Volume 40, Number 1, 2016 La santé des Inuit Inuit health Guest-edited by Christopher Fletcher and Mylène Riva
Table of contents (15 articles)
-
Introduction : la santé des Inuit / Introduction: Inuit health
-
Collaborating to improve child and youth mental health in Nunavik
Sarah Fraser, Rémy Rouillard, Lucie Nadeau, Léna D’Ostie Racine and Raymond Mickpegak
pp. 23–41
AbstractEN:
Following various reports highlighting the lack of mental health services for children and youth in Nunavik (Quebec, Canada), high rates of child placements under youth protection, and gaps in the coordination of services, the Regional Partnership Committee of Nunavik decided to prioritize collaborative, community-based approaches to the health and wellbeing of children, youth, and their families. It is in this context that the regional project Ilagiinut (‘For families’) was initiated and is being piloted in Kuujjuaraapik. In mental health care, collaborative practices are highly valued, and various models are flourishing. However, collaborative care models are not necessarily easy to implement and involve a variety of ingredients, including trust, strong partnerships, clarity of roles, and power dynamics, all of which are influenced by culture and context. In this study, we conducted a total of 54 interviews with administrators, clinicians, and Inuit family members to explore their everyday expectations for and experiences with child and youth mental health services and collaboration between people involved in care. In our analysis we explore how context influences expectations, beliefs, and experiences, and ultimately how these factors impact the nature of services offered to children, youth, and families. The aim is to shed light on obstacles to and facilitators of collaboration in child and youth mental health in order to inform individuals, communities, and organizations that are trying to change policy and practice.
FR:
Suite à la publication de plusieurs rapports soulignant le manque de services en santé mentale de la jeunesse au Nunavik (Québec, Canada), les hauts taux de placement sous la protection de la jeunesse, de même que les lacunes dans la coordination des services, le Comité de partenariat régional du Nunavik a décidé de prioriser des approches collaboratives et communautaires pour la prévention et le bien-être des enfants, des jeunes et de leurs familles. C’est dans ce contexte que le projet régional Ilagiinut (« Pour les familles ») a été mis en place à Kuujjuaraapik. Alors que les pratiques en collaboration sont de plus en plus valorisées en santé mentale, de telles approches ne sont pas toujours faciles à mettre en place et requièrent nombre d’ingrédients, dont la confiance, de solides partenariats, des rôles clairement définis, ainsi que des dynamiques de pouvoir propices, le tout étant marqué par la culture et le contexte du Nunavik. Dans cette étude, nous avons mené un total de 54 entrevues avec des administrateurs, cliniciens et membres de familles inuit afin de déterminer leurs attentes et leurs expériences quotidiennes en ce qui a trait aux soins offerts en santé mentale de la jeunesse et à la collaboration entre les différents acteurs impliqués. Dans notre analyse, nous explorons comment le contexte influe sur les attentes, croyances et expériences, et comment celles-ci ont des impacts sur la nature des services offerts aux enfants et aux familles. Le but est de mettre en lumière tant les obstacles que les facilitateurs de la collaboration en santé mentale de la jeunesse au Nunavik afin d’informer les individus, communautés et organisations souhaitant des changements dans les politiques et les pratiques.
-
Dans le Black Box d’Igloolik : le cirque comme espace thérapeutique pour de jeunes Inuit ?
Andréanne Lemaire, Mélissa Sokoloff, Sarah Fraser and Mélanie Vachon
pp. 43–62
AbstractFR:
Les taux élevés de suicide chez les jeunes Inuit sont souvent considérés comme symptomatiques des changements culturels survenus en quelques générations seulement. Aujourd’hui, les jeunes Inuit ont à transiger entre des cultures qui peuvent être vécues comme deux mondes opposés, avec des valeurs, des attentes et des contraintes parfois inconciliables. La littérature en santé mentale soulève le problème de l’accès aux soins, mais aussi le manque d’adéquation des services avec les besoins spécifiques des Inuit et de leur culture. Plusieurs auteurs suggèrent des modèles de guérison alternatifs prometteurs qui se distinguent des modèles conventionnels de soins « occidentaux ». On dit souvent « penser à l’extérieur de la boîte ». Mais qu’en est-il de penser autrement, « dans la boîte », en s’intéressant aux ressources déjà présentes ? Le Black Box, local d’Artcirq à Igloolik où s’entraînent des Inuit à l’art du cirque, nous amène à réfléchir sur l’intervention en santé mentale en contexte inuit. Cet article vise à élaborer une réflexion sur l’espace de « l’entre deux » où se trouvent les jeunes Inuit d’aujourd’hui, dans une culture en transformation. Cette situation pourrait nécessiter un ajustement créatif pour répondre à la fois aux contraintes d’une société contemporaine et à celles liées à un ancrage dans une identité inuit. Pour ce faire, nous explorerons le concept de la tradition ainsi que l’apport de l’art pour la négociation des identités culturelles à l’aide de l’exemple d’Artcirq. Le potentiel thérapeutique de cet espace artistique au niveau communautaire sera discuté à partir de nos observations d’un terrain ethnographique.
