Introduction : Curriculum scolaire inuitIntroduction: Inuit School Curriculum[Record]

  • Gisèle Maheux

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  • Gisèle Maheux
    Unité d’enseignement et de recherche en sciences de l’éducation, Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue, Campus de Rouyn-Noranda
    Gisele.Maheux@uqat.ca

La scolarisation de la population inuit du Canada résulte en un faible taux de diplomation à la fin des études secondaires comparativement à celui de la population canadienne. Et ce taux est le plus faible parmi les populations autochtones et métis : au sortir de leur parcours, la majorité des écoliers inuit auront abandonné précocement les études (Statistique Canada 2016). Les données d’une étude récente de la persévérance scolaire au Québec illustrent ce phénomène en croissance qui se manifesterait par une régression du taux de réussite à la fin des études secondaires entre 2002 et 2009 (Garakani 2017). L’abandon prématuré des études rendra difficile, parfois impossible, une insertion socio-professionnelle réussie des jeunes, dans leur communauté ou à l’extérieur de celle-ci. Les taux d’intégration des autochtones au marché du travail sont également inférieurs à celui de la population canadienne. Le Gouvernement du Québec reconnaît la situation dans une stratégie d’intégration proposée récemment : « […] une étude canadienne […] met en exergue les facteurs qui peuvent être à l’origine de ces différences : un niveau de scolarité plus faible, une formation insuffisante, une moins bonne maîtrise du français ou de l’anglais, la monoparentalité, une plus grande mobilité géographique et la discrimination. » (2013, cité par Gouvernement du Québec 2017 : 7). Le constat de cette situation de sous-scolarisation interpelle l’école dans sa proposition d’offre éducative, son curriculum : au sortir de leur parcours de formation, ces jeunes auront-ils appris à développer des connaissances, des habiletés et des compétences nécessaires à la compréhension de leurs expériences de vie entre deux cultures et la poursuite d’une démarche de développement personnel satisfaisante tout au long de leur vie ? Par ailleurs, l’observation directe en situation de formation, ainsi que les études réalisées par les CÉGEP (Collèges d’enseignement général et professionnel) et les universités qui accueillent des étudiants inuit, individuellement ou en cohorte, notent que les étudiants, faisant partie de la minorité qui a terminé le cours secondaire, rencontrent des difficultés d’admission dans les programmes d’études post-secondaires. Ces difficultés s’ajoutent aux difficultés personnelles vécues en raison de l’éloignement de leur milieu de vie familial et communautaire, ainsi que de la confrontation subite aux exigences de l’adaptation à de nouveaux environnements sociaux, généralement urbain – ce qui est le cas des jeunes du Nunavik, notamment en raison de l’absence d’établissement d’études post-secondaires au nord du 55e parallèle au Québec. Bref, encore aujourd’hui, les apprentissages réalisés en classe, tout au long du cheminement scolaire, ne permettent pas à la majorité de ces élèves minoritaires d’atteindre avec succès les objectifs de formation standards établis dans les programmes d’études formels qui sont mis en application dans les établissements scolaires au Québec et au Canada. Un processus d’abandon précoce des études secondaire et son corollaire, l’absence de maîtrise des connaissances et des compétences des programmes d’études de la scolarisation obligatoire chez la majorité des jeunes Inuit au sortir du secondaire interpellent, à notre avis, tous les paliers institutionnels de la scolarisation et de la formation professionnelle dans les territoires inuit au Canada. Ainsi, une réflexion sur le curriculum scolaire s’impose. Dans cette perspective, les articles de ce numéro thématique offrent un aperçu de la complexité de la question des cursus scolaires sur le terrain. L’idée de ce numéro thématique a germé au début de l’année 2016, lors de la préparation d’un atelier sur ce thème au Congrès d’Études Inuit à Saint-Jean de Terre-Neuve, organisé en octobre 2016. La majorité des articles y ont donc d’abord fait l’objet d’une communication. Les discours formels et informels des membres des communautés inuit révèlent le souhait explicite que les jeunes réussissent leur scolarisation …

Appendices

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