe Todd’s analytical framework of “fish pluralities” (2014), the article considers how seals may exist in Greenland in a “plurality of ways” that extend beyond a simple needs-based use of a natural resource
FR:
Cet article remet en question les termes conceptuels selon lesquels les pratiques de chasse inuit sont jugées acceptables dans les régimes internationaux actuels de chasse au phoque. Plus précisément, l’article examine la manière dont les relations entre les Kalaallit et les phoques au Groenland déstabilisent les régimes euro-américains de chasse au phoque. Il soutient que les récits actuels de la chasse au phoque inuit en tant que pratique « durable et de subsistance » (par exemple, la Commission européenne 2016) risquent de coopter les visions du monde autochtones pour les adapter aux interprétations occidentales. Si les récits de durabilité et de subsistance peuvent apaiser les sentiments européens anti-chasse aux phoques, ils peuvent ne pas résonner avec les connaissances et les pratiques inuit. En s’appuyant sur des entretiens menés sur le terrain avec des chasseurs au Groenland, cet article suggère que les manières Kalaallit de sentir, de connaître et de s’engager avec les phoques reflètent des relations réciproques, ainsi que des relations complexes, entre l’homme et l’animal. En utilisant le cadre analytique des « pluralités de poissons » de l’universitaire métisse/otipemisiw Zoe Todd (2014), l’article examine la façon dont les phoques peuvent exister au Groenland dans une « pluralité de manières » qui vont au-delà d’une simple utilisation d’une ressource naturelle basée sur les besoins.
Recensions d'ouvrages / Book reviews
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Stuhl, Andrew. 2016. Unfreezing the Arctic: Science, Colonialism, and the Transformation of Inuit Lands. Chicago: University of Chicago Press.
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Gérin-Lajoie, José, Alain Cuerrier, and Laura Siegwart Collier, eds. 2016. “The Caribou Taste Different Now”: Inuit Elders Observe Climate Change. Iqaluit: Nunavut Arctic College Media.