EN:
The high suicide rates of Inuit youth are often recognized as symptomatic of cultural changes that have occurred over scarcely a few generations. Today, Inuit youth have to grapple with cultures that may be experienced as two opposing worlds whose values, expectations, and constraints are sometimes irreconcilable. The mental health literature has raised the problem of access to health care and also a lack of balance between health services and the specific needs of Inuit and their culture. Many authors have suggested promising alternative models for healing that differ from conventional models of “Western” health care. A recurring phrase is “think outside the box.” But what about thinking alternatively “inside the box” by looking at resources already available? The Black Box is Artcirq’s training and performing space in Igloolik, a place where Inuit learn circus arts, and it has led us to rethink mental health intervention in an Inuit context. This article is meant to be a reflection on the “in-between” space of today’s Inuit youth in a changing culture. This situation may require creative adjustments to deal with the constraints of contemporary society and also the constraints of being anchored in Inuit identity. To this end, we will explore the concept of tradition, as well as the contribution of art to negotiation of cultural identities, using the example of Artcirq. The therapeutic potential of this artistic space on the community level will be discussed using our observations from ethnographic fieldwork.
-
Going Off, Growing Strong: A program to enhance individual youth and community resilience in the face of change in Nain, Nunatsiavut
Rachel Hirsch, Chris Furgal, Christina Hackett, Tom Sheldon, Trevor Bell, Dorothy Angnatok, Katie Winters and Carla Pamak
pp. 63–84
AbstractEN:
Dispossession from social and ecological support systems is a major concern for many Indigenous communities. In response to community health challenges in these settings a number of initiatives such as youth mentorship programs have shown some value in enhancing adaptive capacity. The pilot Going Off, Growing Strong program provides opportunities for at-risk youth to engage in community- and land-based activities and build relationships with positive adult role models in Nain, Nunatsiavut (Labrador, Canada). This paper offers an interpretive description drawing from autobiographical accounts of the development of this innovative program. A collaboratively developed conceptual framework, based on the literature, is used to present and explain program operator’s experiences and rationale for program development. The emergent goals of Going Off, Growing Strong are to strengthen individual youth and collective community resilience through intergenerational exchange of land, social, and cultural skills and knowledge by drawing on social supports, such as a community freezer and experienced harvesters. We found that the process of collaborating over time with multiple stakeholders in creating this conceptual framework was an important one for solidifying the goals of Going Off, Growing Strong and creating context-specific, meaningful evaluation outcomes to enable future measurement of impacts on the community.
FR:
De nombreuses communautés autochtones redoutent de se voir dépossédées de leurs systèmes de soutiens sociaux et écologiques. En réponse aux défis que pose la santé communautaire dans de tels contextes, un certain nombre d’initiatives, telles que les programmes de mentorat pour les jeunes, ont démontré une certaine valeur sur le plan de l’accroissement des capacités adaptatives. Le programme pilote Going Off, Growing Strong (« Sortir, grandir ») procure aux jeunes à risque des opportunités de s’engager dans des activités communautaires – et enracinées dans le territoire – et de nouer des relations avec des adultes jouant le rôle de modèles à Nain, au Nunatsiavut (Labrador, Canada). Cet article représente une description interprétative de l’élaboration de ce programme novateur à partir de récits autobiographiques. Nous utilisons un cadre conceptuel développé en collaboration et se basant sur de précédents travaux pour présenter et expliquer les expériences des acteurs et la raison d’être du développement de ce programme. Les objectifs émergents de Going Off, Growing Strong sont de renforcer la résilience des jeunes de la communauté au niveau individuel et collectif par l’intermédiaire des échanges intergénérationnels de compétences et de savoirs relatifs au territoire, à la société et à la culture, en se fondant sur des appuis sociaux tels qu’un congélateur communautaire et des chasseurs-pêcheurs expérimentés. Nous avons découvert que le processus de collaboration au fil du temps avec de multiples parties prenantes pour créer ce cadre conceptuel s’est avéré important pour solidifier les objectifs de Going Off, Growing Strong et en faire ressortir une évaluation significative, propre à ce contexte, pour permettre à l’avenir d’en mesurer les impacts sur la communauté.
