Essais bibliographiquesBook review essays

Lectures sur les arts visuels inuit du NunavikFINCKENTEIN, Maria von (dir.), 1999 Celebrating Inuit Art, 1948-1970, catalogue d’exposition, Hull, Musée canadien des civilisations et Key Porter Books, 191 pages.HESSEL, Ingo, 1998 Inuit Art/An Introduction, Vancouver, Douglas and McIntyre, 198 pages.NOËL, Michel et Jean CHAUMELY, 1998 Histoires de l’art des Inuits du Québec, Montréal, Éditions Hurtubise HMH, 115 pages.SAUCIER, Céline, 1998 Le refus de l’oubli: femmes-sculptures du Nunavik, Québec, Les éditions de L’instant même, 191 pages.SEIDELMAN, Harold et James TURNER, 2001 The Inuit Imagination: Arctic Myth and Sculpture, Vancouver, Douglas and McIntyre, 224 pages.SWINTON, George, 1999 Sculpture of the Inuit (revised and updated edition), Toronto, McClelland and Stewart, 302 pages.[Record]

  • Louis Gagnon

…more information

  • Louis Gagnon
    Institut culturel Avataq,
    6700 avenue Du Parc, suite 400,
    Montréal, Québec,
    Canada, H2Y 4H9.
    louisgagnon@avataq.qc.ca

Au cours des cinq dernières années, les publications portant sur les arts visuels inuit se sont multipliées. Les raisons de cet engouement pour la diffusion de l’art inuit sont multiples; parmi celles-ci, on trouve l’intention de publier les résultats d’une recherche, académique ou non, le désir de mieux faire connaître et apprécier les arts et la culture des Inuit du Nord canadien ou, de manière plus spécifique, du Nunavik. La commémoration du cinquantième anniversaire de la naissance de l’art inuit coïncidant, bien qu’approximativement, avec la création du Nunavut, le passage à un nouveau millénaire et la nécessité de rééditer des ouvrages-clés furent autant d’occasions de célébrer l’art inuit sous des formes toutes aussi variées qu’inégales. Dans ce contexte d’effervescence, il est apparu fertile de comparer six de ces ouvrages thématiques qui abordent les arts visuels des Inuit avec l’objectif d’examiner le traitement que ces publications accordent au contexte culturel et surtout aux productions artistiques visuelles des Inuit du Nunavik. Ainsi, dans la cinquième réédition de Sculpture of the Inuit depuis 1972, George Swinton propose à nouveau une lecture de l’art inuit contemporain qui remet en question les prétentions, les préconceptions et les limites du jugement esthétique occidental face à l’art des Inuit. Dans un exercice de démystification, celui qui est l’un des plus illustres pionniers de l’analyse de l’art inuit contemporain rappelle que les débuts de cet art se situent entre 1948-1949 et qu’ils trouvent leur origine dans la trame historique d’une alternative économique à un persistant problème de survie accentué par les bouleversements provoqués par une intense période de sédentarisation. Swinton profite de l’occasion pour plaider, encore une fois, en faveur de cet art mal connu en soulignant ses qualités esthétiques, les intentions et les particularités qui en font un art à part entière: Il poursuit avec un «petit musée sans mur» — tel le musée imaginaire de Malraux revisité — où près d’une centaine de sculptures illustrent la variété des thématiques ainsi que les différentes directions et contradictions qui animent cet art. Swinton insère une carte géographique au centre de son volume, tout juste avant le catalogue des oeuvres où les artistes sont regroupées par communautés. Bien que schématique, cette carte du Nord localise 37 communautés dont 10 au Nunavik. Écrit il a plus de trente ans, le classique de Swinton a vieilli, comme l'indique son avant-propos invitant le lecteur à remplacer, en cours de lecture, le mot «Eskimo» par le mot «Inuit», en plus de l’avertir des modifications orthographiques qui ont pris place avec les années. Autre signe des temps, l’auteur ajoute un chapitre «Changes 1971-1999» qui sert de mise à jour abordant les nouveaux paramètres et les plus récentes questions touchant l’art inuit et son interprétation. Pour cette dernière réédition, un travail de correction des attributions des oeuvres fut accompli avec un certain succès, mais le choix de ne pas modifier la maquette de l’ancienne mise en page soulève maintenant l’incongruité de retrouver, ici et là, parmi les regroupements régionaux, quelques oeuvres provenant de localités différentes. Cela devient agaçant à la longue. Mais encore-là, ces corrections devenues visibles gagnent en intérêt lorsqu’on s’intéresse à l’histoire de l’art des Inuit. Par contre, à plusieurs égards, cet ouvrage demeure une banque d’images des plus utiles ainsi qu’une source d’informations historiques résumant avec justesse et en détail l’épopée du développement de l’art inuit contemporain de 1948 à nos jours, tout en rappelant les efforts de plusieurs et les conditions favorisantes qui précédèrent les initiatives de son développement par James A. Houston. Swinton livre aussi une démonstration éloquente en illustrant la grande diversité d’expression dont fait preuve l’art inuit contemporain. …

Appendices