RecensionsBook Reviews

KEITH, Darren (with Jerry Arqviq, Louie Kamookak, Jackie Ameralik and the Gjoa Haven Hunters’ and Trappers’ Organization), 2005 Inuit Qaujimaningit Nanurnut. Inuit Knowledge of Polar Bears. A project of the Gjoa Haven Hunters’ and Trappers’ Organization, Edmonton, CCI Press, Solstice series, 4, 242 pages.[Record]

  • Frédéric Laugrand

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Cet ouvrage publié sous la responsabilité du géographe Darren Keith, s’inscrit dans la mouvance actuelle des publications sur l’Inuit Qaujimajatuqangit (cf. l’ouvrage du même genre, Thunder on the Tundra, publié en 2001 par N. Thorpe, N. Hakongak, S. Eyegetok and the Kitikmeot Elders sur le caribou de la région de Bathurst). Il faut ici saluer l’auteur et les aînés inuit pour le contenu de ce volume qui présente de nombreux détails sur l’ours, son comportement et la manière dont il est chassé dans cette partie occidentale de la région du Kitikmeot, au Nunavut. Co-publié par la Gjoa Haven Hunters’ and Trappers’ Organization et le CCI Press, l’ouvrage est le fruit d’un travail collectif et divisé en huit sections auxquelles il faut ajouter une préface, une page de remerciements et une introduction, un résumé en inuktitut, une conclusion, une liste de références ainsi que cinq annexes. La préface et l’introduction indiquent les principaux paramètres de l’étude qui a été financée par plusieurs organismes du Nunavut: Nunavut Department of Sustainable Development, Nunavut Wildlife Management Board, Bathurst Road and Port Project et Nunavut Tungavik Inc. Le point de départ du projet se situe dans le moratoire imposé aux chasseurs d’ours polaires en 2002, pour l’ensemble de la région autour du détroit de McClintock. Craignant un arrêt définitif de la chasse à l’ours, les Uqsurtuurmiut auraient décidé de réagir à ce nouveau règlement en souhaitant mieux faire connaître leurs savoirs cynégétiques et en prenant toutes les dispositions nécessaires pour assurer sa transmission aux plus jeunes générations. D’entrée, l’auteur insiste sur la fragilisation des savoirs relatifs à l’ours polaire. Un certain déclin serait même clairement perceptible sur le plan linguistique, avec la disparition de toute une terminologie spécifique. Le contenu du volume résulte de trois séries d’entrevues menées avec 16 personnes de la communauté de Gjoa Haven (Uqsuqtuuq), entre les mois de janvier et de juin 2002. L’auteur indique que certaines données proviennent également de notes de terrain et d’observations personnelles recueillies lors d’un voyage effectué avec plusieurs Inuit dans la région voisine de King William Island en avril 2002. La première partie du livre retrace une brève histoire de la chasse à l’ours dans ces régions du Nunavut. Les territoires de chasse fréquentés par divers groupes inuit, en particulier les Kiillinirmiut, les Ahiarmiut. les Illuilirmiut et les Nattilingmiut sont présentés. Les témoignages montrent que ces territoires n’ont pas tellement changé au cours de l’histoire récente si ce n’est après les années 1950, avec la sédentarisation et l’installation de plusieurs radars dans le cadre de la DEW line. La seconde partie de l’ouvrage traite des différentes techniques de chasse à l’ours, en particulier de sa poursuite avec l’aide de chiens. Les témoignages sont assez détaillés et agrémentés de magnifiques dessins signés par Danny Aluk. La troisième partie aborde les traditions, les croyances et la position de l’ours dans la culture des Inuit de la région du Kitikmeot. Cette section est la plus intéressante du livre mais on regrette que l’auteur n’aille pas plus loin dans ses questions. L’institution du ningiqtuq est bien décrite. On regrette, toutefois, que l’auteur n’aborde pas du tout certains aspects, comme le traitement que les Inuit réservaient jadis aux oursons lorsqu’ils étaient capturés, par exemple. Les Nattilingmiut possèdent de riches traditions à ce sujet et les Inuit de Gjoa Haven pourraient certainement apporter des témoignages du même genre. La thématique des nanurluit mériterait également de plus amples développements sans parler du rôle de l’ours dans les traditions chamaniques et son omniprésence dans les récits oraux. Les quatrième, cinquième et sixième parties sont très inégales et ces sections …