-
Culturally safe communication and the power of language in Arctic nursing
Helle Møller
pp. 85–104
AbstractEN:
Nursing education and healthcare in Nunavut and Greenland have been developed, and to a large degree governed, by Danish and Euro-Canadian norms, culture, and language. Teachers and healthcare professionals are mostly Danish-speaking Danes in Greenland and English-speaking Euro-Canadians from southern Canada in Nunavut. This is not trivial for Greenlandic and Canadian Inuit nursing students or nurses, or for Canadian and Greenlandic Inuit healthcare recipients, the majority of whom speak Greenlandic or Inuktitut as their mother tongue. Drawing primarily on data from interviews with Canadian and Greenlandic Inuit nurses and nursing students between 2007 and 2010, I discuss the ways in which language as habitus may work to support or impede culturally safe care, workplaces, and education. I argue that the double-cultured Greenlandic and Canadian Inuit nurses and nursing students are invaluable to Arctic healthcare systems as culturally safe healthcare providers and habitus brokers. Furthermore, healthcare professionals from outside Greenland and Nunavut can advantageously learn from their Greenlandic and Canadian Inuit counterparts.
FR:
Au Nunavut et au Groenland, la formation du personnel infirmier et les soins de santé ont été élaborés, et sont en grande partie régis, par les normes, la culture et la langue des Euro-Canadiens et des Danois. La majeure partie des enseignants et des professionnels en soins de santé du Groenland est constituée de Danois danophones, et au Nunavut, par de nombreux Euro-canadiens anglophones du sud du Canada. Cela n’est pas anodin pour les Inuit groenlandais et canadiens qui étudient pour devenir infirmiers ou infirmières, non plus que pour les patients canadiens ou groenlandais qui reçoivent des soins infirmiers et dont la langue maternelle, pour leur grande majorité, est l’inuktitut ou le groenlandais. À partir essentiellement de données recueillies lors d’entrevues avec des infirmiers/infirmières et des étudiants en sciences infirmières, tant groenlandais que canadiens, entre 2007 et 2010, je discute des façons dont la langue, en tant qu’habitus, peut soit soutenir soit entraver la sécurité culturelle dans les domaines des soins, des lieux de travail et de l’enseignement. J’avance que les étudiants infirmiers/infirmières groenlandais et canadiens, puisqu’ils ont une double culture, ont une valeur inestimable pour les systèmes de soins de santé dans l’Arctique, en tant que personnel soignant et en tant que négociateurs d’habitus culturellement sécuritaires. De plus, les professionnels de la santé de l’extérieur du Groenland et du Canada pourraient bénéficier des connaissances de leurs homologues groenlandais et canadiens.
-
Inuit involvement in developing a participatory action research project on youth, violence prevention, and health promotion
Marika Morris
pp. 105–125
AbstractEN:
This article describes the process of developing an academic and community participatory action research partnership on Inuit youth and violence prevention through social media. Pauktuutit Inuit Women of Canada chose the topic, defined the research goals, co-developed the first draft of the project and its methodology, established and chaired an Inuit advisory committee, spearheaded consultations with other Inuit organizations to refine the methodology, and co-facilitated a focus group. The “action” part of the project involved using the research results to develop with Inuit youth an outreach strategy to prevent violence and promote health via social media. The article discusses the research process, which was guided by Inuit Qaujimajatuqangit (traditional values) and which used a methodology redesigned by Inuit, including youth and elders. The result was a violence prevention focus group for Inuit aged 18 to 25, co-led by the Mamisarvik Healing Centre, and an online survey of social media use among Inuit aged 18 to 25. This participatory action research process is presented as a potential model for academic-community partnerships.
