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Van Deusen Kira 209The Flying Tiger: Women Shamans and Storytellers of the Amur, McGill-Queen’s University Press, Montréal and Kingston, xxii + 260 pages.[Record]

  • Virginie Vaté

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  • Virginie Vaté
    Centre des études mongoles et sibériennes
    Paris, France

Kira Van Deusen est conteuse et folkloriste, et c’est son intérêt pour la littérature orale qui l’a amenée à se rendre en Sibérie. Elle nous présente dans cet ouvrage — le second du genre (voir Van Deusen, 1999) — des contes et des mythes, mais aussi quelques récits et témoignages qu’elle a recueillis durant plusieurs séjours, de 1993 à 1997, dans la région de l’Amour chez les peuples Udege, Nanai, Ulch et Nivkh. Le livre est construit autour du voyage de l’auteur dans différents villages. Les données sont réunies en fonction du lieu et de la culture abordée et réparties en huit chapitres. Trois chapitres sont consacrés aux Nanai (chapitre 4 dans les villages de Dada et Troitskoe-Jari, chapitre 5 à Nergen et Naikhin, et chapitre 8 à Nizhnye Khalby et Kondon); trois autres se déroulent à Gvasyugi chez les Udege (1, 2 et 6); enfin, deux autres présentent respectivement les Nivkhs de Nikolaevsk-na-Amure (chapitre 3) et les Ulch de Bulava (chapitre 7). L’ouvrage se termine par deux annexes: l’une rappelant les grandes lignes de l’histoire des peuples de l’Amour, et la seconde offrant quelques lectures complémentaires sur le chamanisme sibérien. L’insertion des contes dans le récit de voyage permet à l’auteur de contextualiser au mieux le processus de collecte de la narration, de donner un bref aperçu sur la personnalité des conteurs et conteuses et sur la nature de la relation entretenue entre l’auteur et ses informateurs. Cette présentation des situations de collecte augmente l’intérêt des informations se trouvant dans l’ouvrage. En outre, la contextualisation permet un parallèle avec la situation contemporaine de ces peuples. Présenter ces cultures uniquement sous l’angle des contes aurait pu donner une dimension passéiste et froide. Au contraire, le récit de ces rencontres nous fait percevoir le quotidien de ces peuples conteurs et inscrit ces histoires dans le monde d’aujourd’hui. Kira Van Deusen effectue ses déplacements et ses enquêtes avec l’aide d’informateurs et amis, originaires du lieu visité ou le connaissant bien, qui l’introduisent dans la société et l’orientent vers les conteurs compétents et réputés. La plupart du temps, les contes sont recueillis tout d’abord en langue vernaculaire puis traduits en russe par le narrateur lui-même. Pour les locuteurs monolingues, apparemment peu nombreux, K. Van Deusen a reçu l’aide de ses assistants de terrain. Les traductions du russe ont été réalisées par l’auteur. À souligner la présence au début du livre d’un glossaire des termes vernaculaires et russes qui en précise avec rigueur l’origine. Les contes sont présentés comme des sources premières, sans analyse détaillée et sans tentative de typologie. Ce mode d’exposition a été choisi par l’auteur en accord avec ses informateurs. Sans pour autant établir une classification, l’auteur affirme que les Toungouses distinguent essentiellement deux types d’histoires: les nimanku et les telungu (p. xvi). Les telungu viennent du terme «raconter» et correspondent davantage à des récits, nommés «legend» par l’auteur. Les nimanku font référence à ce que l’auteur nomme «magic tale,» histoire dont la narration est effectuée en vue d’une efficacité rituelle. En effet, dès le titre de l’ouvrage Women Shamans and Storytellers, le lien entre chamanisme et narration est affirmé. Les contes sont considérés comme une source d’information sur le chamanisme et en tant que vecteurs d’une vision chamanique. En outre, si la question de l’efficacité rituelle et des conséquences recherchées par ces narrations est peu développée, on apprend cependant que les contes ont pour objectif d’attirer les esprits de la forêt qui envoient le gibier aux chasseurs (p. xiv). Ainsi, chez les Nanai et chez les Nivkhs, les femmes racontent des histoires quand les hommes chassent (pp. 59-60 et …

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