FR:
Cet article décrit le processus d’élaboration d’une recherche-action participative en partenariat entre université et communauté sur la prévention de la violence chez les jeunes Inuit par le biais des médias sociaux. Pauktuutit Inuit Women of Canada en avait choisi le sujet, défini les objectifs de recherche, rédigé en commun le premier jet de la recherche et de sa méthodologie ; constitué et présidé un comité-conseil inuit ; organisé les consultations avec d’autres organisations inuit pour en raffiner la méthodologie ; et facilité la constitution d’un groupe de discussion. La partie « action » du projet consistait à utiliser les résultats de la recherche pour développer, avec les jeunes Inuit, un média social stratégiquement orienté sur la prévention de la violence et la promotion de la santé. Cet article traite du processus de recherche tel qu’il a été guidé par l’Inuit Qaujimajatuqangit (les valeurs traditionnelles), tandis que la méthodologie était révisée par des Inuit, y compris des jeunes et des aînés. Il en a résulté un groupe de discussion de prévention de la violence pour les Inuit de 18 à 25 ans, codirigé par le Centre de guérison Mamisarvik, et un sondage en ligne au sujet de l’utilisation des médias sociaux chez les Inuit de 18 à 25 ans. Ce processus de recherche-action participative est présenté comme un modèle potentiel pour les partenariats entre universités et communautés.
-
“Our connection makes us stronger”: Inuit youth’s strategies to feel comfortable in Ottawa
Stéphanie Vaudry
pp. 127–146
AbstractEN:
This paper focuses on challenges young Inuit adults face in everyday life in the city and the coping strategies they have developed. For research participants, being “connected” with the world(s) surrounding them appears to be central to how they feel and orientate themselves in the city. Connectedness, for these young Inuit, translates into close and significant relationships with people, ancestors, future generations, objects, animals, and nature, which are elements of the Inuit universe of meanings and, more broadly, belong to Indigenous universes. Therefore, being comfortable is linked to the maintenance of harmonious relationships with these different agents. As we will see, urban milieus, like Ottawa, belong to a universe of meanings to which Inuit youth are not always accustomed. Nevertheless, through their agency, they develop strategies to establish relationships within the city, enabling themselves to become acquainted with the urban world and its inhabitants. As Ottawa hosts a large Inuit community, the urban challenges that they face can be mitigated as they participate in Inuit worlds.
FR:
Cet article aborde les défis quotidiens auxquels de jeunes adultes Inuit sont confrontés à Ottawa et les stratégies mises de l’avant pour les dépasser. Être « connecté » au monde qui les entoure a des incidences importantes sur les façons dont les participants à cette recherche se sentent et s’orientent en ville. Cette idée de « connexion » se traduit, pour eux, par des relations de proximité significatives avec des gens, leurs ancêtres, les générations futures, les objets, les animaux et la nature, des éléments qui composent l’univers de sens inuit et, plus largement, autochtone. Leur aisance en ville tient au maintien de relations harmonieuses avec ces différents agents. Comme nous le verrons, les milieux urbains, comme Ottawa, appartiennent à un univers de sens duquel les jeunes Inuit ne sont pas toujours familiers. Par leur force de caractère, les participants à ma recherche élaborent des stratégies afin de nouer des relations au sein de la ville et de s’accoutumer au monde urbain et à ses citadins. Puisqu’Ottawa accueille une grande communauté inuit, les défis auxquels ces jeunes sont confrontés peuvent s’amenuiser compte tenu des possibilités de participer aux mondes inuit à même la ville.
-
Soutenir la sécurité alimentaire dans le Grand Nord : projets communautaires d’agriculture sous serre au Nunavik et au Nunavut
Annie Lamalice, Ellen Avard, Véronique Coxam, Thora Herrmann, Caroline Desbiens, Yohann Wittrant and Sylvie Blangy
pp. 147–169
AbstractFR:
Face aux grands défis de la sécurité alimentaire dans les villages du Nunavik et du Nunavut, le développement d’une agriculture nordique est envisagé comme une solution innovante. Visant la santé et le bien-être des communautés inuit, l’implantation d’une serre communautaire permet d’accroître l’offre en produits frais locaux et d’améliorer la qualité de l’alimentation, dans une démarche durable tenant compte de la dimension culturelle de la sécurité alimentaire. Cet article décrit les projets de serres communautaires de Kuujjuaq (Nunavik) et d’Iqaluit (Nunavut), ainsi que l’actuelle étude de faisabilité d’un projet de serre communautaire à Kangiqsujuaq (Nunavik). Nous présentons d’abord notre méthodologie qui repose sur les principes de la recherche participative basée dans la communauté. Nous nous penchons ensuite sur les principaux axes du projet de recherche : la contribution d’un projet de serre à la sécurité et à la souveraineté alimentaires et les défis techniques et organisationnels à relever pour l’optimisation d’une serre en contexte nordique. La démarche employée dans ce projet interdisciplinaire permet de construire, avec la communauté, un système d’approvisionnement local et durable et de comprendre la contribution d’un projet horticole à l’amélioration de la qualité de vie et de la santé des habitants.
EN:
Development of northern agriculture is seen as an innovative solution to the great challenges of food security in the villages of Nunavik and Nunavut. Establishing a community greenhouse can improve the health and well-being of Inuit communities by sustainably increasing the supply of fresh local produce and by improving food quality while not ignoring the cultural dimension of food security. This article describes community greenhouse projects in Kuujjuaq (Nunavik) and Iqaluit (Nunavut), and a current study on the feasibility of a community greenhouse project in Kangiqsujuaq (Nunavik). We first present our methodology which follows the principles of community-based participatory research. We then turn to the main avenues of our research: the contribution of a greenhouse project to food security and sovereignty and the technical and organizational challenges of optimizing a greenhouse in a northern setting. Through this interdisciplinary project, it is possible to work with the community to build a local and sustainable food supply system and learn how a horticultural project can improve the quality of life and health of its inhabitants.
Essai / Essay
-
Reflections on the intercultural politics of food, diet, and nutrition research in Canadian Inuit communities
Christopher Fletcher
pp. 171–188
AbstractEN:
This essay explores the intercultural dynamics of food and health research in Inuit communities over time. Multiple sources of information are used to explore Inuit subjectivity in research through different ways of conceptualizing and acting on food-related practice and knowledge. How people experience being the subject of research, how that research mobilizes knowledge and resources, and how these in turn feed back into the larger social field is an important part of an intercultural dynamic in the Inuit Nunangat. Scientific interest in the Inuit diet is among the oldest of preoccupations in the health field, stretching back to the earliest encounters of Europeans with Inuit. Today, diet-related health issues are still a major area of scientific investigation and public health intervention. A deeper consideration of both Inuit and researcher cultures in food and diet-related health research will lead to more effective health promotion activities in Inuit communities.
FR:
Cet essai décrit des exemples de la dynamique interculturelle de la recherche sur l’alimentation et la santé dans les communautés inuit à travers le temps. Plusieurs sources d’information sont utilisées pour explorer la subjectivité inuit dans la recherche à travers différentes façons de conceptualiser les pratiques et les connaissances liées à l’alimentation et d’agir sur celles-ci. Ce que les gens ressentent lorsqu’ils sont l’objet de la recherche, la façon dont cette recherche mobilise savoir et ressources, et la façon dont tout cela affecte en retour le champ social au sens large, constitue une partie importante de la dynamique culturelle de l’Inuit Nunangat. L’intérêt scientifique pour l’alimentation des Inuit fait partie des préoccupations les plus anciennes dans le domaine de la santé et remonte aux premières rencontres entre Européens et Inuit. Aujourd’hui, les questions de santé liées à l’alimentation demeurent un domaine majeur d’investigation scientifique et d’intervention en santé publique. En matière de recherche en sciences de la santé, une meilleure prise en compte de la culture de la nourriture et de l’alimentation, tant celle des chercheurs que celle des Inuit, conduira à une plus grande valorisation des actions sanitaires dans les communautés inuit.
Hors thème / Off theme
-
Inuit principals and the changing context of bilingual education in Nunavut
Shelley Tulloch, Lena Metuq, Jukeepa Hainnu, Saa Pitsiulak, Elisapee Flaherty, Cathy Lee and Fiona Walton
pp. 189–209
AbstractEN:
Although positive policies and laws promote the Inuit language and Inuit qaujimajatuqangit (IQ) in all sectors of Nunavut society, including at all levels of Inuit schooling, many Nunavut schools are still struggling to overturn colonizing practices and mindsets that have hindered effective education of Inuit youth. In this article, we document perceptions of students, teachers, principals, parents, and community members related to school transformation under the leadership of an Inuk principal and and Inuk co-principal in two Nunavut high schools. These oral accounts show that having an Inuit principal enhanced students’ opportunities to learn and practise the Inuit language and IQ through enhanced, localized programming and increased exposure to Inuit ways of speaking and being. Parents were mobilized and equipped to support and advocate for their children, including joining local District Education Authorities, when they were able to communicate easily and effectively with the principal, and saw their knowledge, culture, and language valued and practised in the school system. We argue that the strong, community-anchored leadership modelled in these two schools transformed the context for effective intercultural, bilingual education. Results point to the importance of leadership by school principals in actualizing the goals set out in Nunavut’s Education Act (2008), governmental mandates, and language laws.
FR:
Malgré les politiques de valorisation de la langue inuit et de l’Inuit qaujimajatuqangit (IQ) dans tous les secteurs de la société du Nunavut depuis 1999, et bien que des lois imposant la langue inuit et l’IQ à tous les niveaux de scolarité aient été promulguées en 2008, de nombreuses écoles s’efforcent encore de surmonter des pratiques et des mentalités colonialistes qui ont entravé l’efficacité de l’enseignement destiné aux jeunes Inuit. Dans cet article, nous documentons les perceptions des élèves, des enseignants, des directrices d’écoles, des parents et des membres de la communauté en ce qui concerne la transformation de la scolarité initiée par deux Inuit, respectivement directrice et co-directrice de deux écoles secondaires au Nunavut. Leurs commentaires montrent que le fait d’avoir une directrice inuk a donné aux élèves de meilleures chances d’apprendre et de pratiquer la langue inuit et l’IQ par le biais d’un programme approfondi et localisé et une exposition accrue à la langue et à la façon d’être inuit. Les parents ont été mobilisés pour soutenir leurs enfants et défendre leurs intérêts, y compris en devenant membres d’une Administration scolaire de district, dès qu’ils ont pu discuter facilement et efficacement avec la directrice d’école, et ont vu leur savoir, leur culture et leur langue valorisés et pratiqués dans le système scolaire. Nous soutenons qu’une direction ancrée dans la communauté a permis d’établir les nouvelles fondations d’un véritable enseignement bilingue. Les résultats montrent l’importance du rôle des directeurs d’école dans la concrétisation des objectifs définis par la Loi sur l’Éducation, les mandats gouvernementaux et la législation sur la langue.
Essai hors thème / Off theme essay
-
The enduring afterlife of Before Tomorrow: Inuit survivance and the spectral cinema of Arnait Video Productions
Dianne Chisholm
pp. 211–227
AbstractEN:
This essay investigates how the filmmakers of Igloolik-based women’s collective Arnait Video Productions invent and combine various techniques and strategies of spectrality and survivance to create a powerful, cinematic form of Inuit cultural resistance and resilience. I borrow the concept of “survivance” from Anishnaabe literary theorist Gerald Vizenor who uses it to explain how Aboriginal literary and linguistic traditions continue to flourish in contemporary media despite and in response to colonialism’s systemic suppression of oral traditions. With this concept I analyze the way Arnait’s films re-enact and revive Inuit culture and oral tradition in the abiding voice and spirit of the dead whose creative art of living resists extinction. Arnait has to date produced three feature films: two fictional films Before Tomorrow (2009) and Uvanga (2013), and a documentary Sol (2014). I demonstrate that all three films exhibit this uncanny mix of spectrality and survivance with focus on Arnait’s debut film as a case study.
FR:
Cet essai examine la façon dont les réalisatrices d’Arnait Video Productions, un collectif de femmes basé à Igloolik, inventent et associent différentes techniques et stratégies de « spectralité » et de survivance pour créer une puissante forme cinématographique de résistance culturelle et de résilience inuit. J’emprunte le concept de « survivance » au théoricien littéraire anishinaabe, Gerald Vizenor, qui l’emploie pour expliquer comment les traditions linguistiques et la littérature autochtones continuent de s’épanouir dans les médias contemporains malgré la suppression systématique, sous le colonialisme, de leurs traditions orales, et en réaction à celle-ci. Au moyen de ce concept, j’analyse la façon dont les films d’Arnait rejouent et font revivre la culture et la tradition orale inuit par la voix imprescriptible et l’esprit inoubliable des morts, dont l’art de vivre créatif résiste à l’extinction. Jusqu’ici, Arnait a produit trois longs métrages : deux films de fiction, Before Tomorrow (2009) et Uvanga (2013), et un documentaire, Sol (2014). Je démontre que ces films exposent tous trois ce troublant mélange de spectralité et de survivance, le premier film d’Arnait servant ici d’étude de cas.
Recensions / Book reviews
-
HASTRUP, Kirsten B., 2015 Thule på Tidens Rand, photos by Carsten Egevang, Copenhagen, Lindhardt og Ringhof, 496 pages
-
WRIGHT, Shelley, 2014 Our Ice is Vanishing / Sikuvut Nunguliqtuq: A History of Inuit, Newcomers, and Climate Change, Montreal and Kingston, McGill-Queen’s University Press, 420 pages